Dimanche 6 janvier 2019
Présidentielle 2019 : pourquoi le report n’arrange pas l’ordre établi
Une telle éventualité suppose que d’un côté le président actuel n’est pas candidat à sa propre succession et de l’autre il n’y a pas de relève disponible dans l’immédiat.
Réserver ce report pour la révision de la constitution serait trop flagrant et donnerait assez d’arguments à l’opposition pour embraser l’opinion publique. Ces quelques mois pourrait aussi donner la possibilité aux uns et aux autres de trouver un candidat consensuel.
Toutefois, entre thèses et hypothèses, ne serait-il pas préférable de leur donner un aspect mathématique. En se basant sur la personnalité d’Abdelaziz Bouteflika dont le parcours politique est hors normes, selon ceux qui l’ont côtoyé, une analyse de ses discours, de ses entretiens montre bien sa fierté d’appartenir à la famille révolutionnaire et surtout, dit-il «ne veut pas s’imposer à une population qui ne le désire pas ».
Trois scénarios sont à présager juste après la convocation du corps électoral dans trois semaines avec chacun sa probabilité d’occurrence : 60% de chance qu’il ne se représente pas.
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Il sortirait par la grande porte et donnerait la preuve par 9 qu’il est conscient de son handicap, censé, clairvoyant dans ses analyses politiques, maîtrise son entourage tel que décrit par les témoignages des différentes personnalités politiques étrangères qui l’ont rencontré dont le français François Hollande.
Une probabilité de 0,35 pour qu’il se déclare candidat par procuration. Auquel cas, il est otage d’un clan et donc la stabilité du pays est effectivement menacée avec toutes les conséquences qui en découlent.
Le troisième cas, le moins probable avec 0,05, il viendrait lui-même debout devant les caméras et il se déclare candidat à sa propre succession justifiant sa décision par le manque d’une relève charismatique pour lui passer le flambeau.
Il pourrait exister d’autres éventualités subsidiaires à inclure dans les sommets de ce triangle d’événements dont la somme donne l’unité c’est-à-dire la certitude.
Quel que soit le cas de figure, ce suspense prendra fin ce mois de janvier. Pourquoi ? Parce que sur le plan constitutionnel, le président sortant n’a qu’une seule responsabilité avant de passer le flambeau à son successeur, celle de convoquer le corps électoral dans les délais.
Le code électoral stipule dans son article 133 que « le corps électoral est convoqué par décret présidentiel, quatre-vingt-dix jours avant la date du scrutin ». Dans son article 132, il est bien écrit que « les élections présidentielles ont lieu dans les trente jours (30) qui précèdent l’expiration du mandat du président de la République ».
En jouant sur ces dates réglementaires, Bouteflika, candidat ou pas, dispose d’un deadline jusqu’à la 4éme semaine de ce mois pour signer le décret qui annonce officiellement l’échéance électorale.
En général et sauf exception, le vote se déroulera en avril, mois comportant 4 jeudis : le 4, le 11, 18, et le 25. Pour respecter les délais à partir de la convocation du corps électoral, les postulants à la candidature auront un délai de 45 jours pour déposer leurs dossiers auprès du Conseil constitutionnel qui statuera sur leur validité ou pas, dans un délai de dix jours.
«La déclaration de candidature est déposée au plus tard dans les quarante-cinq (45) jours qui suivent la publication du décret présidentiel portant convocation du corps électoral », peut-on lire dans le texte de loi.
Toutes les lectures politiques, comme elle les appelle si bien Mme Hanoune, ne sont en fait que des spéculations qui montrent clairement que les membres de la coalition de soutien à un 5e mandat, sont en fait au même niveau d’information que le citoyen lambda.
Sinon pourquoi ce discours paradoxal ? On annonce et on se rétropédale pour se donner en spectacle.