La très controversée télévangéliste a été nommée en février à la tête du « bureau de la foi » de la Maison Blanche. Une décision qui menace un peu plus le sacro-saint principe de séparation entre l’Église et l’État en vigueur aux États-Unis.
Elle est « l’amie de toujours » de Donald Trump. Sur les photos des séances de prière que la présidence américaine sait si bien mettre en scène, elle est la quinquagénaire clinquante au carré blond dont la main est souvent posée sur l’épaule du locataire de la Maison Blanche. Elle est aussi celle qui, à la veille de l’élection présidentielle de 2020, avait prié pour la victoire du candidat républicain dans un prêche enflammé aux accents hip-hop rapidement tourné en dérision sur internet, et promis l’enfer à ceux qui ne voteraient pas pour lui.
Paula White-Cain, 58 ans, est l’une des télévangélistes les plus influentes du pays. Après vingt ans à remplir sa « méga-église » floridienne dans la plus pure tradition charismatique, elle compte aujourd’hui environ cinq millions d’abonnés sur les réseaux sociaux et une fortune en dollars à peu près équivalente. Elle est également l’une des plus controversées. Ses détracteurs lui reprochent notamment des pratiques religieuses relevant de l’hérésie, voire du charlatanisme.
Car Paula White-Cain prône l’Évangile de la prospérité, une idée selon laquelle la richesse relèverait de la générosité divine, elle-même favorisée par les dons versés au ministère pastoral. « Alors que les chrétiens traditionnels ont l’habitude de donner de l’argent pour aider les défavorisés et entretenir leur église, ceux qui suivent l’Évangile de la prospérité donnent pour la maison du pasteur et, dans les cas extrêmes, pour son jet privé », écrit le chroniqueur du New York Times David French. Sa dernière offre a fait jaser. Dans une vidéo diffusée à l’approche de Pâques, elle proposait « sept bénédictions surnaturelles », et une croix en cristal de Waterford, en échange d’une offrande de 1 000 dollars ou plus.
La pasteure est surtout l’incarnation de la frange la plus radicale de cette droite chrétienne déterminée à exercer son contrôle sur l’ensemble de la société, de la politique à la culture, en passant par les affaires et l’éducation. « Ceux qui s’opposent à cette vision sont caractérisés comme étant sous l’influence de forces démoniaques, ce qui en fait non seulement des adversaires politiques, mais aussi des ennemis de Dieu », observe André Gagné, professeur à l’université Concordia de Montréal et spécialiste des mouvements charismatiques aux États–Unis. C’est le cas du mouvement Black Lives Matter que Paula White-Cain qualifie d’« antéchrist ».
Une longue relation
Donald Trump l’aurait découverte en 2001 en tombant sur l’un de ses shows télévisés où elle pratique l’exorcisme et le moonwalk. À l’époque, le magnat de l’immobilier n’est pas franchement versé dans la religion. Il a certes été baptisé et confirmé dans l’Église presbytérienne de son quartier du Queens, mais sa pratique ne va guère plus loin. S’est-il reconnu dans cette prédicatrice exubérante et dans son culte de la réussite matérielle ? Peut-être. Toujours est-il que les deux ne se quittent plus. Quinze ans après leur rencontre, il fait d’elle sa conseillère spirituelle dès son arrivée dans le Bureau ovale.
Il le lui devait bien. Les évangéliques blancs venaient de voter pour lui à plus de 80%. Un soutien qui n’a pas faibli depuis. « Paula White a été la porte d’entrée de Donald Trump vers les évangéliques à une époque où il n’était pas du tout considéré comme leur candidat naturel, observe Marie Gayte-Lebrun, maître de conférences en civilisation américaine à l’université de Toulon. C’est ce qui lui a aussi donné accès à cet électorat noir et latino qui a contribué à sa victoire en novembre dernier. »
Entre ces deux victoires, le républicain s’est métamorphosé. Plus idéologue, il semble désormais avoir fait sien le discours messianique des pasteurs évangéliques qui l’entourent, celui d’un président choisi par Dieu pour sauver l’Amérique. Une conviction renforcée par la tentative d’assassinat à laquelle il a échappé en juillet dernier. « Dieu m’a sauvé pour que je rende sa grandeur à l’Amérique », a-t-il répété lors de son discours d’investiture.
