Les mots s’avèrent d’un grand secours, pour continuer le chemin, c’est ce que, entre autres, nous dit Brahim Saci dans son dixième livre de poésie, Nuits de l’hiver, paru récemment aux éditions du Net.
« Continuons la route, protégés par la voûte, céleste qui émerveille, tout regard qui s’éveille ». Le regard du poète est souvent inspiré quand il tente de saisir le meilleur, à chaque instant, à chaque jour.
La patience est une vertu. « Je patiente, je ne suis plus dans l’attente, ceux qui courent faire sonner le glas, je les laisse au ciel, il s’en chargera ». La peur est également inutile. « J’avance je n’ai plus peur, chaque instant est un bonheur, la lumière remplit mon cœur, à la vue d’une fleur ».
Mais les souvenirs douloureux reviennent, la séparation laisse des traces impérissables. « S’approche le gouffre, l’âme souffre, la muse retient le pas, et me dit, souviens-toi d’Etretat ».
Le poète continue ses pérégrinations dans les estaminets de Paris ; il décrit les libertés qui sont, parfois, malmenées même en démocratie, il se pose des questions sur la finance internationale qui cherche toujours à dominer le monde. Brahim Saci veut retenir le temps, retenir la beauté de l’instant.
« Je veille je retiens l’aurore, je défie le sort, je ne suis pas pressé, un pied dans le passé, un autre dans le présent, je déchire l’instant, je défie les vents ». La solitude est un mal des temps modernes ; l’individualisme supprime le vrai rapprochement.
« Les cheminées fument, les espoirs se consument, chacun est recroquevillé dans sa solitude, dehors c’est la servitude ». Et le temps se fait lourd, le poète continue ses errances. « Soufflez ô vents ! Lourd est le temps, emportez-moi, éloignez-moi, de ces contrées où le crime est toléré, où se meurent les libertés, où le veau d’or veut régner ».
Ce dixième recueil de Brahim Saci est assez pessimiste, il est, peut-être le reflet d’une époque difficile à vivre. Mais au bout du chemin, il est à espérer des temps meilleurs, des sursauts salvateurs.
Youcef Zirem
« Les Nuits de l’hiver » de Brahim Saci, éditions du Net 2022, 117 pages