Dimanche 13 décembre 2020
Pourquoi le pouvoir pousse au mensonge ?
Le mensonge, selon le dictionnaire, est un «discours, une affirmation volontairement contraire à la vérité.» Et mentir c’est «parler contre la vérité avec le dessein de tromper».
Dans l’Histoire, les mensonges sont légion ; de nos jours on nous a menti sur la guerre en Irak, sur l’escroquerie financière appelée la « crise des subprimes », sur une pandémie dont on ne connait ni les tenants ni les aboutissants, le tout mêlé à une reformulation de l’économie financière pour absorber des liquidités.
Il est surprenant d’observer, en même temps que le nombre de décès liés au Covid-19, cette flambée des places boursières et les gains colossaux des rendements financiers des actions ! les mensonges sont donc l’apanage des pouvoirs sur des sociétés désarmées en proie à la désinformation. C’est dans la nature du pouvoir tant qu’il s’exerce en dehors de tout contrôle.
Nous assistons au spectacle de ministres qui, face aux déboires de leur secteur, chargent les autres, leurs compatriotes, la main étrangère, la presse qui n’est pas aux ordres, les accusant de non patriotisme, de non professionnalisme, d’absence de mémoire.
Que savent-ils de tout cela ces prétendus commis de l’Etat ? Quant à l’incompétence, sont-ils convaincus de leur «professionnalisme» dans un système gouverné par l’incompétence ?
Ces ministres qui prennent pour cibles les journalistes se dédouanent de leurs incongruités. Ceci n’est pas la marque d’une gouvernance responsable. Affirmer que les journalistes ont «besoin de formation » c’est se croire soi-même à l’abri du principe de Peter.
Lorsque qu’on a passé une grande partie de sa « carrière » professionnelle en mode sectaire et en mode servitude, comment se muer, une fois devenu ministre, en gestionnaire comptable de sa mission ?
Qui contrôle un gouvernement et comment est évaluée son action ? Qui remet en cause des bilans souvent tronqués ? Et si ce n’était quelques journalistes prompts à dénoncer l’incurie ambiante, les préposés au service de la «chitta», sont rarement à leurs côtés.
Lorsque de hauts responsables avancent une décision, puis affirment le contraire, il se produit une décrédibilisation de leur fonction. Quand on n’a pas de comptes à rendre, il devient naturel de ne faire que ce que bon nous semble. L’irresponsabilité crée la fiction d’un espace public.
Un système d’évaluation fonctionne pour éviter de se tromper, et à tout le moins de se corriger. Qui passe son temps à s’auto-réformer n’a pas la capacité de s’évaluer et donc de s’améliorer. Quand on a dirigé des années durant «son» administration comme une secte, on est mal venu de donner des leçons une fois devenu impotent, scotché à la conjoncture, et pilotant à vue un pouvoir marionnettiste qui n’a d’alternative pour ses routines administratives que de fabriquer des clientèles et mentir.
L’absence de visibilité d’une telle gouvernance ne saurait assurer un fonctionnement des institutions soumises à une politique incohérente, programmant une chose et son contraire et cultivant le mensonge.
Des gouvernants qui renvoient la responsabilité d’un échec sur une autre structure conduit à « faire la leçon ». Personne n’est jamais responsable, c’est toujours l’autre ! Réhabiliter la gouvernance dans un système où rares sont les responsables qui démissionnent, limite leur incurie. Face à la prétention de tout contrôler, l’improvisation caractérise l’action de gouvernants inconstants.
L’obligation de rendre des comptes et la transparence amènent la gouvernance à se défaire du mensonge. Des ministres donneurs de leçon ça foisonne, mais des responsables gérant leur secteur, on en cherche.
Obnubilés par ce qu’ils croient un destin hors du commun, nombreux sont les gouvernants qui oublient leur mort. Sauf que souvent on se ment à soi ; car oublier c’est aussi mentir.
O.B.