Samedi 15 février 2020
Oran, la belle, bat le pavé pour un « Etat civil »
Oran, le 14 février. Reportage photos de Zinedine Zebar.
Oran El Bahia, la gaie , l’agréable, la bleutée qui se jette à la mer inlassablement, suinte d’histoire de toutes parts. Une histoire que l’on a omis de conter aux marcheurs.
Oran comme l’Algérie est en colère contre les tenants du pouvoir actuel. Les siècles s’assoupissent à Oran sous le regard désinvolte de ses habitants. Les manifestants victimes de la répression qui s’est abattue sur tout l’ouest se remettent à marcher.
Ils tiennent à leur Hirak, à sa longévité. A leur dissidence comme jamais auparavant. C’est leur oxygène. Fruit d’un réveil salutaire. Ils crient la liberté et ressassent inlassablement le tube Adala (la justice). Comme partout sur chaque brin de ce pays meurtri, ils réclament un Etat civil et se rappellent de l’immense Zabana. Ils hurlent l’illégitimité de leur président et assurent qu’ils ne cesseront pas
Ce vendredi 14 février, beaucoup d’entre eux ont gagné Mascara et Aïn Témouchent pour appuyer les leurs, consolider leur Hirak. Exprimer cette solidarité interrégionale qui irrigue la dissidence depuis plusieurs mois. La semaine dernière, des manifestants sont venus d’Alger, de Kabylie pour appuyer ceux de Mascara, Sidi Bel Abbès. Comme il y a quelques semaines pour Tiaret.
Les forces de police sont là, aux aguets, mais se font très discrètes. Rien à voir avec cette furie de décembre dernier. Un pacte de non-agression semble avoir été signé tacitement pour le bien de tous.
Démarrant leur marche de la célèbre place d’Armes les milliers de manifestants rejoignent Ben M’hidi jusqu’au siège de la wilaya. Dans le calme, la joie en cette journée de Saint Valentin. Le peuple d’Oran a redit aux autorités ses attentes, ses revendications.
Vendredi prochain, le mouvement de dissidence populaire bouclera un an de manifestations sans arrêt. Unique sans doute dans l’histoire.