24 novembre 2024
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Pandémie : l’athée et la parabole de Noé 

REGARD

Pandémie : l’athée et la parabole de Noé 

Ce n’est jamais le moment nous disent souvent les Algériens, en toutes choses. Pourtant jamais une période aussi exceptionnelle n’aura été une chance de réflexion collective, en Algérie comme ailleurs dans le monde. La réflexion et la survenance d’un événement aussi prenant et urgent ne sont pas contradictoires car les lendemains de crises sont souvent propices à l’oubli.

L’image des rues vides à travers la planète a suscité l’évocation de références diverses. Pour les pays francophones, mes lectures me poussent à croire que la référence la plus publiée est La Peste d’Albert Camus.

C’est incontestablement vrai et je m’y associe. Mais il m’est venu aussi une autre référence à l’esprit, biblique cette fois. Ce n’est pas une contradiction pour l’athée que je suis, militant féroce de la laïcité.

N’oublions  jamais que cette histoire imaginaire de la Bible a tout d’abord été une explication du monde par les anciens, aussi bien pour bâtir une histoire des origines mais aussi pour canaliser les peurs face aux inexplicables terreurs de la nature.

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Ce sont donc des paraboles et non des réalités. Elles ont fini par entrer dans les références culturelles des peuples comme le furent antérieurement puis pour toujours les références mythologiques grecques avec la Théogonie d’Hésiode.

Ce sont les pervers et les débiles, ceux qui ont de tous temps voulu abrutir et dominer les autres, qui ont masqué le côté intéressant des pensées humaines par les mythes.

Ainsi l’autre référence me paraît être la péripétie de l’arche de Noé si on écarte la stupidité de croire en une histoire réelle. Il nous reste donc la parabole.

La conscience humaine, représentée par le Grand invisible dans le ciel pour les croyants, se manifeste périodiquement pour condamner les dérives des peuples, à tout moment de l’histoire. Car malgré la violence il arrive que des sursauts d’humanité apparaissent avec la recherche de la paix et de la convivialité en société. 

Ainsi il n’est pas idiot de représenter les grands fléaux non pas par une punition, nous retomberions dans la pensée des croyants, mais par le sentiment que les lendemains du déluge seront fatalement une nouvelle naissance. La pandémie comme le déluge nettoieraient l’humanité de ses excès et de ses travers dans la lecture de cette parabole biblique.

Et c’est pour cela que j’évoque l’épisode de l’arche. Une prise de conscience collective pour que l’humanité se dirige vers un autre chemin, une autre pensée.

L’enjeu écologique avait commencé à le faire quand a surgi soudainement cette catastrophe sanitaire mondiale qui peut accélérer les réflexions dans un sens qui n’est pas si lointain de l’objectif écologique.

Laissons le discours sirupeux de la morale pour décrire au moins trois cas concrets qui pourraient annoncer l’arc-en-ciel de Noé après le déluge.

C’est tout d’abord une certaine prise de conscience que la mondialisation doit se corriger de ses défauts les plus notoires. Que des pays puissants ne puissent même pas contrôler la fabrication de masques, de tests et de produits pharmaceutiques de base est une gigantesque leçon.

La  gigantesque pandémie vient également nous rappeler que la mondialisation est d’abord un ensemble de peuples vivant sur la même arche pour une même destination et pas seulement des échanges économiques.

L’autre leçon est que la science et la recherche doivent être séparées des lois du marché et redevenir ce que Pasteur nous avait enseigné, soit un bien de l’humanité.

Enfin, nous nous apercevons que la solidarité et l’engagement des êtres humains est indépendante de la morale des religions. Ils sont présents en eux-mêmes sans invoquer les forces du bien du Grand invisible.

Ce qui se passe tous les jours, aussi bien de la part des personnels soignants, les vrais saints de l’humanité, ainsi que des populations est tout simplement fantastique.

C’est en cela que l’athée évoque l’épisode de l’arche de Noé, un magnifique espoir de renaissance après le déluge.

Si les religions avaient accepté de rester dans les paraboles et la philosophie, la réflexion humaine aurait été encore plus riche. Mais voilà, les croyants extrêmes existent dans ce monde depuis le début de l’humanité.

Ils sont encore plus virulents que les bactéries et les virus qui sont les premiers habitants vivants de la planète.

Auteur
Boumediene Sid Lakhdar, enseignant

 




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