La justice française a frappé à la porte de deux institutions phares de la région marseillaise : le département des Bouches-du-Rhône et la métropole Aix-Marseille-Provence, toutes deux présidées par Martine Vassal.
Lundi 22 septembre, la police judiciaire a mené des perquisitions simultanées dans leurs sièges respectifs, tandis que le domicile d’Erwan Davoux, ancien directeur des affaires internationales du département, était également visité.
Ces opérations s’inscrivent dans une double enquête préliminaire ouverte par le parquet de Marseille. L’affaire trouve son origine dans un signalement explosif déposé en février par Davoux, ancien proche collaborateur de Vassal, dénonçant des faits présumés de corruption passive, trafic d’influence et détournement de fonds publics. Au cœur des accusations : des voyages jugés fastueux de la présidente, mais aussi l’emploi de son directeur de cabinet avec lequel elle entretiendrait une relation maritale, un fait prohibé par le code de la fonction publique lorsqu’il n’est pas déclaré à la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique.
Un parfum de scandale dans un climat délétère
Ces révélations interviennent dans un contexte où la classe politique marseillaise peine à se défaire de son image de clientélisme et d’opacité. Depuis des décennies, le département des Bouches-du-Rhône est régulièrement secoué par des affaires : de Gaston Defferre à Jean-Noël Guérini, en passant par de multiples élus locaux, rares sont ceux qui échappent au soupçon. L’onde de choc qui frappe aujourd’hui Martine Vassal ne fait que raviver ce climat de défiance à l’égard des institutions locales.
Pour ses détracteurs, l’affaire illustre la persistance d’un système où l’usage des deniers publics se confond trop souvent avec les intérêts personnels et politiques. Les réactions citoyennes, nombreuses sur les réseaux sociaux et dans la presse locale, oscillent entre ironie désabusée et colère face à ce qui apparaît comme une nouvelle démonstration d’« impunité d’élus ».
Une présidente affaiblie mais toujours en lice
Si aucune charge n’est encore retenue – l’enquête n’en est qu’à son stade préliminaire –, le simple fait que la justice s’intéresse de près aux pratiques de Martine Vassal constitue un coup dur politique. Déjà contestée pour sa gestion jugée centralisatrice et autoritaire, la présidente voit son image fragilisée alors qu’elle nourrit de nouvelles ambitions électorales.
À Marseille, l’épisode s’inscrit dans une bataille politique permanente, où chaque affaire judiciaire devient une arme dans les mains des adversaires. Mais au-delà des rivalités partisanes, il met surtout en lumière la difficulté persistante des institutions locales à rompre avec des pratiques héritées du passé.
La justice à l’épreuve
Reste à savoir jusqu’où iront les investigations. Si les faits dénoncés venaient à être confirmés, l’affaire pourrait prendre une ampleur considérable, touchant le cœur même du système départemental et métropolitain. Mais beaucoup, à Marseille, expriment déjà leur scepticisme : « Les preuves disparaissent, l’omerta règne », soupirent certains observateurs, rappelant la difficulté récurrente de traduire en justice des pratiques enracinées depuis longtemps.
En attendant, Martine Vassal reste en poste, mais désormais sous étroite surveillance médiatique et judiciaire. Cette nouvelle affaire souligne, une fois de plus, combien la politique marseillaise demeure engluée dans ses zones grises, à mi-chemin entre ambition publique et intérêts privés.
Mourad Benyahia