A Khenchela (dans le fier pays chaoui) la révolte gronde en ce 18 février contre la candidature de Bouteflika. Des milliers d’habitants sont vent debout contre le cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika en s’en prenant à un de ses nombreux portrait géants suspendu sur un des édifices de la ville.
Deux jours avant, des centaines de personnes ont marché samedi 16 février, à Kherrata dans la wilaya de Béjaia, pour dénoncer le 5e mandat que voulait imposer le clan Bouteflika. Aucun appel n’est à notre connaissance n’est lancé publiquement. Des centaines d’Algériens qui ont senti l’humiliation au travers de cet énième mandat pour un président malade ont décidé de se lever comme un seul homme pour arrêter la mascarade.
Khenchela a repris fièrement le flambeau. Ils étaient des milliers à l’occasion du passage de Rachid Nekkaz dans la ville. Remontés comme des montres suisses à la suite de la provocation du maire de la ville, un millier de jeunes Chaouis ont rejoint la mairie et ont tout simplement retiré le portrait de l’actuel locataire d’El Mouradia ainsi que l’énorme drapeau que les fonctionnaires ont suspendu à la hâte avant l’arrivée du candidat à la candidature, Rachid Nekkaz.
Plusieurs centaines de citoyens, jeunes et moins jeunes, ont assisté à cet acte qui résume à lui seul la colère profonde des Algériens de voir Bouteflika reconduit pour un autre mandat. C’est une première en matière d’arrachage de portraits du locataire du pouvoir.
Les partisans de Bouteflika n’ont pas pu réagir puisqu’ils ne sont qu’une minorité infime à Khenchela. Depuis plusieurs semaines, les manifestations pacifiques pour dire non à une énième candidature de Bouteflika se multiplient un peu partout dans le pays.
Quelques jours plus tard, c’est toute l’Algérie qui se lève comme un homme pour pousser Bouteflika à la sortie. Durant plusieurs mois, des millions de manifestants sortaient pour réclamer le changement de gouvernance et de système. Pendant ce temps, l’Etat profond se réorganisait. Après deux échecs, Gaïd Salah et son clan réussissent à organiser une mascarade présidentielle pour introniser en décembre 2019 Abdelmadjid Tebboune, un homme sans envergure ni projet de société. La répression s’abat alors sur les manifestants. La suite : des centaines de prisonniers politiques, l’arbitraire au grand jour et une économie dirigée au doigt mouillé. En attendant une prochaine révolution populaire, le désespoir a gagné les Algériens…
Sofiane Ayache