7 février 2025
spot_img
AccueilA la uneQuand l'État nage en pétrodollars, la société rame en dinars !

Quand l’État nage en pétrodollars, la société rame en dinars !

L’Algérie, à la fois bénie par la richesse de ses sous-sols et confrontée à des défis économiques majeurs, illustre un paradoxe criant : l’État nage dans une mer de pétrodollars, tandis que les citoyens, eux, peinent à joindre les deux combats avec des dinars de plus en plus dévalués.

Ce processus complexe – où les recettes en devises fortes issues des exportations d’hydrocarbures se transforment en dinars locaux – joue un rôle central dans la crise économique qui secoue le pays.

Le processus de transformation des pétrodollars en dinars

Les pétrodollars font leur entrée dans l’économie algérienne sous forme de devises fortes – le dollar américain principalement, car le pétrole est vendu sur le marché international dans cette monnaie. Ces recettes sont disponibles par la Banque d’Algérie et les entreprises publiques, qui gèrent les exportations d’hydrocarbures. L’État, bien qu’ayant des réserves de change considérables, doit ensuite procéder à un échange de ces dollars en dinars pour financer les dépenses publiques, telles que les salaires dans le secteur public, les subventions sur les produits de base, ou encore les projets d’infrastructures.

Le problème majeur survient lorsque cette conversion est effectuée à un taux de changement officiel fixé par l’État, souvent bien plus favorable que la réalité du marché. Par exemple, bien que le dinar soit régulièrement dévalué par rapport aux devises étrangères, cette dévaluation ne reflète pas toujours la réalité du marché parallèle, où le dollar et l’euro se vendent à un taux beaucoup plus élevé. Cela crée une distorsion : l’État, par ses choix de politique monétaire, manipule la valeur du dinar à sa guise, mais cette manipulation profite rarement à l’économie réelle.

La dévaluation du dinar : un poids pour les citoyens

Le citoyen algérien, quant à lui, subit de plein fouet les conséquences de cette politique monétaire. Si l’État reçoit des pétrodollars à un taux de change favorable, l’inflation locale – alimentée par une dévaluation du dinar et une économie toujours trop dépendante des importations – grignote inexorablement le pouvoir d’achat des Algériens. En 2017, la dévaluation du dinar a fait perdre près de 30 % de sa valeur par rapport au dollar, rendant les produits importés beaucoup plus chers. Or, l’Algérie importe une grande partie de ses biens de consommation : alimentation, produits manufacturés, médicaments, etc.

- Advertisement -

Lorsque l’État injecte de l’argent dans l’économie via des projets publics ou des subventions, cela génère une demande accumulée pour ces biens, mais sans véritable valeur ajoutée locale. Résultat : les prix flambent et la monnaie locale perd de son pouvoir d’achat. Le citoyen qui touche un salaire en dinars voit donc la valeur de son revenu se diluer, alors même que ses dépenses quotidiennes augmentent. Pour les familles, en particulier celles des classes moyennes et populaires, l’impact est brutal. Les dépenses de nourriture et d’énergie, par exemple, deviennent de plus en plus difficiles à assumer, alors que la qualité de vie se dégrade.

Les subventions et leur impact

L’État, pour limiter la révolte sociale et maintenir une certaine stabilité, recourt à des subventions sur des produits de première nécessité, comme le pain, l’huile, ou les carburants. Ces subventions, en apparence généreuses, sont financées par les revenus pétroliers. Mais ces subventions sont souvent mal ciblées et profitent davantage aux segments de la population déjà favorisés qu’aux plus démunis. De plus, elles ont pour effet de maintenir la dépendance à l’importation de biens au lieu de stimuler une production locale. Les recettes pétrolières, au lieu de servir à diversifier l’économie ou à investir dans l’éducation et la santé, alimentent donc un système clientéliste qui engendre des inégalités.

