La rencontre périodique d’Abdelmadjid Tebboune avec quelques représentants de la presse nationale s’est apparentée, une fois de plus, à un exercice de communication institutionnelle bien huilé. Un pathétique monologue.
Face à un chef de l’État qui débitait ses chiffres sans risque d’être malmené, les journalistes présents se sont montrés étonnamment dociles, presque désolés d’interrompre le fil présidentiel. Le ton convenu des questions, l’absence de relance incisive et le manque de contradiction ont donné à cette entrevue l’allure d’un monologue balisé. Aucune question qui fâche. Rien sur les nombreuses promesses présidentielles jamais tenues, rien sur les violations des libertés, les détenus d’opinion, la scène politique anesthésiée, l’isolement de plus en plus prégnant de l’Algérie à l’international…
Or, le rôle premier du journaliste n’est-il pas, précisément, de bousculer l’interlocuteur, de l’amener à sortir de ses éléments de langage et à se confronter aux zones d’ombre du réel ? Cette fois encore, l’occasion a été manquée.
Des angles morts évités
Durant cet échange — plus proche du briefing que du débat — Abdelmadjid Tebboune s’est appliqué à dérouler sa vision de l’Algérie, chiffres à l’appui, sur des sujets aussi variés que la situation économique, la politique étrangère ou encore les réformes institutionnelles. Il a vanté la stabilité du dinar, le retour de la croissance, et les efforts en matière de numérisation et de lutte contre la bureaucratie. Une litanie d’indicateurs positifs qu’aucun journaluste sur le plateau n’a vraiment pris la peine de confronter à la réalité du terrain, ni de remettre en cause.
Les journalistes conviés n’ont pas osé aborder de front les sujets qui fâchent : la répression du mouvement syndical, les restrictions persistantes des libertés, l’étouffement du pluralisme politique, ou encore les zones d’ombre entourant certaines décisions économiques majeures ( commerce du cabas, retard dans l’octroi de l’allocation touristique..). Pas un mot, non plus, sur les affaires de corruption ressurgissant en coulisses ou sur les tensions persistante avec la France sur fond de contentieux judiciaire autour des affaires de Boualem Sansal et de Christophe Gleizes, journaliste emprisonné en Algérie pour « apologie du terrorisme »
Ce silence n’est pas seulement assourdissant : il est symptomatique d’un journalisme sous pression, corseté, ou résigné.
Chiffres maîtrisés, nous dit-il. Des questions évitées
Tebboune a mis en avant la bonne santé économique de l’Algérie, insistant notamment sur la stabilité financière et la souveraineté retrouvée : « L’Algérie a atteint 84 milliards de dollars de réserves. Nous n’avons plus besoin d’endettement extérieur. »
Il a également évoqué la maîtrise de l’inflation : « En 2024, elle était à 9 %, nous avons réussi à la ramener à 4,5 %. » De quel pays parle-t-il donc ? Vit-il réellement en Algérie pour avancer ces autosatisfecit qui transpirent le déni ?
Aucune voix dans la salle ne s’est élevée pour confronter ces chiffres à la vie quotidienne des citoyens, marquée par la baisse du pouvoir d’achat, la persistance du chômage et la précarité sociale croissante. Aucun mot non plus sur les tensions fiscales ou la dynamique réelle de la production hors hydrocarbures.
