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jeudi 28 août 2025
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Naître sous scalpel : le marché honteux de la maternité algérienne

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Il est des signes avant-coureurs de la décadence morale d’une société qui, lorsqu’ils apparaissent, ne peuvent être ignorés sans que la conscience collective ne sombre.

L’un de ces signes, insidieux, glaçant, est aujourd’hui observable dans les cliniques privées algériennes : la marchandisation cynique de l’enfantement, là où devrait régner l’éthique, la bienveillance, la mesure.

Des cliniques (non toutes, mais suffisamment nombreuses pour que le phénomène inquiète) pratiquent un différentiel tarifaire entre l’accouchement d’un garçon et celui d’une fille. Comme si l’enfant, avant même de pousser son premier cri, portait déjà sur lui l’étiquette d’une valeur marchande différenciée. Comme si le sexe biologique, donné par la nature, était déjà la clef de voûte d’une hiérarchie tarifaire profondément inique.

Cette dérive ne relève pas d’une simple « anomalie du marché », elle est le symptôme d’un effondrement, celui d’une médecine désacralisée, désarrimée de toute transcendance morale, et convertie en entreprise rentable.

Car derrière ce geste apparemment anodin, faire payer plus cher une naissance masculine, s’agite un monde entier de représentations dégradées, le retour sournois de l’idéologie patriarcale, recyclée par la comptabilité clinique ; la résurgence d’un sexisme archaïque, désormais encadré par des reçus.

À cela s’ajoute un autre scandale, plus technique mais non moins violent : la multiplication injustifiée des césariennes. Là où la voie naturelle était possible, on privilégie trop souvent l’intervention chirurgicale.

Pourquoi ? Parce qu’elle coûte plus cher. Parce qu’elle s’inscrit dans une logique industrielle du soin, où le corps de la femme devient site d’exploitation, champ opératoire d’une économie sanitaire sans âme. Ce n’est plus la médecine qui soigne, c’est le marché qui tranche.

Que reste-t-il alors du serment d’Hippocrate ? Que reste-t-il de cette vocation fondée sur la compassion, l’humilité face à la vie, le refus de nuire ? Dans ces cliniques privées, il semble que le scalpel ait remplacé la main bienveillante, que la fiche de facturation ait remplacé le diagnostic sincère, que le « pronostic vital » ait cédé place au « rendement optimal ». Ce n’est plus seulement une question de santé publique. C’est une crise morale pour ne pas dire de civilisation.

Car une société qui tolère que la naissance soit tarifée selon le sexe, une société où l’on ouvre les corps pour gonfler des marges, est une société qui renonce à toute éthique, toute justice, toute dignité. Elle devient ce que les penseurs du déclin ont décrit : un corps social rongé par la corruption de ses finalités, où même le miracle de la vie devient variable comptable.

Par conséquent, nous exigeons, au nom de la morale, de la raison et de la justice :

1- Une inspection générale nationale des cliniques privées, mandatée par le ministère de la Santé, indépendante, sévère, transparente.

2- Le plafonnement des tarifs des accouchements, qu’ils soient naturels ou chirurgicaux, ainsi que des consultations et échographies, dans un souci d’équité.

3- La sanction des cliniques fautives, avec possibilité de retrait de licence en cas de pratiques discriminatoires ou abusives.

4- L’instauration d’un registre public d’évaluation médicale et éthique, accessible à tous les citoyens, pour permettre une information claire, un contrôle citoyen, une réhabilitation de la confiance.

5-L’introduction de l’éthique médicale et de la bioéthique appliquée dans la formation des médecins privés, afin de réenraciner la pratique médicale dans un horizon autre que celui du profit.

Le ventre d’une femme n’est pas un guichet. L’enfantement n’est pas un service, c’est un événement sacré. Et ce qui se joue dans l’instant de la naissance ne peut être prostitué à des calculs sordides sans que l’humanité tout entière n’en ressente le contrecoup.

Que ce cri atteigne les instances aveugles, les ministères sourds, et réveille les consciences dormantes. Car ce qui se vend aujourd’hui dans les cliniques privées, ce n’est pas seulement une naissance, c’est la dignité humaine elle-même.

Cherfaoui Mohamed Rachid

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6 Commentaires

  1. Dans la loi algérienne, la femme possède deux fois moins de droits qu’un homme, en matière d’héritage, de témoignage, etc. C’est tout naturel que des médecins véreux appliquent la loi algérienne. En plus c’est écrit dans le coran ! Alors pourquoi vous cherchez des poux à ces pauvres médecins. Dans le futur État kabyle, toutes ces pratiques iniques et moyenâgeuses seront bannies. Bientôt !

  2. Je connais au moins trois sage femmes en kabylie qui travaillent dans le secteur étatique ; déjà c’est gratuit et en plus aucune différence entre filles ou garçons.
    Évidemment dans notre future république Amazigh de Kabylie la medecine ne sera pas gratuite ( on aura un régime ou tous les citoyens cotiseront même les commerçants une sécurité sociale)
    L’éducation sera dispensée afin d’avoir les pratiques obscures.

  3. Afin de ne pas avoir les pratiques obscures. Je me corrige.
    Cela dit ce n’est pas la faute de teboun
    Les responsables de ce cliniques doivent être rayés de la liste.

  4. Je suis surpris d’apprendre ce type de tarification selon les sexes de l’enfant. Je constate, en Algérie depuis les années 1980, une grande avancée des femmes. Et ceci grâce à leur travail acharné et persévérant durant toute leur scolarité comparé aux garçons. Vous n’avez qu’à voir le le nombre de candidates au Bac largement supérieur à celui des garçons. Le taux de réussite au bac’ chaque année nettement supérieur à 60%. Toutes les administrations sont à majorité féminines : les mairies, le trésor public, les établissements scolaires du primaire à la terminale. Le corps enseignant universitaire. Et que dire de la justice et surtout de la médecine ? Majorité des femmes. J’avais constaté les années 80 que les garçons partis perdant en disant ça ne sert à rien d’étudier puisqu’un tel médecin vend des sandwichs un tel ingénieur cueille des tomates… Mais pendant ce temps les filles étudient, réussissent leurs examens. Conclusion aujourd’hui elles occupent en majorité les postes de la fonction publique.
    Bravo les filles
    Qu’attendent les femmes pour s’opposer à la tarification différenciée des naissances dans les cliniques ?

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