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Quand la cause palestinienne sert l’autoritarisme des régimes arabes

Ligue arabe
La Ligue arabe, syndicat de dictateurs, qui n’a jamais fait avancer la cause palestinienne.

Force est de constater que ces Etats dits arabes veulent, hélas, s’accaparer la cause de la Palestine pour cacher leurs failles intérieures : la non-démocratie, le culte du chef, le tribalisme, la corruption, l’absence de libertés individuelles et collectives, etc.

Tout le malheur est là! Et puis, il y a une grande différence, voire une séparation entre les peuples et les Etats. Un divorce consommé qui en dit long sur l’abcès putride des pouvoirs militaro-monarcho-monolithiques coupés de leur base populaire, donc, de la réalité de leurs sociétés respectives.

Libérer Gaza ou la Palestine de l’Apartheid israélien est aussi légitime que libérer les peuples respectifs de la tyrannie des despotes qui les privent des libertés. Dans la rhétorique médiatique arabe, on parle de « kayane assouhyouni » (entité sioniste).

Or, la réalité qu’on voit sur le terrain est autre : il y a bel et bien un Etat sioniste avec des institutions bien assises, un arsenal nucléaire, le seul à ma connaissance au Moyen-Orient, et presque le second derrière celui de la France en Méditerranée, une économie prospère, une vie démocratique assez participative et dynamique.

Israël bombarde la Syrie, silence de la Ligue arabe

Quel pays arabe ou musulman peut, à l’heure où j’écris ces lignes, au moins prétendre, avoir un Silicon Wadi, comme celui des Israéliens ? Aucun. Ce Silicon Wadi, à l’image de Silicon Valley américain de la Californie, situé à Tel-Aviv et ayant des succursales partout à Haïfa, Jérusalem, Petah Tikva, etc, est l’un des grands centres de High-tech dans l’espace du Moyen-Orient, et même en Méditerranée, lequel a rendu Israël célèbre comme la grande « start-up nation » au monde.

Il emploie, rendez-vous compte, plus de 36.000 cadres techniques et industriels venus des différents horizons de la planète. On ne peut avancer qu’avec la science et voilà que ce défi est, semble-t-il, pris à bras le corps par les Israéliens dont l’Etat est qualifié par la plupart des Etats arabes de « kayane » (entité sioniste)!

Toute la complexité de la chose est là : ces Etats dits arabes veulent avancer sans la science, c’est-à-dire pour être moins courtois, avec l’ignorance. Ils veulent avancer avec les réflexes de l’ère de la « Djahiliya », avec la culture du zaïmisme, de beni-aâmisme, béni oui-oui, etc, laquelle ronge leurs sociétés de l’intérieur telles des métastases cancéreuses. Corruption, fuite de cerveaux, des milliards de dollars dépensés dans des projets sans utilité publique, aussi bien chez les monarchies du Golfe que dans l’espace orientalo-occidental qui englobe l’Afrique du Nord.

Or, la société ne peut prospérer qu’avec le SAVOIR (toutes les lettres du mot sont en majuscule ici), parce que, de mon point de vue, la science devrait être sacralisée dans la conscience de la société. Et quand la science est sacralisée, il y aura forcément une prise de conscience des enjeux du progrès, et qui dit prise de conscience citoyenne dit démocratie et qui dit démocratie dit puissance. Puissance industrielle, puissance intellectuelle, puissance militaire, puissance technologique, etc.

Comment combattre le colonialisme sans culture citoyenne, sans éducation, sans libertés fondamentales, sans travail, sans sacralisation du savoir, etc ? Impossible ! A moins qu’on fasse de la manipulation des foules, comme c’est le cas aujourd’hui chez les chefs d’ Etats arabes ? Les slogans anti-sionistes, il y en a partout, mais il faut du concret : le savoir, le travail, l’amour de patrie et des siens, le dévouement aux idéaux de la résistance contre toutes les injustices.

Cela dit, il ne suffit pas que ces Etats dits arabes dénoncent à coup de slogans vaseux la barbarie et la sauvagerie du sionisme à Gaza, mais de travailler de l’intérieur à ce que leurs peuples bénéficient de conditions minimales (la liberté d’expression, liberté de la presse, droit à la parole, démocratie), leur permettant de construire des pays forts, à même de faire barrage à toute forme de colonisation extérieure.

En diplomatie, on dit un Etat faible est un Etat colonisable. C’est l’amère réalité! Peut-on mettre la charrue avent les bœufs ?

Kamal Guerroua

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