Le rôle des entreprises publiques et la gestion de l’argent public

En parallèle, l’État algérien, par le biais des entreprises publiques, tente de maintenir une certaine activité économique interne. Cependant, nombre de ces entreprises sont inefficaces, peu compétitives, et souvent engluées dans des pratiques de corruption et de mauvaise gestion. Alors que les pétrodollars pourraient être investis pour stimuler des secteurs productifs, ils sont souvent engloutis dans des projets mal conçus ou des investissements non rentables. Les entreprises publiques, malgré des centaines de milliers de travailleurs, continuent de générer des pertes, drainant ainsi les ressources de l’État et aggravant la crise économique.

L’État nage dans les pétrodollars, mais à quel prix ?

Dans ce contexte, l’État continue de « nager » dans les pétrodollars : ses réserves de change, bien qu’en baisse depuis 2014, restent relativement importantes, et il a recours aux emprunts sur les marchés financiers pour compenser les déficits budgétaires. Cependant, cette richesse est mal utilisée, pour ne pas dire mal gérée. L’État algérien reste fondamentalement dépendant de l’industrie pétrolière, et de la chute des prix du pétrole, en 2014, ce qui met en évidence la fragilité de ce modèle. Bien que le pays conserve encore une partie de ses réserves en devises, ces dernières sont insuffisantes pour soutenir un développement à long terme.

La société rame avec des dinars

Le citoyen, de son côté, n’a pas accès à ces pétrodollars. Il doit composer avec un dinar qui perd de sa valeur chaque jour, face à une inflation galopante et un marché de l’emploi de plus en plus bouché. Le chômage des jeunes diplômés, qui dépasse les 30 %, est l’un des symptômes les plus visibles de cette crise. Bien que des efforts aient été faits pour diversifier l’économie et stimuler l’entrepreneuriat, l’Algérie reste un modèle de dépendance aux hydrocarbures. Ceux qui ne peuvent pas accéder à un emploi public ou à des ressources en dispositifs se retrouvent exclus du système économique, et leur quotidien devient chaque année plus difficile.

Les Algériens, donc, continuent de « ramer » avec leurs dinars, tandis que l’État nage en pétrodollars, mais sans véritable perspective de prospérité pour les générations futures.

Conclusion

L’Algérie, malgré sa richesse pétrolière, reste piégée dans un modèle économique qui ne profite pas aux masses. Les pétrodollars, loin de se transformer en développement durable, alimentent un système économique inégalitaire, où les citoyens doivent se contenter de dinars dévalués pendant que l’État gère ses réserves de changement de manière inefficace. L’enjeu majeur de demain pour l’Algérie sera de sortir de cette dépendance au pétrole, de diversifier son économie et d’assurer une redistribution plus équitable des ressources. Tant que l’État continue de « nager » dans ses pétrodollars sans remettre en question sa gestion, la société continue de « ramer », avec des dinars qui n’ont plus de valeur.

« Un pays riche en ressources naturelles peut se condamner à une pauvreté durable s’il ne transforme pas sa richesse en un capital humain et productif, plutôt qu’en une rente qui nourrit l’inégalité. »

– Amartya Sen, économiste et prix Nobel de la paix.

Dr A. Boumezrag

3 Commentaires

  1. dans votre paragraphe « devaluation du Dinard », vous ecrivez ceci: Si l’État reçoit des pétrodollars à un taux de change favorable, l’inflation locale – Personne ne vend du Dollar Americain, meme pas l’Etat Americain ! De meme pour l’Euro et les Europeens. Les Etats Khortis, EMPRUNTENT, c.a.d. se font financer des projets ou achats a des taux d’Interets, c’est tout. Vous/ils le font a travers une Banque enregistree’ aupres de la Reserve Federale Americaine, Une Institution INDEPENDENTE qui gere la production et l’emission du Dollar. Le Gouvernement Americain lui-meme ne s’en sert pas a volonte’, il en emprunte. Ces emprunts sont sujets a des taux d’Interets et limites. Qu’est-ce que vous voulez dire par « l’État reçoit des pétrodollars à un taux de change favorable… » – La mafia de houkouma n’achete/recoit de petroDollars… Par PetroDollars est Signifie’ qu’elle(mafia) echange du Petrole Brut contre des Dollars. c.a.d. que la Houkouma a un Compt dans une Banque PRIVE’E(Les Banques en Amerique sont toutes Prive’es. Le Gouvernement Americain ne gere pas de banque, n’a pas de banque… il a des comptes dans differentes Banques Americaines, c.a.d. de Lois Americaines.