Diplomatie et sécurité régionale : discours ferme, peu questionné
Sur le plan international, Abdelmadjid Tebboune a réaffirmé l’attachement de l’Algérie à la doctrine du non-alignement. Il a insisté sur l’indépendance stratégique du pays : « L’Algérie n’est un satellite de personne, ce qui nous permet d’être amis avec la Russie, la Chine et les États-Unis ». « Le non-alignement coule dans les veines de l’Algérie, et ça date du sommet de Bandung en 1955. Tous les dirigeants algériens l’ont toujours adopté. »
Face aux inquiétudes liées à l’instabilité régionale, notamment au Sahel et en Libye, le chef de l’État s’est voulu rassurant : « Aujourd’hui, l’Algérie n’est confrontée à aucune menace d’encerclement terroriste dans son espace immédiat. »
Sur la Libye, il a relativisé le danger : « Elle est crisogène pour ceux qui font de la géopolitique. Où est la menace ? La Libye est dans cette situation depuis 2011. Est-ce qu’elle constitue une menace pour l’Algérie ? »
Concernant le Mali, il a rappelé l’ancienneté des tensions : « Le Mali vit une instabilité entre le nord et le sud depuis 1960, et nous sommes intervenus plus d’une fois pour apaiser les tensions. Aujourd’hui que le Mali le considère comme une ingérence, nous ne tenons pas à nous imposer. »
Il a également défendu l’Accord d’Alger : « Je rappelle que ces accords n’ont pas été imposés par Alger. Ils ont été pilotés par l’Union africaine et l’ONU. »
Abordant les questions de sécurité aux frontières, il a été catégorique : « En tant que président de la République, je n’accepterai jamais la présence de mercenaires à nos frontières. C’est une ligne rouge. » Et de préciser que la Russie reste un partenaire stratégique : » La Russie est un pays ami. »
Mais aucun journaliste n’a demandé d’éclaircissements sur les accusations formulées par certains acteurs maliens, qui reprochent à l’Algérie une certaine complaisance à l’égard de réseaux djihadistes opérant dans la région. Pas de question non plus sur les conséquences possibles du rejet affirmé de toute présence de mercenaires aux frontières sur les relations avec Moscou. Les interrogations sur les limites actuelles de l’influence algérienne dans une région pourtant qualifiée de profondeur géostratégique nationale sont, elles aussi, restées sans écho.
Économie : diversification annoncée, questions absentes
Sans contradicteur Tebboune a parlé tout seul pour dire tout ce qu’il voulait sans qu’aucun des journalistes n’ait leur le courage de le pousser dans ses retranchement. Alors bien sûr, il a par exemple annoncé une ouverture économique vers l’Asie : « Un investisseur malaisien est prêt à investir 20 milliards de dollars dans le secteur industriel en Algérie. » Qui ? Quand ? Pourquoi ? Tebboune n’en dit rien. Un investissement de 20 milliards ? N’est-ce pas un peu gros !!!
Il a expliqué la vision graduelle de l’intégration économique : « Dans notre politique d’intégration, l’Algérie donne la priorité à l’intégration interne au niveau national, ensuite à l’espace africain, puis au marché de libre-échange arabe, et aujourd’hui à l’Asie. » Du grand art !
Sur les tensions commerciales avec les États-Unis, il a relativisé : « Ces droits de douane inquiètent ceux qui ont 40% d’échanges commerciaux avec les USA, mais pas nous. Nos exportations vers les USA sont dérisoires. » il ne croit pas s’y bien dire. Comme si ce n’était pas le cas, il aurait faire quelque chose !
Une mise en scène pour lisser l’image présidentielle
Il est clair que le format de la rencontre était destiné à lisser l’image du président. Le montrer serein, ferme, compétent, proche des préoccupations des citoyens.
Mais dans la société, cet exercice semble peiner à convaincre. Sur les réseaux sociaux comme dans les discussions informelles, le scepticisme l’emporte. Ce n’est pas que les Algériens refusent d’écouter : c’est qu’ils n’y croient plus.
En l’absence de véritables débats publics, ce genre de rencontre entretient l’illusion d’un dialogue qui ne prend pas. Les préoccupations concrètes — chômage, logement, libertés, justice sociale — restent à la marge du discours officiel
Une presse domestiquée, une démocratie en trompe-l’œil
À défaut d’un véritable contre-pouvoir médiatique, le pouvoir exécutif continue de peaufiner un récit unilatéral. Cette mise en scène d’un dialogue entre le chef de l’État et la presse donne l’illusion d’un échange démocratique, alors qu’il s’agit davantage d’un discours sans contradiction. Tout semble pensé pour éviter les accrocs, les imprévus, les voix dissonantes.
Aucune question sur la condamnation récente du syndicaliste Lounis Saidi à deux ans de prison ferme, ni sur les multiples atteintes à la liberté d’association, ni sur la marginalisation de la presse indépendante. Et pourtant, le moment aurait été propice à clarifier bien des zones d’ombre.
Une intervention qui ne fera pas date à l’international
Sur le plan international, l’intervention du président Tebboune n’a pas davantage suscité d’échos. Aucun grand média étranger n’a relayé ses déclarations, pourtant présentées comme stratégiques, sur la politique régionale ou l’économie nationale. L’absence de traitement médiatique extérieur dit tout : cette sortie présidentielle ne fera pas date.
