24 novembre 2024
spot_img
AccueilChroniquePurges et arrestations : le tonneau des Danaïdes

Purges et arrestations : le tonneau des Danaïdes

REGARD

Purges et arrestations : le tonneau des Danaïdes

Où va s’arrêter ce feuilleton de purges et d’arrestations ? Jusqu’où ira la main de la machine de la justice, laquelle s’est pourtant endormie, rappelons-le, depuis plus de vingt ans à propos de graves abus d’autorité, de corruption massive ayant gangrené les institutions de l’Etat et de prédation des biens de la collectivité ?

Quelles sont les perspectives futures des autorités pour dénouer la crise qui secoue le pays depuis maintenant plus de deux mois ? Puis, pourquoi celles-ci s’accrochent-elles encore d’une façon aussi obsessionnelle que déprimante à une échéance présidentielle que toute la rue rejette ?

Les questions pullulent et les réponses sont loin d’être faciles, dans cette Algérie en pleine ébullition révolutionnaire. Redevenu le centre concentrique de décision dans la haute hiérarchie du système après la chute de Bouteflika, l’état-major de l’armée est confronté aujourd’hui à un choix cornélien : soit suivre et appliquer à la lettre la Constitution, quitte à s’attirer les foudres de la rue, soit la négliger pour transmettre le pouvoir en mains propres au mouvement populaire, défiant le risque de se retrouver dans un vide politique difficile à gérer.

 

- Advertisement -

Entre-temps, dans une tentative désespérée de satisfaire la vox populi, il invite les Algériens à assister, malgré eux, à la retransmission en direct de vidéos et d’images de personnalités accusées de complot contre l’autorité de l’Etat, qui montent les marches du tribunal militaire de Blida comme allant en villégiature en montagne.

D’ailleurs, certains internautes désabusés n’hésitent pas à faire, sur le ton de l’ironie, le parallèle avec les stars du cinéma hollywoodien qui montent, sous les flashs des caméras du monde entier, les marches du festival de Cannes.

Etrangement, la justice que réclamaient, en vain, mes compatriotes depuis des décennies, s’est transformée, en quelques jours seulement, en point de mire des officiels du pays.

Du coup, tous les regards se tournent depuis l’arrestation du trio Said Bouteflika-Médiène-Tartag, puis maintenant de la leader du Parti des travailleurs Louisa Hanoune, vers ce qui reste des armoiries d’une justice longtemps détournée de sa fonction de base : combattre les injustices et assurer le bon fonctionnement de l’Etat de droit. Sans doute, les nôtres auront droit dans les jours, voire les semaines qui viennent à un autre lot de surprises, plus invraisemblables les unes que les autres.

Tout ce remue-ménage de la nomenklatura ne rappelle-t-il pas curieusement le mythe grec du tonneau des Danaïdes, de l’histoire de ces femmes condamnées à remplir d’eau, pour l’éternité, un tonneau percé, pour avoir assassiné leurs maris la première nuit des noces ? Notre cas n’en est pas loin à proprement parler. D’ailleurs, nos officiels n’ont-ils pas assassiné à plusieurs reprises cette démocratie qu’ils tentent désespérément de réhabiliter aujourd’hui via des scénarios fades, en trompe-l’œil ?

 

Auteur
Kamal Guerroua

 




LAISSEZ UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

ARTICLES SIMILAIRES

Les plus lus

Les derniers articles

Commentaires récents