    Bref, le PetroDollar est le Dollar mis a la disposition de la mafia/houkouma guaranti par ses RECETTES de Petrole. Ces recettes de Petrole sont prouve’es par les Contrats d’exploitation que SONATRACH SIGNE a une Compagnie quelconque, elle-meme(compagnie) guarantie d’acces par son pays(USA). Pour avoir la Securite’ des Contrats que signe SONATRACH seront respecte’s, il y a une Convention entre les Etats respectifs. Le gouvernement Americain protege les Compagnies Americaines contre un enguagement de ventre une partie de sa production sur le Marche’ Americain et de payer des Taxes aux USA.

    Pour que le Dinard devienne un Monnaie Convertible, il faudrait que la banque Centrale d’Algerie Accepte de soumettre le Dinard et les montants emis en Dinard a la Banque Reserve Americaine, de telle sorte les montant de DInards en circulation correspondent aux equivalents dans le compte de la Banque Centrale d’Algerie aupres de la Reserve.

    Ainsi si les Algeriens se mettaient a tout acheter, alors qu’ils ne produisent RIEN, l’Algerie IRA EN FAILLITE VITE. Tout simplement, ILS SONT INCAPABLES DE GERER UN BUDGET. Pas difficile de demontrer ca, ILS SE MARIENT ET PRODUISENT DES ENFANTS sans les moyens de les habriter, nourir, eduquer, etc. Ils depensent plus qu’ils ne produisent. La conclusion logique est que LA POPULATION EST TRES IMMATURE POUR DISPOSER D’UNE MONNAIE CONVERTIBLE. Une AUTORITE’ est donc necessaire pour ce faire. C’est le role d’un ETAT.

    De quoi se plaint-on alors puisqu’il y a un Gouvernement? La reponse est que cet Etat est CONFISQUE’ par CLIQUE illegitime dont la SEULE COMPETANCE EST LA VIOLENCE. ELLE USURPE LA FONCTION DE GOUVERNANCE et ABUSE des richesses du pays. Elle masque son incompetance avec un melange de MONNAIE DE SINGE et une religion de SOUMISSION. Elle le fait en abusant du monopole de la force/violence. Une force REGULE’E par des regles de Justice. Mais Justice, gouvernance, religion et militaire, sont rassemble’s dans un meme pot que gere l’Arme’e ! Ce n’est pas que se soit difficile ou complique’ de mettre sur pieds une serie de Lois ou tout est defini, les regles claires, etc.
    Ce qui est difficile et rend les choses impossibles est LA MAUVAISE VOLONTE’, assortie de mauvaise volonte’ justifie’e par une moralite’ unjuste, floue et depourvue d’Etique. On parle bien d’une religion, c.a.d. un ramassis de « il faut » a la tout va depourvu du sens de Justice. Un systeme violent et depourvu de toute rationalite’, concu par un PSYCHOPATHE ! Ce qui en sort est la Prophecie realise’e de leur prophete baratineur.
    Il n’y a qu’une maniere d’en sortir, c’est de lui dire d’aller se faire faire ailleurs, droit devant mais arme’ jusqu’aux dents ! Exactement ce que font 9 millions d’Israeliens a 1,5 Milliards de tels adeptes.

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

ARTICLES SIMILAIRES

Les plus lus

Les derniers articles

Commentaires récents