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Présidentielle anticipée : quand des partis (re)chantent la ritournelle de la menace extérieure

Mustapha Yahi, RND

On sait pour qui roule Mustapha Yahi.

L’annonce de la tenue de la présidentielle anticipée a réveillé les partis politiques de leur hibernation prolongée pour chanter la ritournelle de la menace de déstabilisation extérieure sur l’Algérie. 

Ambiance de déjà vu !

Le pouvoir ressort ses vieilles lunes et convoque ses soutiens traditionnels pour duper encore une fois les Algériens. Après Louisa Hanoune du PT, c’est au tour de Mustapha Yahi du RND d’agiter le chiffon rouge de la déstabilisation de notre pays. Un discours de circonstance qui intervient à quelques mois de la tenue des présidentielles anticipées. Voilà donc les porte-étendard du pouvoir réanimés pour donner un semblant de crédit à une élection qui n’en est pas une. 

Dans un meeting animé, samedi dernier à Tizi Ouzou, le chef du RND, Mustapha Yahi, a surfé sur la peur  et l’angoisse, somme toute légitimses, qu’inspire la très agitée actualité géopolitique du monde.

Truffé de mots et de petites phrases qui alertent sur les périls éminents qui pèsent sur notre pays, le discours du patron du RND nous plonge dans une atmosphère de peur.  Un  état d’incertitude et  d’attente angoissante qui rappelle le brouillard de la guerre, concept théorisé, au 19ème siècle par le général prussien Carl Von Clausewitz, décrivant le flou volontairement entretenu par les belligérants, lors d’un conflit armé, sur leurs forces, leurs positions ou encore leurs objectifs.

Enfumage médiatique

La méthode est éprouvée. Et M. Yahi s’y connaît en forçant le trait. Les Algériens sont confrontés à une situation qui ressemble à s’y méprendre à celle que vivent les population d’un pays en Etat de guerre larvée ou déclarée, soutient le patron du RND. Ils sont mis dans une position d’attente du déclenchement annoncé d’une série d’attaques virtuelles qui viendraient détruire l’unité du territoire de notre chère patrie et de son peuple, s’alarme-t-il encore pour pousser les Algériens désabusés des fraudes électorales, vers les urnes. Comme si un bulletin de vote, glissé dans une urne bourrée d’avance, pouvait changer le destin de notre pays ! 

Ainsi, dans son meeting tenu devant les adhérents de son parti dans la grande salle de la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, Mustapha Yahi a multiplié les signaux, des messages subliminaux destinés à affoler le peuple qui doit se  préparer à faire barrage  aux opérations de déstabilisation extérieures. 

Le SG du RND a fustigé les puissances occidentales qui, selon lui, se  servent à satiété du discours fallacieux sur la défense et le respect de la démocratie et les droits de l’homme comme d’un cheval de Troie pour détruire des pays entiers ou tenter de le faire en s’attaquant à leur stabilité, « notamment de  l’Algérie qui est visée en ce moment ».

Ajoutant avec morgue : »J’appelle les Algériens à ne pas se laisser berner par des puissances étrangères avec leurs discours relatifs au respect de la démocratie et des Droits de l’Homme, car l’objectif véritable de ces puissances étrangères est l’accaparement de nos richesses ». Il fustige aussi ceux qui tentent de mener une guerre contre l’intégrité du peuple algérien. Qui sont-ils ceux-là ? Personne ne le sait puisque M. Yahi ne le dit pas. Envelopper le propos de non-dits et de mystère ajoute de la peur.

Le secrétaire général du RND a salué le rôle de l’ANP qui veille à la sécurité du pays. Il a plaidé pour  une véritable cohésion entre le peuple et l’Etat. Toutefois, il rappellera que « sans un Etat fort et  sans une économie forte, il est difficile d’y parvenir »

Mustapha Yahi a mis l’accent « sur la préservation des acquis de novembre 1954 dont l’intégrité territoriale et l’unité nationale ». Une évocation qui donne l’opportunité à l’orateur pour rendre un hommage appuyé aux négociateurs des accords d’Evian, principalement Krim Belkacem, louant « leur ténacité à n’avoir cédé à la France  aucun iota du territoire national. »

Pour rester dans le registre de la préservation de l’unité nationale et la cohésion du peuple, le chef du RND a profité de sa présence à Tizi-Ouzou pour inviter les jeunes à rester fidèles au messages des artisans de la révolution de novembre 1954 qui se sont sacrifiés « pour une Algérie une et indivisible » et de se mobiliser « à l’effet de déjouer toutes  les tentatives de déstabilisation orchestrées par l’Occident et ses alliés régionaux ».

Dans ce sillage, Yahi a estimé que « l’Algérie a besoin d’un consensus politique national pour le renforcement de son unité et la poursuite du processus des réformes pour les mener à bon port ». 

Évoquant la prochaine élection présidentielle, le chef du RND dira que « c’est là  une occasion pour renforcer cette unité et cette cohésion ». C’est aussi « un rendez-vous qui permettra au peuple algérien, de choisir et de s’exprimer en toute liberté et démocratie son futur président », plaiderait le SG du RND qui a fait appel  à tous les militants de son parti, ainsi qu’à l’ensemble des organisations « à se mobiliser pour la réussite de  ce scrutin qui intervient dans un contexte régional et international particulier ».

Samia Naït Iqbal

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