21 décembre 2024
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Nouveau gouvernement Tebboune : trop tôt ou trop tard ?

Edito

Nouveau gouvernement Tebboune : trop tôt ou trop tard ?

Un exécutif rénové mais qui traîne le péché d’illégitimité.

Le jour où le moudjahid Bouregaa sortit de prison, des hommes et des femmes de l’Algérie profonde et plurielle, pas nécessairement nés du côté d’Oujda ni sponsorisés par des oligarques,  entraient dans le gouvernement. Je crois pouvoir dire que c’est la première fois que des ministres sont sélectionnés sur des critères étrangers au clanisme, au régionalisme ou à la si ancienne loi du tribalisme. Un cadeau du Hirak.

Dans le vocabulaire politique consacré, on appelle ce type de gouvernement, un gouvernement de technocrates, ce qui, en vérité, n’est en rien une garantie : on peut débuter en technocrate et finir en kleptocrate,  ainsi que nous l’a démontré le régime de Bouteflika.

Saïd recrutait ses ministres parmi les serviteurs les plus zélés, parmi ses obligés, ses compagnons de beuverie et surtout, parmi les hommes et les femmes qui avaient eu l’illustre idée de naître à Oujda, Tlemcen ou Maghnia ou, tout au moins, qui ont évité de voir le jour dans les Aurès et autres régions éliminatoires. C’est ainsi que nous avons eu des Dalton à la tête des ministères, des affidés pour piloter l’économie et des caporaux comme patrons de médias.

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Tebboune, lui, ne semble avoir nommé aucun chambellan ni ministre d’exception et on pourrait même lui faire crédit d’avoir choisi des hommes et des femmes connus pour pour ne rien posséder d’autre que les quelques centimètres cubes de leur crâne.

C’est tout le mérite du Hirak d’avoir rendu cela possible. C’est ce qui semble être le cas pour Chems Eddine Chitour, le nouveau ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, pour le ministre de l’Industrie, Ferhat Aït Ali, connu pour ses idées novatrices et sa vaste connaissance de la gouvernance souterraine, et qui a la dure tâche de faire oublier l’ancien ministre Bouchouareb, sans oublier la désignation d’Amar Belhimer au ministère de la Communication qui, en plus de concerner un journaliste d’endurance, rend, symboliquement  justice au Mouvement des journalistes algériens dont le nouveau ministre fait partie du noyau fondateur.

La morale est donc sauve, la compétence également, la volonté de réussir aussi, sans doute. Que manque-t-il alors ? Eh bien, la caution de ce peuple dont ils ont décidé de faire le bonheur sans son assentiment. Et la légitimité, pour un gouvernement c’est comme l’eau de l’océan pour les poissons.

Le gouvernement Tebboune entrera en action dans un pays qui ne lui a pas ouvert grandes les portes du palais. Il subsistera toujours la tâche d’avoir accédé au pouvoir au prix de l’incarcération de centaines de jeunes manifestants.

C’est là un handicap d’autant plus lourd que l’Algérie qu’ils vont représenter est au bord de la faillite après 20 ans de règne de Bouteflika et qu’elle ne dispose, curieusement, plus que…du Hirak comme arme pour échapper au pire. 

Auteur
Mohamed Benchicou

 




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