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Présidentielle : le vrai taux de participation qui gêne le régime

Présidentielle

En l’espace de 24h, l’ANIE, censée garantir la bonne régularité du scrutin, a semé la pagaille et confirmé les doutes de l’opinion publique sur les véritables chiffres de la présidentielle.

Disons les choses concrètement : les Algériens ont massivement boycotté ce scrutin qui n’est au demeurant qu’une parodie d’élection. Ce scrutin dont la campagne électorale a eu lieu en plein mois d’août est un cinglant revers pour ceux qui dirigent l’Algérie. Tebboune en premier.

23 à 25% de participation

Quel pataquès ! En deux jours, tout est parti en vrille ! C’est dire l’improvisation et l’incompétence qui regnent en haut lieu.

Triomphant, Mohamed Charfi a annoncé dimanche la victoire du chef de l’Etat avec 94,65 % des voix. Allant dans un peu plus de détails, mais pas trop le président de l’ANIE soutient qu’Abdelmadjid Tebboune  a obtenu 5 329 253 voix, soit 94,65 % des suffrages exprimés. Abdelaali Hassani Cherif candidat du Mouvement de la société pour la paix (MSP), a été crédité de 178 797 voix (3,17 %). Quant à Youcef Aouchiche, du Front des forces socialistes, il n’a obtenu que 122 146 voix (2,16 %). Samedi 7 septembre, le même Mohamed Charfi annonçait guilleret que le taux de participation était de 48,03%.

Cependant, il y a un gros lézard dans ces chiffres. Et il est pourtant facile à trouver le bon taux de participation suite aux derniers suffrages donnés. Mohamed Charfi a annoncé 5 630 196 de suffrages sur 24 351 551 électeurs composant le corps électoral. Après un rapide calcul, on arrive à un taux de participation qui oscille entre 23 et 25 %. Guère plus.

Jusqu’à l’heure où nous écrivons ces lignes, l’Autorité nationale indépendante des élections est incapable de livrer le taux de participation au scrutin.

L’islamiste Abderrazak Makri, s’est fendu d’un post sur Facebook qu’il depuis supprimé dans lequel il dénonçait un « gonflement sans précédent du taux de participation dans toute l’histoire des élections algériennes ». Puis il assène : « Le président n’avait même pas besoin de manipuler ce taux, il avait déjà gagné, a-t-il ajouté. Cette falsification du taux de participation retire toute crédibilité au scrutin. »

L’attitude des Algériens dans ce scrutin est exemplaire. Elle est en droite ligne de ce qu’ils ont réalisé pendant les manifestations du Hirak. Pacifiquement, sans bruit, ni trompettes, ils viennent de signifier par une révolution silencieux qu’ils ne veulent plus de Tebboune et de ses parrains.

Aussi, on est en droit de s’interroger sur la pertinence d’un scrutin dont le gagnant est connu d’avance. Pourquoi se livrer ainsi au spectacle, dépenser des milliards pour un évènement qui n’en est pas un ? Si on voulait saboter ce scrutin on ne se serait pas en effet pris autrement. Un vrai camouflet. Le taux brejnevien accordé à Tebboune restera une tache noire.

Avec un boycott à hauteur de 75%, la fracture est immense entre ceux qui décident et la rue. Il y a comme une rupture difficile à combler avec les artifices habituels. La propagande, le mensonge et la terreur ne fonctionnent plus.

Le chef de l’Etat continue-t-il à se gargariser de sa victoire après un revers aussi cinglant  ou se ressaisira-t-il pour être l’homme du moment pour le bien du pays ?

Yacine K.

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