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Présidentielles : la « harga » ou l’orage qui annonçait le naufrage

Harga

La harga illustrée à Oran. Crédit photo : Djamila Oukil

Cet orage répétitif faisait partie des signes avant-coureurs de l’imminence du naufrage. S’il a été capté et ignoré, c’est du cynisme et du machiavélisme primaires ; et s’il ne l’a pas été, il ne peut s’agir que de l’incompétence et de l’inculture politique d’un système qui a montré toutes ses limites, mais qui est indéfiniment et stoïquement maintenu sous perfusion, au détriment des intérêts du peuple, depuis des décennies.

La « harga » disait haut et fort que la liberté et la dignité valaient plus que tout l’or du monde.

Les images étaient pourtant insoutenables avec ces corps flottants ; ou à l’image de ce jeune qui, voyant la mort le tirer vers les fonds marins avait eu la présence d’esprit et le courage d’envoyer un dernier message pour demander pardon à sa mère. Une mère à jamais éplorée parmi des familles par dizaines contraintes à continuer à vivre sans pouvoir faire le deuil de leurs fils disparus, les corps n’ayant jamais été retrouvés.

Un geste à inscrire dans la directe lignée de ce jeune, Kamel Irchène, qui avait écrit le mot « LIBERTE » avec son propre sang sur le mur avant de mourir, assassiné pendant les événements de 2001 en Kabylie.

Gouverner c’est prévoir, dit-on, mais ici il s’agissait seulement de voir et de ne pas nier la réalité qui s’exposait impudemment en face, comme pour réveiller les esprits les plus indécrottables et les consciences les plus endurcies.

La sonnette d’alarme a pourtant été maintes fois tirée, partout dans le pays. Malheureusement, au lieu d’y prêter attention, les tenants du pouvoir continuaient à traiter tous ceux qui critiquaient ou alertaient sur les dangers induits par leur politique désastreuse d’antinationaux, voire de traitres à la nation : L’association « RAJ », la Ligue des Droits de l’homme, les détenus d’opinion, le musèlement de la presse, etc., en sont le parfait exemple.

Il ne faut jamais oublier que « la pression génère toujours l’explosion ».

C’est un crime politique, et ses conséquences sont non seulement économiques et psychologiques, mais aussi chiffrables en vies humaines et en tas de malheurs qui ne pouvaient trouver une échappatoire que dans l’hypothétique chaloupe du départ.

Les pleurs raisonnaient pourtant partout, et les jeunes qui restaient se consolaient par l’alcool, le kif et toutes sortes de drogues, en attendant la délivrance qui ne pouvait venir dans leur esprit que par la mer. Ils ne travaillent et n’épargnent que dans l’objectif de … fuir.

Pourtant, la parenthèse du hirak avait prouvé que les solutions sont toutes simples, et ne demandent aucun investissement : il faut seulement laisser le peuple se réapproprier l’espace, le pays, lui redonner la liberté qui à elle seule peut ouvrir toutes les autres portes de l’espoir. Pendant le hirak, la harga s’est presque arrêtée : les gens se regroupaient,  discutaient, nettoyaient et embellissaient leurs villages et cités, redevenus, -hélas pas pour longtemps, il est vrai-, leur éden tant rêvé. Le tout sans argent ni aucun autre assistanat.

Malheureusement, cette parenthèse s’est vite refermée, et les tenants du pouvoir ont préféré enclencher la marche-arrière et retourner vers les années 70 et sa chape de plomb, alors que la logique disait qu’il fallait au contraire avancer, se projeter dans l’avenir et se jeter dans les bras salvateurs de la liberté et du progrès.

Cet échec criard était annoncé, et on peut même titrer, pour paraphraser Gabriel Garcia Marquez : « Chronique d’un naufrage politique annoncé » !

Enfin, la solution est toute simple : il faut ouvrir les portes aux libertés individuelles et collectives, qui elles ouvriront toutes les autres portes du bien-être psychologique (très important), de la prospérité et du bonheur.

Youcef Oubellil, écrivain

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