17 décembre 2024
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Paris-Alger : diplomatie de salon ou thérapie de couple ?

Paris-Alger, c’est un peu comme un couple qui se déchire sous les yeux du monde entier. Une danse où les pas hésitants du passé se mêlent à l’espoir timide d’un futur incertain.

Mais entre faux sourires et déclarations enflammées, la question reste ouverte : cette relation relève-t-elle d’une diplomatie de salon, pleine de discours polis et d’accolades feintes, ou d’une thérapie de couple, où il faut se confronter aux rancœurs et aux non-dits ?

L’héritage, ce vieux fantôme

On a beau se pincer pour y croire, Paris et Alger sont toujours là, à se chercher, se repousser, mais sans jamais s’éloigner définitivement. Et que dire de cet héritage colonial ? Pour Alger, c’est la morsure du passé qui reste infecté, un souvenir toujours vivant qui les empêche de se libérer. Pour Paris, l’Algérie, c’est la vieille compagnie un peu trop collante, qui rappelle trop souvent à quel point il est difficile de tourner la page.

La France a du mal à admettre que son ex-pouvoir impérial n’est plus la norme, et l’Algérie, bien qu’indépendante, se envoie encore trop souvent regardée à travers ce prisme du colonialisme. Et pourtant, dans ce bal de faux-semblants, la diplomatie entre les deux se joue sur les feux de la nostalgie.

Ah, la France, qui se souvient encore de l’Algérie comme d’un joyau, mais en oublie que l’Algérie d’aujourd’hui a changé. Et l’Algérie, qui se souvient des humiliations, mais oublie parfois que la réconciliation passe par des gestes concrets.

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La diplomatie de salon : un art subtil de la mise en scène

Lorsque Paris et Alger se rencontrent, c’est comme un dîner de gala. Les costumes sont soignés, les sourires sincères et les mots choisis avec une précision chirurgicale. On parle de coopération, de réconciliation, de partenariats stratégiques. On signe des contrats, on se félicite de l’amitié retrouvée, mais au fond, on se doute que ces accords sont aussi solides qu’un château de cartes.

Les réunions diplomatiques se multiplient, les échanges protocolaires aussi. Paris se félicite de sa position en Afrique du Nord, Alger se vante de sa souveraineté retrouvée. Mais derrière ce décor bien ficelé, les différends persistants. L’histoire coloniale reste un monstre sous le tapis, que l’on prétend avoir balayé, mais que l’on refuse de regarder en face. Et à chaque fois que l’un des deux frôle le sujet, l’autre se raidit comme un rocher.

La thérapie de couple : la brutalité de l’introspection

Mais que serait une relation sans crise ? Peut-être une illusion. Peut-être un mariage de convenance. Et si ce qui manque réellement à cette relation, c’était une dose de confrontation honnête ? Pas des échanges de sourires diplomatiques, mais une vraie thérapie de couple où l’on se dit tout, sans fards. « Oui, tu m’as blessé, et je ne vais pas faire comme si ce n’était rien. Mais cela n’empêche pas que nous devons avancer ensemble. »

L’Algérie veut que la France fasse des excuses. C’est une demande qui fait débat, entre concessions politiques et impératifs diplomatiques vieilles. Paris, elle, veut que l’Algérie reconnaisse ses erreurs dans la gestion de la transition postcoloniale. Mais à chaque tentative de guérir les blessures, l’un et l’autre s’entretiennent une obsession du passé qui devient une prison.

Que ce soit pour l’économie, la politique ou la sécurité, il est évident que ces deux-là ont besoin l’un de l’autre. L’Algérie, par exemple, ne peut ignorer les relations stratégiques avec l’Europe, et la France, malgré toutes ses ambitions mondiales, sait que l’Algérie est un levier indispensable pour la stabilité en Afrique. Pourtant, au lieu de se concentrer sur des projets communs, les deux se retrouvent à s’échanger des reproches comme des balles perdues. Un jour c’est la question des visas, un autre c’est celle de la gestion de la mémoire. À chaque fois, une nouvelle querelle, comme une scène d’un feuilleton géopolitique.

Un avenir commun : la possibilité d’une réconciliation ?

Alors, où vont-ils ? L’histoire nous dit que ces deux nations ont toujours su se trouver, à un moment donné, quand l’intérêt commun l’emportait. Mais pour cela, il faut un sursaut, une volonté politique sincère, et une vraie prise de risque. Ni Paris, ni Alger ne peuvent continuer à regarder le passé comme un alibi éternel. Ils devront se regarder en face et se dire : « Le passé est là, mais il est temps de construire l’avenir. »

Cela demande de l’audace. De la part des dirigeants, mais aussi de la part des peuples qui, souvent, sont fatigués de ces disputes interminables. Peut-être que cette nouvelle génération, détachée des chaînes du passé, saura reconstruire cette relation. Après tout, les affaires ne se font pas dans les salons dorés, mais sur le terrain. Peut-être qu’à force de parler de réconciliation, Paris et Alger oublieront qu’ils ont tout pour réussir ensemble.

Conclusion : un tango qui pourrait se transformer en valse

Dans un monde de plus en plus multipolaire, où des puissances comme la Chine et la Russie avancent leurs pions avec une efficacité déconcertante, Paris et Alger pourraient faire bien plus qu’échanger des mots. L’histoire de leur relation n’est pas finie, elle est encore à écrire.

Mais pour cela, il faudra qu’ils acceptent d’abandonner les postures et les faux-semblants. Pas besoin de « diplomatie de salon », ni de « thérapie de couple » déguisée. Ce qu’il faut, c’est du pragmatisme, de l’audace, et surtout une envie commune d’aller de l’avant.

Si l’on peut croire aux miracles en politique, alors celui-ci devra naître de la volonté de ces deux pays à transcender leurs rancunes pour se concentrer sur l’avenir. Parce qu’en réalité, le monde ne les attend pas, et l’histoire, bien qu’enseignante, ne saura pas les sauver si l’avenir leur échappe.

Alors, Paris-Alger, toujours dans cette danse incertaine, sont-ils prêts à passer du « je t’aime, moi non plus » à une valse construite, ou se contenteront-ils de tourner en rond, piégés dans les mêmes querelles éternelles ?

Dr A. Boumezrag

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