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Présidentielle : Youcef Aouchiche dévoile son programme 

Aouchiche

La scène arrière d'Aouchiche est un message.

Lors d’une rencontre avec les cadres et élus de son parti tenue, ce samedi, au niveau de la salle Ibn Khaldoun à Alger, Youcef Aouchiche, premier secrétaire du Front des forces socialistes, a dévoilé les propositions les plus marquantes de son projet présidentiel dénommé « Vision ». 

Des voeux pieux

Pas de bol pour ce candidat qu’aucun oservateur sérieux ne le croit capable de jouer quelque rôle, hormis celui de faire voter ses proches en Kabylie. Une Kabylie qui avait d’autres préoccupations. Alors même que l’irruptif Aouchiche fulminait et s’emportait tout seul face à un parterre tout acquis, la Kabylie brûlait et faisait face à de terribles incendies.

 Mais penchons-nous sur ce programme quelque peu béotien. « Libérer les prisonniers d’opinion, en usant de ses prérogatives institutionnelles par le truchement de la  grâce présidentielle, retirer ou reconsidérer toutes les lois injustes régissant la vie publique, notamment l’article 87 bis du Code pénal », est la mesure phare politique que compte prendre, s’il est élu président, le candidat du FFS. Tout aussi de bonne foi que puisse être cette mesure, ce n’est certainement pas en cautionnant une mascarade électorale qu’il sera possible de concrétiser.

Youcef Aouchiche s’engage à donner davantage de pouvoirs au Parlement, à travers l’instauration d’un système semi-présidentiel à orientation parlementaire afin d’établir un équilibre efficace entre les pouvoirs et de mettre fin à la domination du pouvoir exécutif sur les autres pouvoirs, comme c’est le cas actuellement. Une promesse qui ne tient qu’avec la réforme de la constitution.

En outre, et dans le  cas où le peuple lui accorde ses suffrages, Aouchiche prévoit de  convoquer des élections générales au cours du premier semestre de l’année 2025.

La révision du fonctionnement de la justice est l’autre ambition du candidat Aouchiche qui  affirme qu’il œuvrerait en faveur de « l’indépendance de la justice, en réformant la Cour constitutionnelle et le Conseil supérieur de la magistrature , et en insufflant équité et équilibre dans le fonctionnement de l’appareil judiciaire afin que tous les citoyens  soient égaux devant la loi. » Louable certes, mais là encore en jouant le jeu d’un scrutin vendu d’avance, le candidat ne fait figure que de miroir d’un système arbitraire qui a fait de la justice une machine répressive.

Sur le plan institutionnel, il s’est déclaré favorable à une réfonte radicale de la gouvernance locale, en consacrant la décentralisation et la démocratie participative, soulignant qu’il accordera plus de pouvoirs et plus d’indépendance aux assemblées locales élues. Il s’engagera, dans le même contexte à créer des pôles économiques avec des prérogatives administratives, tout en créant de nouvelles wilayas et municipalités et en supprimant les  dairas. 

Sur le plan social, il a indiqué qu’il œuvrerait à la réévaluation du pouvoir d’achat en portant le salaire minimum national garanti à 40 000 DZD, en supprimant l’impôt sur le revenu pour les salaires inférieurs à 50 000 DZD et en plafonnant les prix des produits alimentaires. Comment financer toute cette générosité ? Avec l’argent du pétrole sans doute. Voilà qui ne nous change en rien de l’économie de rente qui ravage le pays depuis 60 ans.

Il a ajouté qu’il s’engage à « instaurer un revenu minimum égal à 50 pour cent du salaire minimum national garanti pour tous, et à réévaluer les allocations familiales à 3.000 DZD par enfant, tout en activant le droit à la retraite anticipée après un maximum de trois mois de prise en charge ». 

Concernant le volet économique, il a affirmé avoir « une vision globale pour faire avancer ce domaine et de le sortir une fois pour toutes de la politique rentière mortifère,  en diversifiant l’économie, en améliorant le climat des affaires, en augmentant le volume des exportations, en modernisant le système bancaire et financier, et, aussi, en luttant  contre le marché parallèle et l’économie de bazar. »

Au chapitre de  la culture et de la promotion de l’identité nationale, le candidat Aouchiche a souligné qu’il œuvrera à faire voter une loi organique  consacrant  la reconnaissance officielle de la langue amazighe comme dimension de l’identité nationale, à créer l’Académie de la langue amazighe et la généralisation de son enseignement de façon obligatoire et non optionnelle comme c’est le cas actuellement.

Youcef Aouchiche s’est engagé à créer une agence nationale pour protéger et promouvoir le patrimoine historique algérien, de créer une ville artistique et de développer les arts et le cinéma.

La politique étrangère et la diplomatie figurent en bonne place dans le projet présidentiel du candidat du FFS qui veut insuffler plus de vigueur à la politique étrangère de l’Algérie, à travers une diplomatie offensive, de promouvoir son rôle d’instrument de médiation pour résoudre les conflits internationaux et régionaux, tout en renforçant les zones d’influence de  l’Algerie  en Afrique. Ambitieux. Tout autant que le programme de Tebboune qui a fait l’exact contraire de ses annonces.

Dans un pays où les dés sont pipés, participer à une élection auquelle la majorité de la population ne croit nullement c’est servir de marche-pied à un pouvoir dangeureux. C’est se compromettre dans des calculs policiens digne des comptoirs de cafés. Seulement, la situation générale du pays ne doit surtout pas prêter à ce jeu. La guerre frappe aux portes de nos frontières sud et est.

Samia Naït Iqbal

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