Le « Projet 2025 » comme boussole
Le plan de bataille de la « croisade » contre « les athées, les mondialistes et les marxistes » qu’il proclamait en juin 2023 est tracé depuis plusieurs mois : c’est le « Projet 2025 » de la Fondation Heritage. Les généraux ont été nommés : les très catholiques JD Vance et Sean Duffy respectivement à la vice-présidence et aux Transports, l’évangélique Pete Hegseth à la Défense… Il ne manquait plus qu’un porte-drapeau ; ce sera sa propre conseillère spirituelle.
Voici donc Paula White-Cain propulsée à la tête du « bureau de la foi » de la Maison Blanche, qu’elle avait déjà dirigé lors de son premier mandat. Le programme, alors baptisé « Foi et opportunité », devait faciliter l’accès des œuvres religieuses aux financements fédéraux. Il est désormais chargé d’une nouvelle mission : « aider les organisations confessionnelles dans leurs efforts pour renforcer les familles américaines, promouvoir l’emploi et l’autonomie, et protéger la liberté religieuse ».
Et comme si cela ne suffisait pas, le président républicain l’a associé à un groupe de travail dont le rôle sera de lutter contre les « préjugés antichrétiens ». Placée sous la houlette de la ministre la Justice Pam Bondi, cette « task force » devra « mettre fin à toutes les formes de discriminations contre les chrétiens au sein de l’administration fédérale », « poursuivre les faits de violence et de vandalisme antichrétiens, et défendre les droits des chrétiens et des croyants ».
Car à entendre certaines figures trumpistes, aucune autre communauté religieuse aux États-Unis ne serait autant persécutée que les chrétiens, pourtant largement majoritaires. « Ce que Donald Trump qualifie de persécutions, ce sont par exemple ces personnes condamnées pour avoir protesté devant des cliniques anti-avortement, ou ces médecins prétendument contraints par une administration démocrate à pratiquer l’IVG ou des opérations de changement de genre », traduit Marie Gayte-Lebrun. « En plaçant ce groupe de travail sous l’autorité du ministère de la Justice, Donald Trump veut montrer que celui-ci ne sera plus le bras armé des persécutions anti-chrétiennes, mais au contraire celui de leur défense acharnée. »
Aux États-Unis, la séparation entre l’Église et l’État est pourtant garantie par le premier amendement de la Constitution. Elle a même été renforcée par une lettre de Thomas Jefferson en 1802 qui évoque un « mur de séparation » entre ces deux entités. Dès lors, toute intervention gouvernementale dans les affaires religieuses et toute influence religieuse sur les institutions publiques étaient interdites. La nomination par Donald Trump de juges conservateurs à la Cour suprême avait déjà rendu « le mur » de Jefferson de plus en plus friable. Les coups de boutoir portés par sa nouvelle administration menacent désormais de le faire tomber.
Rfi
L’Eglise avec un grand E aux USA est une entreprise purement commerciale. Et Donald Trump n’a pas une once de foi dans sa carcasse. Enfin, si, il a des tonnes de mauvaise foi.
Cette femme sur la photo, comme la plupart des soi-disant fondamentalistes chrétiennes, aurait été lapidée à mort par les chrétiens des origines du christianisme. Ils étaient pires que les islamistes, si c’est possible de l’être. Ils auraient été horrifiés par sa manière de s’habiller, son maquillage, ses cheveux et ses jambes non couverts. Et en plus, non seulement elle parle devant des hommes qui ne sont pas de sa famille, mais par dessus le marché elle les guide ! Une femme qui commande des hommes !! Quelle horreur !… Et si son mari ou un homme de sa famille essaye de la défendre, qu’il soit mis à mort lui aussi !!
1 Corinthiens 14:34-35 :
« Que les femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis de prendre la parole; elles doivent être soumises, comme la loi le dit aussi.
Si elles veulent apprendre quelque chose, qu’elles interrogent leurs maris à la maison; car il est malséant pour une femme de parler dans l’église. »
1 Timothée 2:11-15 :
« La femme doit apprendre dans le silence, en toute soumission.
Je ne permets pas à la femme d’enseigner, ni de prendre de l’autorité sur l’homme, mais elle doit demeurer dans le silence. »