Dimanche 8 avril 2018
Peut-on éviter le pire pour l’Algérie et le Venezuela ?
Salaire minimum tombé en dessous de six dollars au taux du marché noir, des hôpitaux remplis d’enfants souffrant de malnutrition, une population qui ne mange plus à sa faim, une dette extérieure égale à cinq années d’importation,- dépassant même celle du Soudan et de l’Ethiopie-, laquelle place désormais le pays en défaut de paiement partiel, plus de 100.000 personnes tentent chaque mois de traverser la frontière vers la Colombie. Le Venezuela est-il au bord de la faillite ? Tous les indicateurs penchent aujourd’hui vers la confirmation de cet état de fait.
A l’origine de la descente aux enfers de cette nation latino-américaine de 31 millions d’habitants, sixième réserve de pétrole à l’échelle mondiale, on retrouve tout d’abord l’effondrement brutal du prix du baril à partir de 2014. Puis, le basculement de l’économie de rente dans la récession et la dépression n’a été possible que par la conjugaison de divers effets pathogènes : une base industrielle qui s’est difficilement remise de la décennie perdue des années 1980 ( celle-ci n’a pas survécu, semble-t-il, aux nationalisations massives mises en oeuvre dans le cadre du socialisme du XXIème siècle), les plans d’austérité drastiques suivis durant les années 1990, les dysfonctionnements ultérieurs visibles dans la gestion économique, c’est-à-dire juste après la prise de pouvoir par Hugo Chavez en 1999, la corruption massive, etc.
Le Venezuela souffrait aussi depuis longtemps de la fuite des entrepreneurs, des cadres, des financiers et des capitaux à l’étranger, ce qui aurait provoqué la chute de l’investissement industriel local et le tarissement des ressources alternatives. De même, chose encore plus grave, les produits non pétroliers qui représentent le tiers des recettes d’exportation pendant les années 1990, ont carrément disparu par la suite du paysage économique. Ajoutons à ce sombre tableau le fait que ce pays-là, pourtant promis au progrès vu sa richesse pétrolière, n’a pas bien entretenu son sous-sol. Preuve en est qu’entre 1998 et 2013, sa production pétrolière a baissé de 22 % en volume avec des infrastructures vieillissantes et un effort d’exploitation insuffisant pour empêcher le déclin de l’extraction.
En même temps, les importations progressent de 170% en volume, les exportations chutent de 40% et le PIB s’effondre de 44% en cinq ans. Ainsi l’inflation pourrait dépasser, d’après les dernières statistiques du Fonds monétaire international, la barre de 10.000% en 2018! Cherchons l’erreur maintenant…
En effet, comme l’Algérie, le Venezuela n’a pas su développer une industrie manufacturière ni exploiter son potentiel en matière d’agriculture. Autre erreur, voulant éviter d’être soumis aux inévitables exigences de ses créanciers étrangers, le gouvernement vénézuélien aurait choisi de couper dans les importations, lesquelles ont chuté de 63% en cinq ans, au lieu d’aller vers des réformes profondes.
Cela dit, l’Algérie qui présente presque toutes les caractéristiques de ce pays latin, en particulier le fait d’être un pays exclusivement rentier, est appelée à penser en urgence dans un élan bien cadré à une économie alternative en vue de parer à l’éventualité de la catastrophe alimentaire.