23 novembre 2024
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Petites histoires de grands algériens

FOOTAISES de Meziane Ourad

Petites histoires de grands algériens

Une Algérie à la ramasse vivant dans le purgatoire du football mondial et qui prépare merguez et selecto pour prendre place face aux écrans dernier cri, avale un petit carton contre le Portugal. Le champion d’Europe en titre.

A partir du 14 juin, l’équipe nationale, en décrépitude depuis sa campagne pour la Russie 2018 et son élimination sans gloire, sera spectatrice. Elle devra profiter de l’occasion pour apprendre. Humer le sens de la solidarité, comprendre le « vivre ensemble ». Ses joueurs sont bons. Leur football est bon. C’est tout le reste qui leur manque, à l’exemple de ce mental remis entre les mains de Dieu qui n’a rien à y voir. Les joueurs de l’EN ponctuent chaque syllabe de leurs mots d' »in challah ».

Qu’on laisse tranquille ce vieux maître qui n’a rien à voir avec le board du foot ! Les Algériens n’aiment pas attendre. Ils veulent tout, tout de suite. Cela va d’un tee-shirt à une raffinerie. Le pauvre Madjer est arrivé il y a à peine huit mois. A-t-il, au moins, eu le temps d’apprendre le prénom de ses joueurs ? Après trois échecs consommés et assumés, il est l’objet d’un appel à la mort. « Un bon joueur ne fait pas un bon entraîneur », entend-on ici et là. Les plus grands techniciens du monde ont été des joueurs. pas nécessairement des stars mais des joueurs. Des gens qui savent caresser le ballon. Rabah Madjer est de ceux-là.

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Il est mal tombé Rabah. Avec quarante millions de gosiers, comment et à quel prix peut-il tenir ? Sa première mission c’est de qualifier les Fennecs à la coupe d’Afrique 2019. C’est jouable. Il va le faire. Il demande quoi ? Un an, deux ans ? Bouteflika est là depuis 20 ans… On l’applaudit bien. Pourtant, nous a-t-il rapporté une quelconque retentissante victoire ? Il est muet depuis six ans. Pourtant, tout marche en Algérie. Il y a de l’essence, de l’électricité, de la chorba, du l’ben… L’Algérie est un pays de contrastes, clamait une publicité « d’Air couscous. » C’est le pays des miracles. On a même vu une fillette pleurer des lentilles. Des légumes secs tombaient de ses yeux à la place des larmes ! Et tout le monde y a cru ! 

Les enfants de Madjer ont perdu contre les frères du meilleur joueur du monde, Ronaldo. Où est le problème ? C’était contre l’Arabie saoudite, enfantée en 1956 ou le Cap-Vert né en 1978, six ans après un immense match Maghreb-Pérou, joué en 1972 à l’occasion de l’inauguration du 5-Juillet, qu’il ne fallait pas perdre. Une équipe qui représente le salafisme et qui a appris le ballon sur les dunes bat les fils de Mekhloufi ? Comment comprendre ? 

Un jour, un ministre, Kamel Bouchama que j’ai beaucoup accablé avec mes écrits et ceux des journalistes de la sportive d' »Algérie Actualité », m’a apostrophé, très en colère. Disons outré : « Meziane, tu vois ce téléphone rouge ? C’est la ligne directe du présent de la république, Chadli Bendjedid . Tu crois qu’il m’appelle pour planifier avec moi le dispositif sportif national ? Quand ça sonne, je sais qu’il va me demander de débloquer un camion de Sonacome pour un joueur ou libérer un logement pour la nièce d’un avant-centre… C’est ça un pays ? C’est ça le travail d’un ministre ? Je te défie, viens passer vingt-quatre heures dans mon bureau, tu te feras une autre idée de ce monde… »

Un témoin, Dieu merci encore vivant, assistait à cet entretien ; Amar Zentar. Un excellent confrère. Comment gagner avec des casseroles pareilles ? 

Puisque la coupe du monde se déroule en Russie, laissez-moi terminer par cette histoire qu’Amar, le même, vécue par moi. C’était en 1985, à Moscou. Nous étions une dizaine de journalistes, bardés de visas mais sans accréditation pour le festival mondial de la jeunesse. L’URSS de Gorbatchev, à peine arrivé au pouvoir voulait des papiers. Des tampons. Nous n’en n’avions pas. Allahoum, ambassadeur a dû taper sur la table pour mettre fin à notre calvaire. Il a fallu que je lui montre les monceaux de drapeaux algériens abandonnés par la délégation du FLN dans le hall de l’hôtel. Ses membres étaient pressés d’aller offrir des jean’s, des Marlboro et des chewing-gum aux taxis-girl russes qui n’attendaient que cela !!! Allahoum, ancien directeur du protocole de Boumédienne, nous a sauvé la face. Il aimait l’Algérie. Nous aimions l’Algérie.

Pendant ce séjour, un responsable du FLN a fait une tentative de viol sur une jeune fille de treize ans d’un ballet de Beni-Yenni. Un médecin russe l’a débusqué ! Les filles de la troupe ont été évacuées de Moscou. Histoires sales, histoires vraies…

Quand donc redeviendrons-nous dignes des ancêtres ? 

Auteur
Meziane Ourad

 




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