21 novembre 2024
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AccueilIdéeNovembre 1954 – novembre 2024 : l’art de tourner en rond

Novembre 1954 – novembre 2024 : l’art de tourner en rond

Il y a un grand gouffre entre le faste des célébrations officielles annoncées et le frappant désintérêt des citoyens pourtant très fiers de leur histoire et profondément attachés aux idéaux du 1er Novembre et son prolongement le Congrès de la Soummam.

Il faut dire que la défiance a déjà commencé bien avant l’indépendance, avec l’assassinat, un certain mois de décembre, 1957, de l’architecte du congrès de la Soummam, Abane Ramdane, et s’est poursuivie avec l’élimination des autres figures marquantes de la révolution comme Krim Belkacem et Mohamed Khider. Ce qui n’a fait qu’accentuer le désamour déjà vivace du temps de la montée au maquis en 1963 de Hocine Ait-Ahmed et de l’exil forcé de Mohamed Boudiaf.

Le sentiment ancré dans l’inconscient collectif que l’artisan de l’indépendance, le GPRA, a été dépossédé de son droit légitime à gouverner l’Algérie et de la mener à bon port en concrétisant les « objectifs sacrés » de la révolution, à savoir : liberté, démocratie, justice, droits de l’homme, équilibre régional, etc., n’a fait qu’exacerber les tensions.

Il est d’ailleurs frappant de constater que juste à la veille de la célébration de cette date historique les emprisonnements pour délit d’opinion ou d’identité se sont multipliés, les restrictions des libertés se sont densifiées et les rares espaces de liberté ont été fermés (les vente-dédicaces de livres en sont le dernier exemple) et les voix discordantes sont étouffées.

Il est paradoxal de constater que les gouvernants en sont toujours aux idées héritées du maquis considérant comme traître tout opposant à leur politique, alors que les temps ont changé, l’indépendance acquise et le colonialisme défait. Mais, c’est à croire qu’il est toujours présent dans les esprits !

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Ce qui fait d’ailleurs son jeu puisque toute division affaiblit l’ennemi d’hier et l’adversaire d’aujourd’hui.

Cela prouve au moins l’écart existant entre les attentes populaires (exprimées, entre autres, par le boycott massif des dernières présidentielles et la harga symbolisant la quête de liberté) et l’Algérie du pouvoir (appelée sarcastiquement par le peuple, celle du 20 h 00, en référence aux journaux télévisés de la TV d’Etat montrant toujours le pays comme un paradis).

L’Algérie a plus que jamais besoin de se moderniser et d’adopter de nouvelles idées en considérant tous les citoyens égaux devant la justice et ayant accès à tous leurs droits, dont celui d’avoir des idées différentes, de les manifester à travers tous les moyens pacifiques que permet la démocratie.

Enfin, il reste indubitablement clair que sans l’avènement d’un nouveau leader de la trempe d’Abane Ramdane, intelligent et courageux, l’Algérie tournera toujours le dos à l’avenir et restera embourbée dans les pièges du passé dont les mailles emprisonnent et neutralisent toute velléité de développement et de progrès.

Youcef Oubellil, écrivain

6 Commentaires

  1. Le pouvoir, en Algérie, a été accaparé par la force.
    Seule la force peut le restituer au peuple.
    Non pas celle des armes bien sûr car même les plus téméraires des forces armées ont échoué dans leurs entreprises (USA, Russie, France, Israël et j’en passe) mais celle de conviction, de fermeté, de constance autour d’un projet exclusivement algérien élaboré par les algériens pour les algériens.
    Utopique! me direz-vous! Tout à fait, je rétorque! Il en faut une bonne dose pour se débarrasser de nos pesanteurs archaïques et féodales.

    • «Utopique! me direz-vous! Tout à fait, je rétorque! Il en faut une bonne dose pour se débarrasser de nos pesanteurs archaïques et féodales. »

      D’accord pour casser tous les rétroviseurs inutiles et se concentrer sur la route présente et à venir.

