18 décembre 2024
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Quand la dictature prend sa retraite dans un fauteuil doré

L’économie rentière, c’est cette vieille recette qui permet à une élite de vivre sans produire, en se contentant d’exploiter les ressources naturelles d’un pays sans investir dans son avenir.

L’économie rentière n’a rien d’un modèle vertueux, et pourtant, elle séduit toujours ceux qui rêvent d’un pouvoir sans effort, d’un enrichissement rapide et d’une stabilité à toute épreuve. Mais ce modèle économique, bien que tentant pour ceux qui le manient, porte en lui un poison : celui de la dépendance. Une dépendance à des ressources finies, à un système où le pouvoir est concentré entre les mains d’une élite politique qui se nourrit du même rentierisme.

Les dictateurs des économies rentières savent cela mieux que quiconque. Ils règnent non pas en bâtissant une véritable économie de la prospérité, mais en prélevant une part toujours plus grande de la richesse générée par les ressources naturelles, tout en maintenant un système politique où la répression et la corruption garantissent leur pérennité. Mais que se passe-t-il quand ce pouvoir ne peut plus se renouveler ?

Quand les années passent et que le dictateur lui-même commence à sentir le poids de son propre âge ? Eh bien, la réponse est simple : il s’installe confortablement dans une « maison de retraite » dorée, un fauteuil luxueux, là où il trouve toujours des alliés prêts à lui garantir un dernier souffle de pouvoir.

Prenons un exemple récent : Bachar el-Assad, le président syrien. Après plus de 13 ans de guerre civile dévastatrice, de massacres et d’atrocités commises sous son régime, Assad, en dépit de la ruine du pays et de l’opprobre international, n’a pas eu à faire face à la fin de son règne. Plutôt que de se retrouver sur le banc des accusés, il a été soutenu, voire protégé, par son puissant allié, la Russie, qui lui a offert le confort d’une retraite dorée en échange d’une fidélité à toute épreuve.

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Le dictateur syrien, devenu un pion dans un jeu géopolitique bien plus grand, trouve ainsi refuge chez un ancien maître du jeu. La Russie, qui a vu dans cette alliance une opportunité géostratégique, n’a pas hésité à lui garantir le confort de son fauteuil présidentiel. Mais il n’est pas seul. Tout dictateur en fin de parcours, s’il n’est pas renversé par son peuple ou la pression internationale, a souvent cette porte de sortie : le refuge chez un allié puissant, qu’il soit un protecteur militaire comme la Russie, ou un conseiller de luxe auprès de pays démocratiques. D’autres, plus cyniques, trouvent dans leurs relations internationales un rôle plus discret mais tout aussi lucratif : celui de conseiller à la présidence, garant de secrets et d’intérêts inavouables.

Le poids d’un système rentier : l’immobilisme dans la démesure

En Algérie, en Libye, en Angola, en Afrique centrale, ou encore dans d’autres régimes autoritaires du Moyen-Orient et d’Afrique subsaharienne, les régimes rentiers ont prospéré sur la démesure des budgets publics, financés par des ressources naturelles, souvent sans aucune véritable redistribution ni investissement dans les infrastructures sociales. Ces pays, dominés par des bureaucraties tentaculaires et des élites corrompues, sont prisonniers d’une économie du statu quo où le seul moteur de la croissance reste le pillage des ressources naturelles.

La bureaucratie y est une structure qui s’alimente à la fois de la corruption et de l’inertie. La classe politique se contente de son fauteuil doré, ne cherchant plus à innover ou à remettre en cause l’ordre établi, car pourquoi s’embêter à réformer quand on peut se contenter des rentes? Un système politique obèse, inefficace et corrompu, qui ne produit rien d’autre que des inégalités, mais qui ne risque rien : c’est l’arme ultime des dictateurs. Ils s’assurent de la survie de leur pouvoir en achetant des loyautés, en manipulant les rentes économiques, et en maintenant un peuple dans l’ignorance et la soumission.

« Le pouvoir n’est jamais un bien public, il devient un bien privé qu’on conserve à tout prix. » — Jean-Paul Sartre. Cette citation de Sartre résume parfaitement le comportement des dictateurs rentiers. Le pouvoir devient un objet à préserver, souvent à n’importe quel prix, au détriment du peuple et du bien commun. Les moyens ? La manipulation, la répression, la corruption. Le prix ? Le sacrifice du pays tout entier.

Le dictateur comme « mémorial vivant » : un héritage problématique

Mais que reste-t-il après la retraite du dictateur ? Un pays en ruines, une économie en berne, une société fracturée. Les dictateurs, loin de construire des nations viables, préfèrent laisser derrière eux un héritage dévasté. Ce sont des mémoriaux vivants, des vestiges d’un pouvoir qui n’a jamais su se renouveler. À chaque retraite, à chaque « renversement » ou à chaque transition, la structure économique rentière se reconstruit à partir des mêmes bases corrompues, laissant peu de place à une véritable démocratie ou à une réévaluation de la gestion publique.

