22 novembre 2024
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Pendant que l’Algérie est en guerre contre elle-même

TRIBUNE

Pendant que l’Algérie est en guerre contre elle-même

Le dernier éditorial de la revue mensuelle de l’armée, « El-Djeïch », a appelé les Algériens à se préparer à défendre leur pays en faisant allusion à la brusque dégradation de la situation à notre frontière avec le Maroc qui s’ajoutait à la fragilisation déjà actée de nos frontières avec le Mali, le Niger et la Libye.

Quarante-huit heures plus tard, on apprenait que le Maroc rejoignait la caravane des Etats arabes pressés d’établir avec Israël une coopération sécuritaire et militaire qui les aiderait à en découdre avec leurs voisins consanguins et/ou leurs coreligionnaires. 

En échange de quoi il a obtenu la reconnaissance par Trump de la marocanité du Sahara occidental, acte de déraison éminemment personnel et sans précédent dans l’histoire des relations internationales.

Et comme pour conjurer le risque d’un mécontentement populaire, le roi a tenu à rappeler que son pays resterait attaché au principe de deux Etats en Palestine. Oui à un Etat palestinien sur quelques arpents de sa terre disloquée en 1948, non à la République arabe, sahraouie, démocratique (RASD) sur son territoire spolié en 1975.

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Pendant que l’Algérie est en guerre contre elle-même, le peuple sur une rive et le pouvoir sur une autre, des militants de la démocratie partageant les cellules de prison avec des figures de l’ancien régime, un président sitôt mal élu, sitôt hospitalisé à l’étranger, notre voisinage s’effondre un Etat après l’autre et nous, au milieu des ruines, continuant à raisonner comme Djouha dans l’anecdote de l’incendie qui dévorait son village. 

Les deux dossiers de la décolonisation qui n’ont pas connu leur dénouement au XXe siècle parce que les grandes puissances  ne le voulaient pas, ont été définitivement clos sous nos yeux ahuris par la réalpolitique d’Etats obéissant à la logique des intérêts, tandis que nous nous entêtons à n’être sensibles en matière politique et diplomatique qu’à un aspect qui n’a rien à voir avec elle, la «sacralité », notion uniquement valable en théologie. 

A l’apparition du corona virus, le premier réflexe de nos dirigeants a été de demander au peuple de faire preuve de piété et de patience devant cette fatalité divine jusqu’à ce que Dieu décide de l’en délivre. Mais quand ils furent personnellement touchés, ils s’en remirent à la compétence des personnels de santé de pays non-musulmans avec l’espoir d’échapper au « châtiment divin ».

Nous soutenons la cause palestinienne parce qu’elle serait « sacrée », alors que le Hamas n’a pas hésité à la briser en deux en 2006 et que l’Autorité palestinienne a « normalisé » ses relations avec Israël bien avant la Jordanie, les Emirats, Bahreïn, le Soudan, le Maroc et bientôt le reste des pays arabes. 

Viendra le jour où Israël présidera tout naturellement aux destinées de la Ligue arabe sous l’égide d’une « doctrine abrahamique » que justifieront avec beaucoup de conviction de pieux et versatiles ulémas, comme viendra le jour où les Palestiniens ouvriront un consulat à Laayoune.

Si les faits accomplis inspirés à Trump par une folie vengeresse croissante au fur et à mesure qu’approche le moment de quitter la Maison blanche seront endossés par la prochaine administration, dont celui concernant le Sahara occidental, le risque d’une guerre algéro-marocaine s’éloignera jusqu’à devenir nul car il ne restera plus devant le Polisario que l’option de la réalpolitique, c’est-à-dire l’acceptation de l’autonomie. Ou la disparition.

Une Algérie où le front intérieur est en miettes, où le pouvoir est coupé du peuple, où aucune institution n’est légitime, où l’économie est à l’agonie et le dinar plus affaibli que jamais, ne pourra pas l’aider à affronter militairement les puissances occidentales et à la coalition israélo-arabe installées à Laayoune. Il n’est même pas sûr qu’elle pourra à court, moyen ou long terme, échapper au sort connu par des pays de sa taille comme l’étaient l’Irak, la Syrie et la Libye des années 1970 et 80.

La nouvelle année qui est aux portes est peut-être l’ultime occasion pour le pouvoir de réviser sa conception des choses car tous les choix arrêtés jusqu’ici en cercle clos ont lamentablement échoué.

Le moment est venu de remettre le pouvoir au peuple en préparant une élection présidentielle totalement libre, transparente, sans intrusion des officines occultes. Alors le front intérieur se reconstituera et notre pays deviendra inviolable.

Auteur
Nour-Eddine Boukrouh

 




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