  2. Bonjour à toutes et à tous,
    Je me demande comment on peut parler d’indépendance et de grandeur de l’Algérie. Je rentre d’Algérie où je n’avais pas mis les pieds depuis fort longtemps. Je suis atterré de voir ce si beau pays encore plus mal en point que jamais. Quand on regarde la TV algérienne on croirait que le pays avance se développe etc…mais en réalité il régresse sans cesse, il est bloqué, replié sur lui même. L’islamisation des esprits par des discours plus rétrogrades que jamais vous donne le tournis (retour à l’âge de pierre)…..c’est à pleuré de tristesse ou de rire ! La réalité pour une personne qui vient de l’étranger est consternante : insalubrité dans toutes les rues et quartiers (les gens vivent dans leur merde excusez l’expression), route défoncée (l’autoroute est-ouest est une catastrophe à chaque instant on peut y mourir…on se croirait sur une balançoire) …et surtout toujours les mêmes réflexes des forces de l’ordre (police, gendarmerie, douaniers) qui prennent les gens pour du bétail voire même de la merde ! C’est vraiment triste et douloureux ….quel femme ou homme providentiel pourrait sauver ce pays et les algériens eux mêmes….je me dis qu’il faut vraiment être désespéré pour accepter cette réalité pour ses enfants et soi-même ….! le duo tebounne-changriaha va finir le travail de destruction des boutef et compagnie !

  3. Cet extrait de l’article présente un contraste saisissant entre les célébrations officielles de l’indépendance de l’Algérie et le désenchantement de la population face aux valeurs initiales de la révolution, incarnées par le 1er Novembre et le Congrès de la Soummam. Dans son analyse, l’auteur revient sur des événements historiques clés et met en lumière la fracture entre les aspirations populaires et la réalité politique.

    1. Thèmes principaux et contexte historique

    L’auteur aborde un thème central : l’écart entre la mémoire collective d’une révolution pleine d’idéaux et la situation actuelle marquée par la désillusion. Ce désenchantement trouve ses racines dans des épisodes historiques marquants, notamment l’assassinat d’Abane Ramdane en 1957, une figure emblématique du Congrès de la Soummam, ainsi que la disparition d’autres leaders révolutionnaires comme Krim Belkacem et Mohamed Khider. Ces événements trahissent, selon l’auteur, une rupture entre les idéaux de liberté et de justice de la révolution et la gestion autoritaire du pouvoir.

    2. Analyse stylistique et procédés de l’auteur

    Un ton critique et engagé :
    L’auteur utilise un ton résolument critique et engagé. Les termes comme « désamour », « écart », et « désintérêt » renforcent cette distance entre le peuple et les dirigeants. Le ton est également empreint de nostalgie pour une période révolutionnaire perçue comme plus noble et guidée par de véritables idéaux.

    Figures de style et effets rhétoriques :
    L’auteur emploie des procédés rhétoriques pour souligner ce contraste. L’ironie est présente dans l’expression « Algérie du pouvoir (appelée sarcastiquement par le peuple, celle du 20 h 00) », dénonçant une représentation biaisée et idéalisée du pays par les médias officiels. Cette ironie sert de critique implicite de la propagande étatique et de l’écart entre la réalité vécue et l’image que souhaite projeter le pouvoir.
    Par ailleurs, l’auteur utilise l’accumulation (« l’assassinat […] d’Abane Ramdane, et s’est poursuivie avec l’élimination des autres figures marquantes ») pour renforcer l’idée d’une série d’injustices ayant entaché les idéaux de la révolution. Ce procédé souligne la profondeur de la déception collective.

    3. La tension entre passé et avenir

    Un appel à la modernisation et à la justice sociale :
    L’auteur appelle à une Algérie moderne, où les citoyens jouissent de leurs droits et sont égaux devant la justice. Ce plaidoyer pour le progrès et la démocratie se traduit par une critique de l’immobilisme : sans changement, l’Algérie « tournera toujours le dos à l’avenir et restera embourbée dans les pièges du passé ».

    Le besoin d’un nouveau leadership :
    Enfin, l’article se termine par une note d’espoir mêlée de pessimisme : un véritable changement ne sera possible que sous la direction d’un leader de la trempe d’Abane Ramdane. Ce dernier est cité en modèle, représentant à la fois l’intelligence et le courage nécessaire pour redonner à l’Algérie une chance d’évoluer et de se libérer de ses entraves historiques.

