Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, a souligné, vendredi à Cotonou (Bénin), que la restauration de l’ordre constitutionnel au Niger est un « objectif commun » de l’Algérie et de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) qui, tous deux, « sont actuellement dans le temps de la recherche d’une solution politique » à la crise nigérienne.
La déclaration est a priori une excellente nouvelle pour la Cédéao. « Nous sommes, au sein de la Cédéao comme en Algérie, sur une même ligne de travail celle de coordonner au maximum nos efforts pour aboutir à la réalisation d’un objectif commun qui est la restauration de l’ordre constitutionnel au Niger », a déclaré à la presse M. Attaf au Bénin.
« La Cédéao, tout comme l’Algérie, travaille à promouvoir la solution pacifique à la crise au Niger », a ajouté M. Attaf pour rassurer cette organisation régionale qui tente de peser de tout son poids pour remettre Mohamed Bazoum au pouvoir après le coup de force des militaires en juillet dernier. Il a réaffirmé « avec force que la crise au Niger est une crise conséquente à un changement anticonstitutionnel » et qui est « au centre des préoccupations de la Cédéao et aussi de celles de l’Algérie ». Cependant, Ahmed Attaf ne précise pas de quel ordre constitutionnel il parle : celui de permettre au président Bazoum de revenir au pouvoir ? Ou simplement que la junte promette des présidentielles sous les 3 ans, comme elle l’a soutenu ? Toute la question est là.
La junte nigérienne a bien déclaré aux différentes missions de bons offices venues la rencontrer qu’il n’y a pas de possibilité de revenir en arrière. En effet, s’ils ont pris le pouvoir ce n’est pas pour le rendre, la preuve ? Ce qui se passe au Mali et au Burkina voisins. Aucun des régimes militaires en place n’a donné quelque signe de retour à l’ordre constitutionnel. A partir de là, qu’attendre de ces putschistes ? Surtout que le temps joue inévitablement pour la junte.
Maintenant, il y a effectivement tous les risques qu’une intervention militaire de la Cédéao pourrait engendrer. D’abord en victimes, puisque le président Bazoum pourrait en premier subir les frais, comme l’ont laissé entendre les officiers au pouvoir à Niamey. Ensuite, les déplacements de civils, poussés par la guerre. L’Algérie ne veut pas voir des milliers de Nigériens masser à ses frontières sud avec tout ce que cela pourrait engendrer comme drames humains.
C’est pour cela que l’Algérie notamment que l’Algérie refuse le recours à la force et qu’elle estime qu’elle « a toujours été un élément de complication et non pas un élément de solution ».
Il a rappelé également dans ce contexte que le principe de refus des changements anticonstitutionnels « tient particulièrement à cœur à l’Algérie puisque c’est au sommet africain d’Alger de 1999 que cette norme a été posée », donc, a-t-il dit, l' »Algérie se considère d’une certaine manière comme le dépositaire politique et moral de cette norme ».
Maintenant que l’Algérie semble prête à défendre le retour à l’ordre constitutionnel, ira-t-elle jusqu’à lâcher Bazoum et soutenir la junte dans l’organisation d’une présidentielle ?
Yacine K.