La dictature se retire toujours dans l’ombre, mais elle laisse derrière elle une nation éblouie par ses promesses non tenues, une économie à genoux et un peuple devenu spectateur de son propre effondrement. Ce qu’il faut comprendre ici, c’est que cette forme de dictature n’est pas simplement l’apanage d’un seul homme, mais d’un système qui vit de sa pérennité, de ses alliances et de son pouvoir de maintenir l’immobilisme au prix du sang et des ressources naturelles.

Conclusion

Quand la dictature prend sa retraite dans un fauteuil doré, c’est le peuple qui paie le prix de l’immobilisme et de la corruption.

Le système rentier, alimenté par la corruption, la bureaucratie et la manipulation des ressources naturelles, produit des dictateurs qui, une fois leur pouvoir consolidé, ne cherchent pas à partir mais à trouver un endroit où leurs héritages perdurent. Le fauteuil doré du dictateur, loin d’être un symbole de victoire, est un monument à l’échec économique et politique. C’est le peuple qui continue à souffrir, alors que les élites prennent leur retraite en toute quiétude, protégées par ceux qui partagent leurs intérêts.

 Dr A. Boumezrag

5 Commentaires

  1. Repris de LSA « Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Fayçal Bentaleb a souligné, jeudi à Alger, les efforts de l’Etat en matière d’organisation du marché du travail dans les wilayas du Sud, à travers la mise en place de plusieurs mesures et mécanismes. »

    Chengriha prepare des civils-boucliers, derriere qui se cacher. Ca vous rappele quelqu’un? LE HAMAS A GAZA !

  2. Je vais tout de meme, faire un geste envers les Algeriens, les membres du regime inclus. Je leur donne le secret de comment devenir de vrais gouverneurs et dela commencer a batir un vrai pays. En fait, ca devient pays des le depart. Pays naissant certes, mais un pays tout de meme. Et voici donc la recette:

    1. Etablissez la liste des 40 plus hauts clase’s du systeme(puisqu’il n’est pas encore pays et donc gouvernement).

    2. Un beau jour, chacun prend un sac-a-dos d’ecolier ou lyceen et y met ce qu’il pense lui sera utile pour 40 jours, EXCEPT DE l’ARGENT. Peut-etre l’allocation mensuelle d’un chomeur, pour ceux de plus de 70 ans.

    3. Direction: La frontiere Sud, c.a.d. IN Ghezam.

    4. Une lettre de demission et abandon de poste – formulaire et un petit tube d’encre, pour poser les 10 empreintes de ceux qui n’y seront pas parvenus ou decident d’abandonner et demander la charite’ et assistanat publique.(je suis gentil pas de prison).

    Ceux et celles qui y arrivent, peuvent revenir vers les fonctions qu’ils/elles occupaient avant, les autres – Une pioche et creusez !!! trouvez et vendez du petrole ou du gaz, ou qui sait… consultez al-Qoran al 3adeem il vous indiquera ou se trouve le Diamond.

    Au passage Bouteflika, au moins, a fait ce parcours !

    Vous decouvrirez l’Umilite’, il en faut beaucoup.

  3. De graves accusations de torture contre le régime algérien au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU

    Les accusations sont très graves et la charge est très lourde. Le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU vient de rendre public un avis adopté par le Groupe de travail sur la détention arbitraire lors de sa centième session (26-30 août 2024). Il s’agit d’un document travail qui planche sur la terrible histoire d’un militant et activiste algérien du mouvement de contestation appelé Mohamed Riahi. Un jeune militant âgé de 40 ans qui a subi de très graves sévices et actes de torture. Son histoire et son sort ont à la fois ému et interpellé les membres du Conseil des Droits de l’ONU basé à Genève en Suisse. Le Régime Algérien a été accablé et dénoncé par cet organe intergouvernemental des Nations unies composé de 47 États.

    Une dénonciation accablante qui s’appuie sur le récit terrifiant de Mohamed Riahi. Citoyen algérien né le 1er novembre 1984, ce chauffeur d’engin dans une entreprise réside habituellement à Aïn Témouchent dans l’ouest algérien et son destin a basculé dans un véritable cauchemar un certain 19 novembre 2022. Ce jour-là, vers 18 heures, des agents de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), les services secrets algériens, de la ville d’Oran ont procédé à l’arrestation de M. Riahi près de l’usine où il travaillait. Aucun mandat d’arrêt ne lui aurait été présenté et il n’aurait pas été informé des raisons de son arrestation. Il a été immédiatement amené à son domicile, où les agents auraient procédé à une perquisition. Une fois la perquisition terminée, les agents auraient amené M. Riahi dans un lieu inconnu. Ni M. Riahi ni sa famille n’auraient été informés de ce lieu malgré les demandes de sa famille à la police d’Aïn Témouchent.