    Conclusion

    Cet article de Youcef Oubellil dresse un portrait critique et nuancé de l’Algérie contemporaine, en mettant en lumière le gouffre entre les valeurs révolutionnaires initiales et la réalité actuelle. Grâce à un ton engagé et des procédés stylistiques efficaces, l’auteur interpelle le lecteur sur la nécessité de réformes pour que l’Algérie puisse retrouver un chemin vers la justice, l’égalité et le progrès.

  4. Cet article présente un contraste saisissant entre les célébrations officielles de l’indépendance de l’Algérie et le désenchantement de la population face aux valeurs initiales de la révolution, incarnées par le 1er Novembre et le Congrès de la Soummam. Dans son analyse, l’auteur revient sur des événements historiques clés et met en lumière la fracture entre les aspirations populaires et la réalité politique.

    1. Thèmes principaux et contexte historique

    L’auteur aborde un thème central : l’écart entre la mémoire collective d’une révolution pleine d’idéaux et la situation actuelle marquée par la désillusion. Ce désenchantement trouve ses racines dans des épisodes historiques marquants, notamment l’assassinat d’Abane Ramdane en 1957, une figure emblématique du Congrès de la Soummam, ainsi que la disparition d’autres leaders révolutionnaires comme Krim Belkacem et Mohamed Khider. Ces événements trahissent, selon l’auteur, une rupture entre les idéaux de liberté et de justice de la révolution et la gestion autoritaire du pouvoir.

    2. Analyse stylistique et procédés de l’auteur

    Un ton critique et engagé :
    L’auteur utilise un ton résolument critique et engagé. Les termes comme « désamour », « écart », et « désintérêt » renforcent cette distance entre le peuple et les dirigeants. Le ton est également empreint de nostalgie pour une période révolutionnaire perçue comme plus noble et guidée par de véritables idéaux.

    Figures de style et effets rhétoriques :
    L’auteur emploie des procédés rhétoriques pour souligner ce contraste. L’ironie est présente dans l’expression « Algérie du pouvoir (appelée sarcastiquement par le peuple, celle du 20 h 00) », dénonçant une représentation biaisée et idéalisée du pays par les médias officiels. Cette ironie sert de critique implicite de la propagande étatique et de l’écart entre la réalité vécue et l’image que souhaite projeter le pouvoir.
    Par ailleurs, l’auteur utilise l’accumulation (« l’assassinat […] d’Abane Ramdane, et s’est poursuivie avec l’élimination des autres figures marquantes ») pour renforcer l’idée d’une série d’injustices ayant entaché les idéaux de la révolution. Ce procédé souligne la profondeur de la déception collective.

    3. La tension entre passé et avenir

    Un appel à la modernisation et à la justice sociale :
    L’auteur appelle à une Algérie moderne, où les citoyens jouissent de leurs droits et sont égaux devant la justice. Ce plaidoyer pour le progrès et la démocratie se traduit par une critique de l’immobilisme : sans changement, l’Algérie « tournera toujours le dos à l’avenir et restera embourbée dans les pièges du passé ».

    Le besoin d’un nouveau leadership :
    Enfin, l’article se termine par une note d’espoir mêlée de pessimisme : un véritable changement ne sera possible que sous la direction d’un leader de la trempe d’Abane Ramdane. Ce dernier est cité en modèle, représentant à la fois l’intelligence et le courage nécessaire pour redonner à l’Algérie une chance d’évoluer et de se libérer de ses entraves historiques.

    Conclusion

    Cet article de Youcef Oubellil dresse un portrait critique et nuancé de l’Algérie contemporaine, en mettant en lumière le gouffre entre les valeurs révolutionnaires initiales et la réalité actuelle. Grâce à un ton engagé et des procédés stylistiques efficaces, l’auteur interpelle le lecteur sur la nécessité de réformes pour que l’Algérie puisse retrouver un chemin vers la justice, l’égalité et le progrès.

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