Samedi 22 février 2020
Protesta An II jour 1 : « Indépendance ! Indépendance ! », scandent les marcheurs
C’est dans une ville apocalyptique frisant l’état de siège que se sont déroulés les manifestations durant la journée nationale du Hirak « béni » d’une bien singulière façon par le président Tebboune, le Premier ministre Abdelaziz Djerad, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement Ammar Belhimer : canons à eau, bousculade, blocage de rues et de circuits, folles poursuites dans les ruelles, blessés, barrages filtrants aux attentes interminables à l’entrée d’Alger, gaz lacrymogène à Oued Souf etc…
Jour anniversaire de la révolution populaire mais aussi de rupture avec le régime aujourd’hui. Dans les rues d’Alger on ne pouvait plus circuler, évoluer. Les marcheurs sont contraints à rester immobiles durant des heures. Il y a foule très dense, ayant dépassé toutes les estimations. Le nombre de manifestants dépasse à l’œil nu et de loin celui de la veille lors de la 53e marche du vendredi.
Les manifestants entament leur procession dès 10h le matin. Ils crient : « Istiqlal ! Istiqlal ! echa3b yourid is9at ennidam » i.e. Indépendance ! Indépendance ! Le peuple veut la chute du régime. Réclamant un Etat civil et non militaire ils ne cessent de dénoncer l’illégitimité du Président en le fredonnant.
Bloqués au niveau du siège du RCD, et empêchés de continuer leur périple, ils empruntent les ruelles perpendiculaires. En vain…
Freinés dans leur élan de liberté ils décident de s’élancer vers El Mouradia (Présidence de la république) en criant : « makach silmya makach silmya el masira lilmouradia » i.e. pas de pacifique, pas de pacifique, marche vers la présidence.
Les plus jeunes courent à travers les ruelles vers le Golfe (El Mouradia). A Ghermoul, Bobillot, sur le Boulevard des martyrs et les rues attenantes des brigades anti-émeutes barrent les accès à la présidence aux marcheurs dont certains portent une pancarte sur laquelle est inscrit en arabe : nous sommes révoltés.
La police a sorti les grands moyens pour endiguer la marche et charge les manifestants. Grenades assourdissantes, camions lance à eau… Et de nombreux manifestants ont été bastonnés par les policiers.
En ce premier jour de l’An II de la protesta les autorités semblent tout aussi fermées, aveugles et sourdes que le premier jour de l’An I.
Le Président, lors d’une conférence de presse, a déclaré que le Hirak avait obtenu tout ce qu’il avait demandé. Apparemment cela ne semble pas être le cas.