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Plan de Donald Trump pour Gaza : une Algérienne s’adresse à Abdelmadjid Tebboune

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Le vote par l’Algérie au Conseil de sécurité en faveur du plan de Trump pour la bande de Gaza suscite interrogations et incompréhensions. Une Algérienne interpelle dans la tribune ci-dessous Abdelmadjid Tebboune.

À Son Excellence Monsieur Abdelmadjid Tebboune, Président de la République algérienne démocratique et populaire

Je m’adresse à vous en tant que petite-fille d’un martyr tombé au champ d’honneur en 1958 à El Kef Lakhdar, dans la commune de Chellalat El Adhaoura, wilaya de Médéa, pour notre liberté et l’indépendance de l’Algérie. Héritière de ce sacrifice et citoyenne, profondément attachée aux principes fondamentaux de notre Révolution, je souhaite vous faire part de mes préoccupations quant au vote de l’Algérie du 17 novembre 2025, en faveur du plan de paix en vingt points proposé par le président des États-Unis, Donald Trump.

Notre nation a toujours manifesté un soutien constant et indéfectible envers les peuples opprimés, en particulier le peuple palestinien. En 1988, c’est d’ailleurs à Alger que l’État de Palestine fut proclamé pour la première fois. Pendant deux ans, notre représentant au Conseil de sécurité des Nations unies a défendu avec force et détermination les droits inaliénables des Palestiniens. L’Algérie est toujours restée fidèle aux principes qui ont guidé notre lutte pour la liberté ; elle s’est toujours opposée à toute forme d’ingérence étrangère et a toujours affirmé que la création d’un État doit exclusivement refléter la volonté de son peuple.

L’Algérie s’est toujours opposée à toute intervention extérieure et lorsque l’ONU avait envisagé le déploiement de forces internationales sur notre territoire, nos dirigeants et notre peuple ont rejeté unanimement cette initiative, réaffirmant que la souveraineté nationale est un droit absolu et indivisible. Cet enseignement reste profondément ancré dans notre mémoire collective.

Monsieur le Président de la République algérienne démocratique et populaire, depuis votre arrivée à la tête de l’État, vous avez réaffirmé votre engagement en faveur de la justice et de la liberté, soutenu fermement l’établissement d’un État palestinien selon les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale. Nous comprenons que le vote de l’Algérie en faveur de ce plan vise principalement à obtenir la reconnaissance internationale de cet État.

Toutefois, ce plan comporte plusieurs dispositions qui entrent en contradiction avec nos valeurs historiques et diplomatiques. La dimension militaire subordonne la fin du conflit à la cessation définitive de la lutte armée par la résistance palestinienne, au désarmement de ses membres et à la destruction de ses infrastructures militaires, privant ainsi le peuple palestinien de son droit fondamental à la légitime défense.

De son côté, Israël ne s’engage qu’à un retrait progressif de ses forces, en renonçant uniquement à l’annexion ou à l’occupation de la bande de Gaza (point 16). La dimension politique prévoit le déploiement d’une force internationale de stabilisation chargée d’assurer la sécurité dans la région (points 14 à 16), ainsi que la création d’un comité civil (point 9) placé sous la supervision d’un « conseil de paix » présidé par Donald Trump. Le Hamas et l’Autorité palestinienne en seraient exclus (point 13). Une telle administration, dépourvue de mandat de l’ONU, soulève de sérieuses interrogations quant à sa légitimité.

Au-delà de ces considérations, ce plan suscite de vives inquiétudes. Il demeure ambigu quant à la solution à deux États, niant l’existence actuelle d’un État palestinien tout en reconnaissant ses aspirations internationales. Il omet la question de la Cisjordanie, laissant en suspens le problème central du conflit.

Il néglige également la justice transitionnelle et les responsabilités israéliennes, en dépit des procédures engagées auprès de la Cour pénale internationale et des décisions de la Cour internationale de Justice concernant les réparations dues aux Palestiniens. Il ne traite ni des frontières, ni du droit au retour des réfugiés.

Monsieur le Président, notre histoire, marquée par la colonisation et la lutte acharnée pour l’indépendance, rejoint celle d’autres peuples ayant subi la colonisation de peuplement, éprouvés par la torture, l’humiliation, la déshumanisation et une souffrance profonde.

Je vous prie de m’accorder la liberté de partager une réflexion sur l’histoire et la dignité des peuples face à l’oppression.

Imaginez, ne serait-ce qu’un instant, que l’ONU ait désarmé l’ALN et mandaté des forces internationales pour prendre en charge la sécurité de notre nation, tout en établissant un comité civil sous l’autorité du colonisateur. 

Dans un tel contexte, comment l’Algérie aurait-elle pu retrouver sa souveraineté et sa liberté ? Et comment aurait réagi le FLN s’il avait été exclu de toute négociation, privé de sa voix dans le destin de sa nation ?

La surprise de la communauté internationale et surtout celle du peuple palestinien ainsi que la réaction ferme de la résistance prennent ici tout leur sens. Les espoirs étaient immenses, à la hauteur de la grandeur de l’Algérie et du sacrifice de son peuple. Alger demeure toujours la Mecque des révolutionnaires, le phare qui guide ceux qui luttent pour la liberté.

L’exemple de l’Afrique du Sud ne peut être ignoré : l’Algérie a soutenu Nelson Mandela et son combat pour la justice, et la reconnaissance de Mandela, affirmant que l’Algérie avait contribué à façonner l’homme qu’il est devenu, résonne encore aujourd’hui comme un appel à la justice, un écho aux aspirations du peuple palestinien et de toutes les consciences éprises de liberté.

C’est pourquoi, Monsieur le Président, je me permets de vous interpeller afin que la voix du peuple algérien soit pleinement entendue, afin que ceux qui commandent notre nation demeurent fidèles à ses principes fondamentaux de justice, de liberté et de solidarité.

La souveraineté et le droit du peuple palestinien à déterminer librement son avenir sont des principes sacrés, inaliénables. 

L’Algérie doit continuer, avec une constance inébranlable, à défendre le droit du peuple palestinien à un État pleinement souverain.

Monsieur le Président, je vous adresse cet appel respectueux et solennel pour que vous réaffirmiez publiquement l’engagement indéfectible de l’Algérie en faveur du droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination. Je vous exhorte à reconsidérer la position nationale à la lumière des aspirations profondes des peuples algérien et palestinien, et à œuvrer résolument pour l’adoption des amendements nécessaires, afin d’assurer le respect intégral du droit international, tout en restant fidèle aux principes fondateurs et à l’honneur immuable de notre République.

En honorant l’héritage de nos martyrs, votre soutien sans faille à la souveraineté du peuple frère de Palestine vous placera parmi les Justes de l’Histoire.

Djamila Kaoues

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