Mercredi 10 octobre 2018
Prix Sakharov : le Rifain Nasser Zefzafi «shortlisté ! », le makhzen s’affole
La déflagration est ressentie de l’autre côté. Zefzafi’s shortlisting is a victory for those who promote democratic values and the rule of law in Morocco, » écrit Lola Sánchez Caldentey (@LolaPodemos).
L’effervescence à son paroxysme au sein des services de renseignement et des lobbyistes de la monarchie dans les institutions françaises.
Déjà, lors de sa nomination comme candidat au prix symbolique convoité, les porteurs de cette initiative l’ont associé à l’ensemble des revendications exprimées par les différents Hirak un peu partout au Maroc. Ainsi, Marie-Christine Vergiat, députée européenne du Front de Gauche, France, déclare : “Avec cette nomination, nous voulons montrer notre solidarité avec le peuple marocain qui exige la justice sociale, les droits de l’homme et la dignité”.
Il ne s’agit pas ici d’un écrit triomphaliste ou de victoire définitive mais si cette short list est un coup porté au Makhzen et à ses services de renseignements qui ne lésinent pas des moyens de toute sorte pour contenir cette visibilité devenue gênante en haut lieu.
C’est une étape dans une confrontation telle que le fait BDS, toute proportion gardée et similitude à préciser, vis-à-vis d’Israël dans le combat contre l’exploitation des terres palestiniennes devenues colonies.
A cet égard, et comme je l’a indiqué dans mes notes d’Al-Hoceima cet été, il s’agit bien d’une colonie militarisée et endiguée dans la vision sécuritaire d’un régime aux abois dans de nombreuses régions du Maroc.
C’est donc à cette portée et à ses effets que nous accordons toute l’attention nécessaire.
De quoi Nasser Zefzafi est-il le nom ?
A cette question, Nasser Zefzafi répond : « Je m’appelle Nasser Zefzafi et je suis, comme les autres personnes qui défilent dans la rue, un simple citoyen. Comme eux, je subis la même humiliation et la même injustice persistantes dont cet État se rend coupable jour après jour. L’État et sa politique ont entraîné la mort de notre camarade Mouhcine Fikri. L’État marocain poursuit une politique de répression économique, sociale et culturelle des Rifains. Aujourd’hui, nous répétons : c’en est assez !
Je suis donc, en bref, un Rifain de la province d’Al-Hoceima et je ne suis pas d’accord avec cette tyrannie qui perpétue cette dynamique de la violence ».
Mais il va plus loin, Tout d’abord, c’est parce que l’État marocain emploie ses journalistes pour contrer ces manifestations pacifiques. Pour la réprimer, l’État assombrit et manipule la réalité. Il a une phobie du journalisme objectif et entrave la diffusion d’informations honnêtes.
Et puis, Il s’agit de droits qui reviennent à la population du Rif. D’exigences d’ordre économique, politique et culturel prévues par la loi, à savoir la création d’emplois, d’hôpitaux équipés en état de fonctionnement, d’une université où les gens puissent étudier.
De plus, la région du Rif est considérée comme une zone militarisée depuis l’indépendance du Maroc, proclamée en 1956. À tout moment, l’armée a son mot à dire dans la région. On peut la comparer à une zone de guerre où l’armée peut se déployer dès que le roi le souhaite. Et seul le roi peut abroger cette loi. C’est pourquoi nous exigeons explicitement la levée de la militarisation du Rif. Nous avons compilé toutes nos exigences dans un dossier qui a été remis à l’État.
Nasser Zefzafi concentre donc dans sa région tout ce que le peuple marocain a de doléances face aux politiques de ségrégation entre un Maroc utile et un Maroc inutile, politiques héritées du colonialisme français.
La panique au plus haut niveau de l’Etat marocain
Tout un chacun est au fait que le Maroc aime se présenter comme un pays démocratique en plein essor, comme un pays qui connaît une nouvelle ère démocratique et qui a laissé la sombre ère de Hassan II derrière lui. Mais le Rif, comme Jerada, Sidi Boualam ou Zagora et nous en oublions sûrement, ont montré un autre visage hypocrite que le Maroc présente au monde extérieur.
