Lors de la conférence de presse tenue à l’Hôtel de la Région à Marseille le 28 octobre, le PriMed 2025 a dévoilé sa sélection officielle. Du 29 novembre au 6 décembre, Marseille sera le théâtre de 25 films venus de 15 pays méditerranéens, parmi lesquels 7 inédits en France et 16 réalisés ou co-réalisés par des femmes.
Plus de 30 heures de projections gratuites, avec 20 séances en présence des réalisateurs et 8 séances destinées aux jeunes spectateurs, offriront un regard vibrant et pluriel sur la Méditerranée d’aujourd’hui.
Au cœur de cette édition, La Promesse d’Imane, de Nadia Zouaoui (Canada/Algérie, 52 min, 2024), illumine la programmation. Imane, jeune féministe algérienne de 26 ans, est retrouvée morte dans son appartement. Son blog, intime et politique, racontait la lutte contre les violences faites aux femmes dans un pays où elles sont souvent considérées comme mineures à vie. Avec ce film, Nadia Zouaoui restitue cette voix disparue et l’héritage de son combat, transmis à d’autres voix, d’autres flambeaux. Née en Algérie et installée au Québec, Zouaoui mêle mémoire et engagement, intimité et universel, chaque plan devenant souffle, chaque regard cri.
Le PriMed 2025 fait également résonner les luttes citoyennes et environnementales. La photographe sicilienne Letizia Battaglia, qui a défié la mafia et l’omerta, inspire des combats semblables dans tout le bassin méditerranéen. Que ce soit la dénonciation de la pollution d’une cokerie en Bosnie-Herzégovine (Le Ciel au-dessus de Zenica), ou la mobilisation contre la ligne Lyon-Turin (Transalpin), artistes et militants mettent en images leurs engagements, éveillant les consciences et dessinant des chemins pour un futur commun.
La guerre et la mémoire traversent également la sélection. Dans I Believe the Portrait Saved Me, un simple dessin sauve la vie du peintre Skender Muja au Kosovo. Dans Green Line, Fida, enfant pendant la guerre civile libanaise, part à la recherche d’un milicien qui l’a un jour menacée. Dans Algérie, sections armes spéciales, appelés français et descendants de victimes croisent leurs histoires, tissant une trame où souvenirs et questions s’entrelacent.
Le festival ne néglige pas les espoirs et récits de jeunesse. Echoes from Borderland, A Vol d’Oiseau et Born to Fight racontent les périples, les migrations et les rêves de jeunes femmes et hommes prêts à tout pour un avenir meilleur. D’autres films explorent la solitude et les fractures sociales, comme Je suis la nuit en plein midi, Bosco Grande ou Alice par ci, par là, offrant un regard sur les invisibles et les oubliés.
Le PriMed 2025 remettra 12 prix, décernés par un jury international présidé par Daphné Rozat, par les chaînes de télévision et par plus de 3 000 lycéens du bassin méditerranéen. La cérémonie aura lieu le vendredi 5 décembre à 16h30 au cinéma Artplexe Canebière, ouverte au public et en présence des réalisateurs.
Au PriMed, la Méditerranée devient un miroir poétique et engagé. Chaque film, de La Promesse d’Imane à Transalpin, de Le Ciel au-dessus de Zenica à I Believe the Portrait Saved Me, transforme les vagues en voix, les rivages en combats, et rappelle que mémoire, engagement et espoir continuent de traverser nos générations.
Djamal Guettala

