Nasser Abassi est connu comme homme de radio, il a longtemps fait des entretiens avec des artistes installés en France pour Radio Soummam.
Il a été fonctionnaire dans l’éducation nationale en Algérie pendant une douzaine d’années. Il a très tôt fréquenté les mieux culturels. Puis il quitte le pays comme beaucoup pour la France sans toutefois perdre l’attachement pour le pays natal.
Il a continué à produire des émissions à la radio, à Berbère télévision, et pour radio Soummam, il a ainsi pu inviter un grand nombre d’artistes kabyles, il a toujours été attentif à la création artistique dans un soucis sans cesse renouvelé de la faire connaître et de l’apporter au public.
Nasser Abassi a toujours agi avec son cœur, dans l’amour de la culture qu’il sait fragile. Il a toujours œuvré de son mieux pour promouvoir et élever cette culture pour en tirer le meilleur. Toujours souriant et l’air jovial pour mettre à l’aise l’artiste invité.
Mais cette fois, il vient de publier avec bonheur un beau recueil, Iɣeblan n tmetti S usefru d wanzi, où la poésie côtoie le proverbe, pour raconter la vie, avec ses affres, ses tourments mais aussi ses joies, et l’amour.
La maturité de ce recueil montre que la poésie a toujours été là. Nasser Abassi cisèle le vers avec une dextérité rare magnifiant le verbe kabyle aux couleurs des saisons ouvrant l’horizon à l’espoir qui n’est jamais loin pour celui qui voit avec la rime, avec le poème, l’asefru, alors tout s’éclaire écartant les brumes et les brouillards.
Le poète s’élève tel un phare guidant, éclairant, empêchant le naufrage. Par ce recueil Nasser Abassi nous aide à mieux voir, comme dans un miroir, c’est aussi un retour vers le cœur, chaque poème apporte du bonheur.
Le Matin d’Algérie : Vous êtes un homme de radio, de télévision, un enseignant, mais surtout un poète, qui est Nasser Abassi ?
Nasser Abassi : Nasser est une simple personne qui essaie de faire de son mieux pour la promotion de la culture amazighe.
Le Matin d’Algérie : Vous avez œuvré pendant de longues années à promouvoir, à faire connaître notre culture, en invitant un grand nombre d’artistes dans vos émissions radios, d’où vient cet amour pour la culture ?
Nasser Abassi : Étant un amoureux de la chanson à texte et ayant côtoyé ce milieu et surtout les anciens artistes qui sont marginalisés, mon but était de promouvoir ces chanteurs et de donner à César ce qui appartient à César.
J’ai toujours aimé le travail radiophonique, et mon souhait était d’être animateur radio. Souhait exaucé en intégrant berbère télévision au début des années 2000, puis en collaborant avec Radio Soummam pendant des années.
À Radio Soummam, j’ai collaboré avec une de mes collègues, j’ai coproduit des émissions pour Tiziri, j’ai fait des interviews avec des artistes installés en France pour son émission Asmekti. Sinon à berbère télévision j’ai travaillé une douzaine d’années.
Actuellement, j’ai intégré une nouvelle radio à Paris, Voix-Med (Voix méditerranéenne), qui va voir le jour prochainement.
Le Matin d’Algérie : Vous venez de publier un recueil en kabyle, Iɣeblan n tmetti S usefru d wanzi, bouleversant, d’une grande profondeur, on peut dire que c’est réussi, on se retrouve dans cette langue kabyle limpide qui s’écoule sans difficulté contournant ou perçant les rochers, d’où la force qui s’en dégage. Cette façon que vous avez de passer du poème au proverbe est judicieuse car elle suggère un lien intemporel sans fin, comment avez-vous réussi cela ?
Nasser Abassi : Le projet était venu après l’insistance de mes amis qui m’ont beaucoup encouragé, sinon je ne me considère pas vraiment comme un poète, je fais seulement des essais poétiques. J’ai produit un CD de 8 poèmes en 2023 et un recueil de poésie et proverbes en 2024.
Le Matin d’Algérie : Quels sont les poètes qui vous influencent ?
Nasser Abassi : Mes poètes préférés sont Si Mohand U Mhand, Youcef U Kaci et Ben Mohamed.
Le Matin d’Algérie : Avez-vous des projets en cours ou à venir ?
Nasser Abassi : Mon projet à venir est de traduire en français ce recueil, Iɣeblan n tmetti S usefru d wanzi, c’est d’ailleurs en chantier.
Le Matin d’Algérie : Un dernier mot peut-être ?
Nasser Abassi : Je te remercie pour cette belle rencontre et l’intérêt que tu donnes à l’art et aux artistes. J’en profite pour souhaiter une bonne année 2025 et un joyeux Yennayer 2975.
Entretien réalisé par Brahim Saci
Livre publié :
Iɣeblan n tmetti S usefru d wanzi, éditions El Amel