L’Algérie, bien que centrale dans certaines dynamiques régionales (notamment sahélo-sahariennes ou énergétiques), reste absente du radar médiatique international en dehors des grandes crises ou annonces retentissantes. Le style statique de cette intervention, l’absence d’éléments nouveaux, le manque d’ouvertures concrètes ou de gestes symboliques forts ont contribué à son invisibilité sur la scène internationale.
Ce silence médiatique étranger, couplé à la réception mitigée au niveau national, souligne une réalité que le pouvoir semble feindre d’ignorer : communiquer ne suffit pas à gouverner. Surtout lorsqu’on parle seul, entouré d’interlocuteurs qui n’osent plus poser les vraies questions.
Samia Naït Iqbal
En tant que français, je constate qu’il y a quand même des journalistes lucides et courageux pour juger ce régime. Ce qui n’est pas le cas de notre cher président français, ni de notre diplomatie, incapables de faire libérer nos 2 compatriotes.
Mais Monsieur Grosbois, il n’y aucune question de fond posée pas ces journalistes, ils l’ont laissé débité ses mensonges point barre.
En tant que FrancoAlgerien (je clame franco je suis ALGÉRIEN ) ce brizidên qui dit une chose et son contraire et qui dit tout et n’importe quoi et que pour tout observateur doté d’un minimum de lucidité son cas relève de la psychanalyse…Quand il dit que l’ALGERIE est l’amie des USA qui participent manu militari au génocide des palestiniens des Chinois qui persécutent à tout va …Et les Russes qui bombardent sur tout ce qui bouge …!
Cher journaliste Samia Naït Iqbal vous avez oublié de relever aussi évoquer l’absence de question sur le grave problème politique identitaire qui se pose à l’Algérie depuis 1962 et qui s’aggrave depuis feu Gaid Salah et l’ère Tebboune. Vous avez aussi oublier de relever l’absence de question sur l’islamisation rampante voire totale de la société algérienne, la progression de l’islam politique avec sa regression culturelle. Je sais qu’une bonne partie des algériens trouve un salut dans la religion et craignent de rater la paradis en refusant à la base la séparation du politique et du religieux mais quand même. Avec tous mes respects.
Ce que j’ai pu remarquer sur le peu de temps que j’ai écouté ce monologue, c’est que le président devient compréhensif quand il s’exprime en français, ce qui est paradoxal pour quelqu’un qui veut bouter la langue française du pays.
ET biensur…En Italie… Ils ne sont meme pas arrive’ a trouver le moindre chat pour lui traduire l’Italien ou inversement traduire ses blaglublug vers l’Italien… C’est la Meloni qui l’ai en Francais !!!
C’est un gros menteur. Teboune est un menteur pathologique ! Un mythomane, prêt à tous les mensonges pour sauver son fauteuil.
3 gros mensonges :
– Les 20 milliards d’investissement malaisiens. C’est faux, c’est un mensonge abjecte et immonde. D’abord, les projets malaisiens n’en sont qu’au stade de la discussion (quand on sait que ce régime met 15 ans en moyenne pour valider un oinvestissement)… Ensuite, le chiffre d’affaire de l’entreprise malaisienne concernée est de 3 milliards de dollars… Comment pourraient ils investir 20 milliards ? L’entreprise a fait un communiqué à la suite de cette interview pour préciser que jusqu’ici, rien n’a été décidé. Quelle entreprise voudrait investir dans un pays dirigé par un menteur ?
– 80 milliards de réserve de change ? C’est un mensonge. Nos réserve de change actuellement sont en dessous de 40 Milliards. Elle ont été divisé par 2 en moins de 3 ans dans un contexte où ni on importe ni on investit… Où est passé cet argent ? En Turquie ? Dans les comptes bancaires des généraux ?
– Taux d’intégration de Renault à 5 %. Gros mensonge encore. C’est un chiffre sorti de nul part. Selon les experts sérieux, le taux d’intégration de Renault était d’une moyenne de 15 % avec un pointe à 27 %. Ce que Teboune, le menteur abject, le tyran répugnant, ne dit pas aux algériens c’est que le taux d’intégration ne dépend pas du constructeur mais du réseau de sous traitants et d’équipementiers. Ce réseau dépend des compétences économiques et de la volonté politique de notre gouvernement et de son Président. Or nous savons que le chef de l’Etat et le chef de l’armée ne veulent pas voir se développer notre économie.