Devant les députés de l’APN, le ministre de l’intérieur, des collectivités locales et de l’aménagement du territoire, a accusé le Maroc, sans le citer d’être derrière la propagation du fléau de la drogue en Algérie.
Répondant à une question orale d’un député, durant la plénière de jeudi 13 avril 2023, Brahim Merad a indiqué qu’une véritable guerre est déclarée à l’Algérie à travers l’afflux de quantités importantes de différents types de drogues et de psychotropes, à partir des frontières ouest du pays.
«L’Algérie est visée à travers les drogues et fait face à une guerre menée par son voisin de l’ouest», dira en substance le ministre qui appelle à la constitution d’un front intérieur pour faire face à « cette guerre avec tous les moyens, à travers l’association de tous les secteurs et organes spécialisés ainsi que la société civile», saluant, au passage, «les efforts colossaux de l’Armée nationale populaire et des différents corps de sécurité dans la lutte contre ce phénomène et la protection de nos frontières de toutes les formes de criminalité».
32 742 affaires élucidées impliquant 37 352 individus
Les opérations menées par les services de sécurité contre ce phénomène ont donné lieu à « l’élucidation de 32742 affaires durant le premier trimestre de l’année en cours impliquant 37352 individus», révélé Brahim Merad qui précise que ces opérations ont permis la saisie de 2,5 tonnes de cannabis et 17 kg de cocaïne et près d’un kg d’héroïne ainsi que 3,5 millions comprimés psychotropes.
Durant l’année 2022, les services de sécurité ont mis au jour « un total de 85538 affaires relatives aux crimes liés à la drogue impliquant 97863 individus, dont la majorité des jeunes donnant lieu à la saisie de 5 tonnes de cannabis, 22 kg de cocaïne, 8,5 kg de héroïne et plus de 7 millions de différents comprimés psychotropes », a précisé le ministre qui parle d’un bilan «lourd et grandissant», nonobstant la mobilisation et la vigilance des services et des institutions de l’Etat pour faire face à la prolifération de la drogues et des produits stupéfiants.
Dans ce cadre, le ministre a affirmé que ses services en coordination avec les différents secteurs concernés «ont élaboré une stratégie nationale globale et équilibrée, visant essentiellement à endiguer l’écoulement de stupéfiants, tout en œuvrant à la réduction de la demande avec la garantie d’une prise en charge efficace des toxicomanes en matière de traitement et d’insertion sociale, sous la supervision d’un groupe de travail spécialisé dans la prévention contre ce phénomène.
Dans le même contexte, il a rappelé «la mise en place d’une stratégie nationale de prévention contre les bandes de quartiers, s’étalant entre 2023 et 2026 sous la supervision d’une commission nationale qui constitue un élément essentiel dans la lutte. Elle vise l’adoption de mécanismes de vigilance et d’alerte et de détection précoce, l’information, la sensibilisation et la garantie d’une couverture sécuritaire».
Prévention et sensibilisation
Dix mille deux cent soixante et un actions de sensibilisation ont été menées en 2022 par les services de police qui ont également déployé 2.589 autres actions au cours du premier trimestre de 2023, selon le ministre qui relève l’implication des citoyens dans ces actions de lutte et de prévention, en informant les services concernés sur le cas de trafic de drogue.
La stratégie déployée pour endiguer ce phénomène passe aussi par révision du cadre juridique, à travers sa modification, l’introduction de nouveaux textes visant à renforcer les outils juridiques existants et la mise en place de formations spécialisées pour développer les capacités et les qualifications des éléments de la Police judiciaire en matière d’enquête criminelle et la création de services spécialisés dans la lutte contre le trafic illicite de drogue, la cybercriminalité, le trafic d’êtres humains et le crime organisé dans toutes ses dimensions.
S’agissant de la prise en charge des toxicomanes, le ministre a affirmé que le nouvel amendement apporté à la loi renforcera la coordination avec d’autres secteurs comme celui de la Santé. Ce qui se traduira par la mise à disposition de centres de désintoxication, et l’extinction des poursuites judiciaires à l’encontre des consommateurs de drogues qui se seraient soumis ou auraient entamé un traitement de désintoxication.
Samia Naït Iqbal