Dimanche 15 décembre 2019
Présidentielle : «gouverne-ment» et…Emmanuel Macron
Faut-il pleurer, faut-il en rire, qui a vraiment le cœur à le dire ? On ne voit pas le cauchemar s’arrêter ! Par procuration, Abdelaziz Bouteflika a voté, n’est-ce pas l’essentiel entre le meilleur, le pire et le ridicule ?
Il paraît que le vieux général a parlé ! Nous ne l’avons pas écouté ! Qu’aurait-il donc à nous dire pour convaincre les incrédules de la régularité d’un scrutin qui a désigné le plus proche des copains ? Un copain dont le fils est un délinquant qui croupit en prison. Il faut bien le sauver ce petit rejeton ! Et quoi de plus simple pour ce faire que de porter son père aux sommets pour ordonner aux juges et aux hommes de « lois » de l’innocenter ? Après tout, n’est-ce pas une règle immuable de dame nature, celle qui assure la pérennité de chaque espèce, en la programmant pour protéger ses propres enfants avant tout, quitte à ce que le reste de l’humanité subisse totale extinction ?
Dans cette affaire qui oppose le pays tout entier à une bande décidée à ne rien lâcher, il y a un truc impossible à décrypter ! Celui de ne voir en ces millions de jeunes aux ailes déployées pour chevaucher un meilleur avenir, de meilleurs printemps, que des foules compactes aussi frivoles que des troupeaux de chèvres domestiquées, broutant les rues et le goudron chaque mardi et chaque vendredi, sans but précis.
Avoir suivi les annonces qui se sont succédé, en termes de participation au scrutin, n’a fait que nous rappeler qu’en termes de tazouïr, rien n’a changé depuis Boumediene et ses lieutenants assermentés.
Un taux de participation quasiment nul qui se transforme au gré des heures en 41%, c’est d’une arithmétique imparable ! Il va sans dire que pour cette junte de cocaïnomanes, multiplier zéro par des millions, cela donne des millions ! D’ailleurs, quel écart peut bien différencier leur logiciel de tromperie entre 0.0041 et 41 ? Rien, Nada, Oulach ! C’est ainsi que fonctionne la « logique » du chiffre chez ces manipulateurs aguerris par des décennies de trafics et autres manies.
Est-il difficile de s’imaginer ce qui s’est réellement passé dans les coulisses de ce conseil inconstitutionnel et de ce comité de surveillance qui annonçait au soir du 12 que les résultats ne seraient communiqués que le 16, laissant subodorer une lutte à couteaux tirés entre clans revigorés pour gagner la partie ?
Une bataille rangée par téléphone interposé pas trop difficile à percer :
-Allo si Charfi, annonces Benflis vainqueur à 56% !
-Naâm hadharat !…
Quelques minutes plus tard, le téléphone résonne, le maître d’un autre clan au bout du fil :
-Allo si Mohamed, annonces Mihoubi président à 59% !
-Nâam hadharat !….
C’est tel tempo d’inharmonie au sommet qui a désarçonné Mohammed Charfi pour ne lui donner d’autre choix que de retarder l’annonce de « résultats » en ballottage et rapports de force entre voix musclées.
Vendredi matin Gaïd Salah se réveille irrité. Il décroche son téléphone. D’une intonnation à faire fondre la pastille spirituelle sur le front du président de surveillance de la fraude électorale, il ordonne :
-Asmâa, asmâa, wachnou had et’chwich ? Koulna Teboune, sawfa yakoune ! Aya, harek rouhek, à 64 % !
-Naâm Sidna Gaïd, ma ikoune gheir khatrek !
Le plus abject dans cette folie de déséquilibrés, ce ne sont pas tant ces chiffres falsifiés auxquels ils nous ont habitués, mais le fait d’avoir eu recours à des méthodes qui feraient retourner Machiavel dans sa tombe pour faire déplacer les quelques rares électeurs qui se sont rendus aux urnes jeudi. Il fallait bien greffer quelques branches à un arbuste maigrelet pour cacher la majestueuse forêt de hirakis. Objectif désespéré. Ils ont osé, ils l’ont fait !
Imaginez un peu, un vieux de 92 ans, alité, ne se déplaçant que difficilement. Des proches se rendent à son chevet pour le convaincre d’aller voter en lui faisant croire qu’il risquait de perdre les quelques dinars de pension, voire de courir le risque d’être déchu de sa nationalité !?
Cette anecdote n’est pas un délire ou une imagination sortie d’un crane troublé, mais un fait réel qui s’est déroulé à Alger. Il s’agit de la torture intellectuelle qu’on a fait subir à mon beau-père, au sein même de cette Casbah Bab-el-oued qui se revendique vendredi après vendredi « Imazighen, oua Gaïd Salah dezz m’3ahoum » !
Réflexe conditionné par des années d’oppression et autres charmantes sournoiseries ? Rumeurs propagées ? Agents téléguidés pour porter l’effroi sur les plus fragiles ? Combien sont-ils à avoir voté sous ce genre de pressions psychologiques insupportables ? Dans les années 1970, c’était sous la menace de non-délivrance du passeport ou de l’autorisation de sortie qu’on nous forçait à nous rendre aux urnes. Aujourd’hui, c’est carrément au chantage à la subsistance et au patriotisme qu’ils recourent. Mais où s’arrêteront ces délires de drogués ? Y a-t-il quelconque limite à telle obstination perpétuée par une militaro-FLiN-toxerie de l’indignité qui traverse des décennies ?
Faut-il de dépit ou de rage pleurer ? Seuls Gaïd Salah et Emmanuel Macron ont un cœur de pierre pour le dire ! C’est à croire que l’Algérie est condamnée à vivre sous le joug de vieux inconscients aux cerveaux rabougris, encouragés et félicités par ceux qui perçoivent en eux bonté et alacrité quantifiée en m3 de gaz délivrés par des gazoducs à hauts débits et barils de pétrole livrés en containers saturés.
Ayna el-mafarou dans ce jeu pervers entre un Général qui campe sur des positions de Pharaon et un Jupiter qui n’a de jauge dans la manière d’évaluer l’évolution de sa propre société que celle qui chiffre l’humanité qu’en argent et possessions ?
Entre Gaïd Salah et Emmanuel Macron, y-a-t-il quelconque différence de forme ou de fond dans l’obstination ? Face à des grèves soutenues d’un côté, à des Hirakis déterminés de l’autre, ils doivent bien s’entendre sur les configurations d’expiations à appliquer aux bons peuples de France et d’Algérie, embarqués sur le même radeau de l’impéritie au sommet. Une embarcation à la dérive, une inimitié subie qui ressemble de plus en plus à celle des révoltés du Bounty…
K. M.