Mais l’appareil de l’Etat monarchique n’aime pas que cette image soit écornée. Les signes de panique sont nombreux :
De « l’implication directe d’éléments étrangers dans le Hirak Chaabi apparaît dorénavant comme une évidence que nul ne peut nier. » de la bouche d’un ministre, aux déclarations des sbires de la monarchie comme celle qu’a relayé le site Wake up Info, bien connu par son « baltagisme névrotique » :
« Ce terroriste de Zefzafi, un fervent adepte de Daesh, sortie du néant, a tenté de débaucher dans son sinistre aventure les jeunes et les moins jeunes de cette région marocaine pour y instaurer un califat islamique avec l’aide de certaines parties connues pour leur hostilité viscérale à l’endroit du Maroc et s’offrir au passage un statut social. ».
Ou le dénigrement des eurodéputés qui soutiennent les mouvements sociaux au Maroc, comme le fait si bien le pseudo intellectuel (et le mot est élogieux tellement le personnage sonne creux), qui souffre d’un ulcère aux mine sets, Farid Mnebhi, en déclarant ceci sur Marie-Christine Vergiat, « Ainsi, cette eurodéputé de la gauche radicale, prétendant tout connaître du Maroc, sans pouvoir même le situer sur une carte, ne s’est pas privée de stopper le professeur de droit français Charles Saint Prot et de le faire expulser de la salle. Belle leçon de pratique démocratique de l’eurodéputée française !
Panique à bord ! »
Mais cela ne s’arrête pas à la communication !
Dans un texte publié par le site Maroc-Leaks (1), l’auteur écrit : « La DGED, et les autres services, est entrain de lutter pour saboter la candidature de Nasser Zefzafi au prix Sakharov et encore plus saboter une victoire éventuelle, avec l’immense capacité de nuisance qu’on leur reconnait !
Le Maroc officiel et le Maroc invisible tremblent à l’idée de voir l’un de leur prisonnier, humilié, torturé et maltraité, honoré par une institution européenne aussi prestigieuse que le Parlement. Rien que la qualification pour la phase finale porte un coup dur à l’image de « l’état de droit » présumé, qu’ils ne cessent de s’attribuer faussement et commercialiser urbi et orbi. Une image savamment entretenue en puisant dans une caisse noire qui atteint des milliards de dirhams, et sur laquelle le contribuable n’a aucun contrôle. »
Le Maroc continue de débourser des millions de dollars et d’euros en vue d’effacer tout ce qui ternit son image. Et pour cela, il débauche des pseudo-journalistes upgradés en journalistes d’investigation à sa solde comme il l’a fait avec Richard Miniter, un simple bloggeur qui a touché 20.000 dollars pour cet article dans le cadre d’un programme de lobbying, qui n’a rien donné.
Les services de sa Majesté n’hésitent devant rien. Et surtout auprès des institutions européennes ! Et pour cela, la chancellerie marocaine n’hésite pas à faire appel à son homme lige, qui n’est autre que le Frontiste (FN) lobbyiste de la monarchie patenté au sein de l’hémicycle Aymeric Chauprade, et qui le représentant d’un courant politique haineux et nauséabond, pour collecter, informer et pourquoi pas contribuer à l’analyse des informations sur l’activisme des soutiens au Hirak et à la candidature de Zefzafi. D’ailleurs, Chauprade n’agit pas seul. Il est accosté par son amie Anna Maria Stame Cervone de l’Internationale démocrate-chrétienne, une spécialiste de la défense des intérêts de la monarchie dans les instances internationales.
Sans oublier les tentatives de corruption des eurodéputés, contreparties en comptes rendus terrain de leurs activités protégées par les services de renseignement français entre autres, …
Il ne serait pas étonnant si ces mêmes services s’attaquaient aux activistes sur le Hirak dans les prochains jours comme au bon vieux temps. Car la DGED, et les autres services, est en train de lutter pour saboter la candidature de Nasser Zefzafi au prix Sakharov et encore plus saboter une victoire éventuelle, avec l’immense capacité de nuisance dont ils disposent et qui plus est, elle est couverte par ses partenariats en renseignement avec des services d’Etats de l’Union.
M. B.
(1) Rachid Oufkir,
DGED Direction Générale de Contre-Espionnage Marocaine