    M. Riahi n’aurait pas été autorisé à joindre un avocat ni informé de son droit de garder le silence et de contester la légalité de sa détention devant une autorité judiciaire. Il aurait été privé de contact avec sa famille jusqu’au 23 novembre 2022. Un membre de sa famille aurait été en mesure de lui rendre visite le jour suivant, pendant quinze minutes, lors d’une rencontre surveillée par trois agents. En vérité, pendant les onze jours suivant son arrestation, M. Riahi était détenu dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) à Oran. Et c’est là-bas où aurait subi des interrogatoires sans bénéficier d’une assistance juridique par un avocat de son choix ou commis d’office. M. Riahi aurait été torturé et contraint à s’auto-incriminer et à signer des procès-verbaux d’aveux.

    Dans son témoignage adressé au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, l’activiste algérien a détaillé que lors des interrogatoires, ses mains étaient menottées pendant que des agents de la Direction générale de la sécurité
    intérieure le frappaient avec des bâtons et une ceinture en cuir sur plusieurs endroits de son corps. Il aurait subi des coups sur la cage thoracique qui lui auraient fracturé une côte. Les agents auraient aussi porté des coups au visage de M. Riahi qui lui auraient cassé une canine droite. Pendant plusieurs nuits, M. Riahi aurait été laissé dans une cellule sale, sans habits, matelas ou couverture, et contraint de dormir par terre malgré le froid à cette période de l’année.

    Pis encore, lors d’un interrogatoire, les agents des services secrets algériens auraient immobilisé M. Riahi sur le dos, la tête inclinée vers le bas, et recouvert sa tête d’une serviette avant de verser de l’eau sur son nez et sa bouche, le faisant suffoquer et vomir et lui causant des douleurs aux poumons. À la fin de cet interrogatoire, M. Riahi aurait vu 10 bouteilles de plastique de cinq litres d’eau dans la salle. Le témoignage rendu public et analysé par les membres du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU rapporte aussi que M. Riahi n’aurait bénéficié d’aucun examen médical et n’aurait eu accès à aucune assistance médicale avant ou pendant ces interrogatoires. Selon la même source, à cause des menottes, les deux poignets de M. Riahi présentaient des traces de déchirure et des marques rouge et bleu. M. Riahi aurait aussi eu des ecchymoses sur le cou, le dos et le ventre, dues aux actes de torture qu’il affirme avoir subis.

    Placé en détention le 29 novembre 2022, Mohamed Riahi n’a pas cessé de dénoncer et de faire part aux juges algériens à chaque audience de son instruction judiciaire ou lors des divers audiences de son procès des sévices et maltraitances qui lui ont été infligées. Jamais, au grand jamais, un juge algérien n’a pris le soin de demander une enquête ou des comptes, voire au moins des explications aux services de sécurité. Le 29 mai 2024, Mohamed Riahi a purgé sa peine et a été remis en liberté après avoir été inculpé de crime d’association de malfaiteurs dans le but d’exécuter le crime d’immigration clandestine, et pour les délits d’outrage à corps constitué pendant l’exercice de ses fonctions, d’outrage au Président de la République et de publications à but propagandiste de nature à porter atteinte à l’intérêt national.

    Dans sa réponse adressée au Conseil des Droits de l’Homme face aux graves accusations de Mohamed Riahi, le Gouvernement Algérien a dit rejeter les allégations de mauvais traitements, qu’il considère sans fondement et en totale contradiction avec la réalité. Il a noté que de telles accusations doivent être étayées dès lors qu’elles mettent en doute l’examen médical d’un médecin assermenté et les constatations du Procureur de la République devant qui M. Riahi aurait été présenté en bonne santé. Le Gouvernement a précisé aussi que dans le système judiciaire algérien, le Procureur de la République détient le statut de magistrat. Il note également que toute personne placée sous mandat de dépôt est examinée dès son arrivée à l’établissement pénitentiaire.
    Il s’avère que ces explications fournies par le Gouvernement Algérien n’ont pas du tout convaincu les membres du Conseil des Droits de l’Homme ont décidé de renvoyer « l’affaire à la Rapporteuse spéciale sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants pour qu’elle prenne les mesures qui s’imposent ». En clair, le Régime Algérien risque d’être traîné dans la boue dans les prochains mois à cause de cette affaire qui n’a pas manqué encore de faire couler beaucoup d’encre au sein des instances onusiennes.

    • Trainer dans la boue, etc. qu’est-ce que ca veut dire pour quiconque qui subit ces merdes ? Rien ! Ou peut-etre une semaine de repos, pour recuperer de la lecture et ecoute de « telles atrocite’s !!! »
      Les Algeriens sont arrive’s au point ou ils crucifient cette bande de merde ou ils la subissent. Perdre son temps a rediger des compte plus exhotiques a des bureaucrates est VAIN ! Mais il y a de l’espoir, Trump va couper les vivres. Quand a comment ces bourreaux ont trouve’ leur pouvoir, c’est simple . . . A force que les Algeriens developent de la haine les uns envers les autres, ils se regles les comptes moyennant la ma3rifa de ces bourreaux.

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