Dimanche 5 avril 2020
Pourquoi Sonatrach a-t-elle recours à la propagande ces derniers temps ?
La Sonatrach a diffusé sur son site internet en citant l’APS, un communiqué insolite, pour le moins qu’on lui puisse dire puisqu’elle donne une information sur un projet débuté il y a belle lurette, heureusement que le groupe le limite à une mise en gaz seulement (01) en précisant « avec succès » comme pour rappeler l’adage populaire « attraper un lion par sa queue ».
De suite sont lâchées les mouches électroniques pour s’adonner à l’éloge et aux remerciements (02) sans se priver de modestie ou comprendre sa portée à la fois économique et sa contribution pour régler le déficit de gaz à l’exportation. Dans les faits et pour éclairer l’opinion publique, deux remarques s’avèrent nécessaires d’être relevées en toute humilité en dépit de la bonne nouvelle sur la modeste quantité de gaz qu’il vient d’ajouter sur le gazoduc qui mène vers le Centre national de dispatching gaz de Hassi R’mel (CNDG) lui-même mis en service depuis 1985 et par lequel est passé à ce jour près 2300 milliards de m3 soit l’équivalent de nos réserves actuelles en gaz évaluées à 2745 milliards de m3.
1- D’abord sur le plan de la pure forme
Cette cellule de communication (Sonatrach ou APS) devra actualiser son registre géographique car El Menia ex-Goléa n’a jamais été de quelque manière que ce soit rattachée à Adrar comme c’est mentionné dans le communiqué à plusieurs reprises. Cette région El Menia, à 270 km au sud de la wilaya de Ghardaïa, est une région connue pour ses nombreuses oasis et nappes d’eau. El Goléa est réputée également pour son eau minérale, ses agrumes et ses roses qui fleurissent à longueur d’année. Elle a acquis une célébrité nationale et internationale grâce à ses oasis et à ses sites historiques. Elle a été toujours rattachée à la wilaya de Ghardaïa jusqu’à récemment en novembre 2019 où elle est devenue elle-même wilaya parmi les 10 qui ont élargi les circonscriptions administratives de 48 à 58 wilayas, soit Timimoune, Bordj Badji Mokhtar, Ouled Djellal, Béni Abbès, In Salah, In Guezzam, Touggourt, Djanet, El Meghaier et El-Menia. Elle n’a rien à voir non plus avec le pétrole mais sert uniquement de passage de par sa proximité avec le projet au Centre national de Dispatching de Gaz (CNDG) de Hassi R’mel.
2- Sur le fond, 4 milliards de m3 par an n’est qu’un pipi de chat !
Il s’agit d’un projet qui a été formalisé le 31 juillet 2016 et qui rentre dans le cadre du partenariat public- public (2P) à travers la signature par le groupe Sonatrach de deux contrats avec un consortium d’entreprises publiques. Lors d’une cérémonie organisée à cette date, le groupe Sonatrach a procédé une seconde fois après l’accord paraphé sur le GR 4, à la signature d’un important contrat avec ce consortium d’entreprises publiques pour la réalisation de l’expansion du GR5 par la construction d’un gazoduc GR7 reliant Reggane (Adrar) à Hassi R’mel (Laghouat). Le projet du gazoduc GR7 d’une longueur de 344 km et de 48 pouces de diamètre, devrait relier Hassi R’mel à Reggane en passant par la localité de Kechba (Ghardaïa), permettra d’assurer l’acheminement de la production additionnelle des nouveaux gisements, Hassi Mounia (Nord-Sud), Hassi Ba Hamou et Ahnet, vers le Centre national de dispatching gaz (CNDG) à Hassi R’mel. (03). Ce n’est donc pas à Sonatrach de s’enorgueillir mais au processus mise en place après la chute des prix du baril de pétrole en 2014 pour faire intégrer la relation des entités publiques –publiques (2P) puisque celui du partenariat public –privé, semble confirmé son échec avec le groupe Amor Benamor /Eriad dans le complexe de Corso.
3- Serait-on en train de faire oublier le gaz détourné par Ould Kaddour ?
Rappelons que le quotidien El Watan avait publié une enquête le 18 mars 2018, basée sur des chiffres de la Banque d’Algérie qui parle d’un vrai massacre de la production des gisements existants dont les plus importants d’entre eux comme Hassi Messaoud et Hassi R’mel. (04) Ce massacre lit-on à l’époque « des gisements de Hassi Messaoud, R’hourde El Baguel, R’hourde Ennous, Ait El Kheir et Hassi R’mel est provoqué surtout par la démobilisation du personnel de Sonatrach et l’incompétence avérée de son PDG. »
La situation des gisements de Hassi Messaoud est devenue dramatique depuis que les pressions des puits ont considérablement chuté, en passant, dans certains cas, en dessous des niveaux qui permettent une bonne récupération des hydrocarbures. La chute des niveaux des pressions est provoquée par le détournement, au quotidien, d’un volume de gaz destiné à la réinjection pour le maintien de la pression. Ce gaz est vital pour les champs de Hassi Messaoud, mais le management de Sonatrach a décidé de le vendre à l’international et sacrifier certains secteurs de Hassi Messaoud.
Rien que R’hourde El Baguel et R’hourde Ennous, on estimait à cette époque plus 30 millions de m3, soit le triple de ce que rapporte en plus le projet dont il est question aujourd’hui ont été détournés quotidiennement.
Le taux de cyclage du champ de Hassi R’mel « est descendu en dessous de 10% » alors «que d’usage Sonatrach réinjectait entre 35 et 40%. Ici, il y a risque de voir le condensat perdu définitivement et les tous objectifs du boosting phase III seront revus à la baisse. » C’est tout même malheureux de tirer vanité d’une capacité de 4 milliards de m3 par an comme complément de la capacité en gaz naturel de Sonatrach sur le système de transport par canalisation du Gazoduc Reggane- Hassi R’mel (GR5) estimée à 13 milliards de m3, quantité équivalente à celle détournée et, plus grave restée impunie à ce jour.
R. R.
Renvois
(01)-https://sonatrach.com/actualites/hydrocarbures-mise-en-gaz-du-gazoduc-gr7-aps
(02)-https://www.facebook.com/SONATRACH/posts/857651064737885
(03)-http://www.elmoudjahid.com/fr/actualites/97214
(04)-http://bourse-dz.com/sonatrach-descente-aux-enfers-de-la-production/