Lancée par Berbère Télévision au début de l’année 2025, la première édition du Prix du roman amazigh marque une étape fondatrice pour la reconnaissance de la création littéraire en tamazight. Trois finalistes sont en lice, et un seul recevra la récompense le 28 juin prochain. Doté de 500 000 dinars, ce prix veut installer durablement la langue amazighe dans le paysage littéraire national.
Le Prix Berbère Télévision 2025 du roman amazigh franchit une étape décisive avec l’annonce par la chaîne de télévision d’expression amazighe de sa shortlist officielle. Trois finalistes ont été retenus parmi huit romans en compétition. L’un d’entre eux sera désigné lauréat le 28 juin prochain, lors d’une cérémonie très attendue.
Les trois romans finalistes sont : » Aggus » de Farida Sahoui, publié chez Talsa Éditions ; « Tigusa ntissas » de Rachida Ben Sidhoum, paru aux Éditions Imtidad et « Tawkilt tamcumt » de Rachid Tighilt, également publié chez Éditions Imtidad.
Les œuvres ont été sélectionnées sur la base de critères linguistiques, littéraires, historiques et socioculturels, définis par un jury pluridisciplinaire composé de cinq membres : un romancier confirmé qui a aussi la qualité de critique littéraire journalistique, des universitaires spécialisés en linguistique et en littérature ( T. Ould Amar, Allaoua Rabhi, Ramdane Achour, Hacene Harlouane et Salhi Mohad Akli)
« Pour une langue encore en phase de normalisation comme le tamazight, l’expertise linguistique est cruciale dans l’évaluation des manuscrits », souligne Takfarinas Nait Chabane, présentateur dune émission littéraire sur la chaîne et commissaire du Prix.
Un prix modeste aux ambitions grandes
Doté d’une récompense de 500 000 dinars, le Prix Berbère Télévision distingue un seul lauréat, sans classement secondaire. « Il n’y a ni deuxième ni troisième place. Un seul roman sera primé », précise T. Nait Chabane. « Le lancement de ce prix intervient à un moment où la production romanesque en tamazight connaît un développement phénoménal et inédit », a encore déclaré le commissairedu Prix.
Outre la dotation financière, l’auteur primé bénéficiera d’une large promotion sur les antennes de BRTV, et d’une visibilité accrue au sein des cercles littéraires.
Un jalon pour la littérature amazighe
Le prix se veut complémentaire aux distinctions existantes, comme le Prix du Président de la République pour la littérature et la langue amazighe, le Grand Prix Assia Djebar, ou encore le Prix Mohammed-Dib. Il vise à soutenir la création littéraire en tamazight, plus particulièrement dans le genre romanesque, encore relativement jeune dans ce champ linguistique.
Pour cette première édition, seules les œuvres publiées en 2024 étaient éligibles. Un neuvième roman, publié en 2001, a été écarté pour non-conformité au règlement. Les organisateurs annoncent que la prochaine édition portera sur les publications de l’année 2025. Les œuvres doivent être exclusivement en graphie latine.
Une dynamique médiatique et culturelle
En amont de la désignation du lauréat, BRTV a déjà diffusé une émission spéciale consacrée aux huit romans en lice, offrant une vitrine précieuse aux auteurs, souvent peu connus du grand public. En instaurant ce prix, la chaîne communautaire entend stimuler la création, susciter des vocations et ancrer durablement la littérature amazighe dans le paysage culturel national.
L’ambition est claire : faire du roman amazigh un outil de mémoire, d’expression identitaire et de dialogue culturel, à la hauteur de la richesse plurielle que porte cette langue. Si les moyens restent modestes, la portée symbolique, elle, est immense. Verdict attendu le 28 juin.
La rédaction