De prime abord, l’analyse classique, disons académique, ne peut être fiable pour des élections dont les chiffres et les statistiques semblent obéir à tous points de vue aux édits de l’école soviétique.
Un constat implacable : le désaveu est total et l’esprit des mouvements 1980, 1988, 2001 et 2019 rôde toujours.
La non-satisfaction des revendications de ces mouvements semble orienter le combat vers une autre arène, celle de la défiance par l’abstention ; et l’expression explicite des attentes par d’autres voies : celles que n’altèrent ni la répression ni la chape de plomb qui pèse sur la société.
Les chiffres annoncés ne trompent personne. Ils appellent au contraire à la nécessité vitale d’un changement radical pour sauver le pays « des dangers qui le guettent » comme aiment à le répéter les gouvernants du moment.
Pour les procédés éculés instrumentalisés en Kabylie, les enseignements à en tirer sont que la défiance des traditions locales de lutte et de résistance par « des personnalités » en rupture de ban avec les aspirations locales à la liberté, les droits civiques, l’identité, etc., produit le contraire des effets escomptés.
La Kabylie applique toujours, même si ça peut s’exprimer différemment, « assufegh i tsufiq », en rejetant ceux qui se dressent contre les intérêts de la communauté, comme ça se faisait autrefois.
Enfin, pour résumer, disons que la plus grande leçon à tirer de ces présidentielles est que le déni des réalités conduit à l’impasse.
Ces élections ont confirmé que seule une vraie démocratisation touchant tous les domaines (politiques, économiques, sociaux, culturels, identitaires, etc., et une claire option pour la modernité (En mettant en avant des personnalités jeunes tournées vers l’avenir, tout le contraire de Bengrina) pourront résorber la crise.
Il faut aussi plus que jamais se fier aux personnalités les plus représentatives, et non plus à celles qui montrent patte blanche et se dressent contre les aspirations légitimes du peuple à la démocratie, les libertés individuelles et collectives, le respect des droits de l’homme et le traitement sur le même pied d’égalité des langues et des cultures constitutionnalisées.
L’Algérie peut, il suffit que la volonté politique le veuille !
Youcef Oubellil, écrivain