L’information est désormais officielle : Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre de l’Éducation nationale, a été nommée conseillère maître à la Cour des comptes. Une nomination validée le 16 juillet, mais qui provoque un malaise grandissant dans l’opinion et au sein même de certaines sphères politiques.
Pierre Moscovici, premier président de la Cour, s’est empressé de désamorcer la polémique : « Elle est arrivée par une procédure de recrutement professionnel parfaitement objective », a-t-il déclaré le lendemain sur franceinfo. Il assure s’être retiré de la délibération, récusant tout favoritisme : « Je ne suis pas son copain », martèle-t-il. Une défense qui n’a pas suffi à faire taire les doutes.
Car derrière cette nomination, une rumeur enfle : selon Le Canard enchaîné, François Bayrou aurait discrètement négocié cette promotion en contrepartie de l’abstention du groupe socialiste lors d’une motion de censure à l’automne. Une sorte de troc politique où la carrière de l’ancienne ministre servirait de monnaie d’échange pour sauver le budget gouvernemental.
Le nom de Najat Vallaud-Belkacem, par ailleurs présidente de France Terre d’Asile et conseillère régionale d’Auvergne-Rhône-Alpes, refait donc surface dans une institution de prestige, mais sans passer par le canal d’un concours classique. Le poste de conseiller maître en service extraordinaire est accessible par une voie dite « professionnelle », sur dossier et audition. Un mécanisme légal, mais opaque, et souvent perçu comme une voie royale pour initiés.
Sur les réseaux sociaux comme dans certaines tribunes à droite, la critique fuse : « copinage », « entre-soi », « pantouflage », autant d’accusations qui traduisent un malaise plus large autour des pratiques de nomination dans la haute administration française.
En silence pour le moment, Najat Vallaud-Belkacem n’a pas réagi. Son retour dans une instance de contrôle aussi sensible que la Cour des comptes pose pourtant une question politique : comment restaurer la confiance des citoyens quand les passerelles entre politique et institutions semblent si souvent guidées par des équilibres d’appareil plutôt que par le mérite seul ?
Djamal Guettala