Depuis le début du conflit ukrainien et la crainte des pays de l’Union européenne (UE) de leur approvisionnement en gaz russe que les regards se sont vite « braqués » vers l’Algérie et à travers elle le Nigeria pour se passer, disent-ils, du chantage de Vladimir Poutine.
Cassette qui tourne dans cette partie du monde depuis 1999 où Vladimir Poutine est devenu la figure centrale de l’exécutif de la nation russe. Dès sa prise de pouvoir, il n’a jamais caché sa nostalgie de l’ancienne Union Soviétique. Il œuvre dans ce sens en créant sa propre citadelle pendant que les pays européens qui dépendent de son gaz et de pétrole ne font rien pour changer cette cassette à part la Pologne qui a réduit ses approvisionnements russes pour les compléter par le gaz de schiste contre vents et marées. Les deux premières performantes économies Européennes qui sont l’Allemagne et l’Italie en sont aujourd’hui l’exemple édifiant par le taux important de l’Italie de ses importations de la Russie et la dépendance totale de l’Allemagne qui ne dispose même pas de stations de regazéification pour importer le Gaz naturel liquéfié (GNL) pour faire tourner son circuit économique.
Depuis le 24 février 2022, l’invasion de la Fédération de Russie de l’Ukraine, les responsables de ces pays se sont tournés vers les pays producteurs de gaz de proximité en Afrique d’abord l’Algérie puis à travers elle le Nigeria pour relancer le fameux Gazoduc transsaharien TSGP.
Pourtant, que ce soit pour les concernés ou leur allié les Etats-Unis, la réponse de ces pays est politiquement, diplomatiquement et économiquement très claire : neutralité dans le conflit ukrano-russe, militent pour le dialogue pour une sortie de crise.
Comme alternative à leur approvisionnement en gaz russe, il n’y a pas de disponibilité dans l’immédiat mais les deux pays ont ouvert leur domaine minier qui regorge de gaz. Il suffit que les pays européens incitent leurs compagnies d’investir dans l’exploration /production pour partager le risque et profiter des facilités fiscales qui leur seront octroyées par de nouvelles dispositions réglementaires.
Pour le moment, bien que la crise en cours n’ait pas encore trouvé une issue favorable, les groupes investisseurs spécialisés dans la recherche pétrolière et gazière continuent de suivre la voie de la facilité pour penser aux poches de leurs actionnaires que celle de leur continent en difficulté.
Pourtant les appels de l’Algérie et du Nigeria ne manquent pas
Le Nigeria par la voie de son ministre du pétrole Timipire Sylva a clarifié la situation ambigüe mal interprétée des réserves de son pays. Le pays dispose actuellement de 206 trillons de pieds cubes (à peu près 6180 milliards de m3) mais dispose d’un domaine minier qui peut les faire passer à près du triple soit 600 trillions de pieds cubes (18 000 milliards de m3) pour peu que les investisseurs se mettent au travail pour les mettre en valeur.
Il a donné entre autres une précision de taille que les compagnies qui opèrent au Nigeria sont tombées par hasard dans le gaz alors qu’elles recherchaient le pétrole. Ceci confirme que le Nigeria dispose uniquement de gaz associé au pétrole dont les concessions appartiennent aux sociétés exploitantes dans ce pays.
A l’appel de l’Union européenne, le Nigeria négocie actuellement deux sorties de gazoduc vers l’Europe. Celui qui traverse l’Algérie pour une capacité de 30 milliards de m3 et celui qui rallonge le gazoduc qui va du Sud du Nigeria au Bénin, au Ghana et le Togo en service depuis 2010 pour continuer le piping jusqu’au Maroc. Il semble que ces deux projets ont obtenu l’accord des pays concernés et sont à un stade avancé de la faisabilité.
Pour l’Algérie, elle vient de déclarer par la voie de son responsable Production Développement Engineering mettre au marché 10 milliards de m3 supplémentaires d’ici la fin de l’année en cours. Ce pays est allé très loin en reprenant les niveaux producteurs qui étaient jusqu’à présent difficiles à exploiter comme le Lias carbonaté de Hassi R’mel et pour la première fois annoncé dans son communiqué un deadline de son exploitation d’ici novembre 2022 pour une production de 10 millions de m3 par jour.
Il est très difficile d’imaginer que Sonatrach en effort seul va continuer de sacrifier des capitaux pour approvisionner ses clients européens aux prix contractuels s’ils ne participent pas aux investissements à travers leurs compagnies. Rappelons que Sonatrach en effort propres a investi plus de 20 milliards de dollars de 1986 à 2021 pour un résultat peu appréciable alors que ces partenaires s’entassent près des gisements matures et des installations existantes avec moins de 10 milliards de dollars durant la même période pour un résultat meilleur.
Il faut absolument que l’Union européenne recadre sa stratégie énergétique avec ses fournisseurs dans un cadre gagnant /gagnant
Rabah Reghis