Site icon Le Matin d'Algérie

Quand Paris siphonne les cerveaux du Sud !

Médecins

« Nous avons saigné l’Afrique pendant quatre siècles et demi,  ensuite, nous avons pillé ses matières premières ; après, on a dit : ‘Ils (les Africains) ne sont bons à rien.’ Au nom de la religion, on a détruit leur culture et maintenant, comme il faut faire les choses avec plus d’élégance, on leur pique leurs cerveaux grâce aux bourses. Puis, on constate que la malheureuse Afrique n’est pas dans un état brillant, qu’elle ne génère pas d’élites. Après s’être enrichi à ses dépens, on lui donne des leçons ». C’est avec ces mots que s’exprimait Jacques Chirac avant de quitter le devant de la scène.

Il avait compris très tôt que le tête-à-tête entre Paris et ses anciennes colonies africaines était bel et bien terminé. Que le continent ne sera plus la garde chassée de la France que de nouveaux partenaires verront le jour. « Les regards changent ». L’Afrique commence à être entourée, voire courtisée par d’autres puissances étrangères comme la Russie, la Chine, les Etats-Unis.

L’Algérie et la France, une grande tragi-comédie dans un théâtre à ciel ouvert où les rôles sont distribués d’avance du bourreau, de la victime, du sauveur. La roue de l’histoire tourne mais le centre est fixe. A la fois, acteur, spectateur et metteur en scène.

Deux Algéries se côtoient, une Algérie officielle et une Algérie clandestine dans une France aux deux visages la douce France et la France amère. Les deux assistent côte à côte à la finale de la Coupe du monde France-Argentine.

Le Qatar, c’est Paris Saint Germain sans les Champs Elysées, c’est la France sans visa, sans visage, sans papier, une France sans couleurs, sans arc en ciel. La France que nous aimons et que nous détestons à la fois. C’est Brigitte Bardot et le Général de Gaulle. C’est l’indépendance sans l’indépendance, c’est la nudité sans la nudité. C’est la France qu’on élève sur un piédestal pour l’aimer et l’Algérie que l’on rabaisse au sous-sol pour la désirer.

La messe est dite, la coupe est remise à Lionel Messi. L’Argentine vient d’être consacrée championne du monde. Les projecteurs s’éteignent. Le ministre de l’intérieur regagne son bureau, il a du pain sur la planche. Les députés se retrouveront au parlement, ils ont une loi à voter pour la rentrée. Une loi qui fait des vagues. Il y a des hauts et des bas. Cela fait débat, cela fait sérieux. Les dés sont jetés.

La restriction des visas sera levée. Les choses reviennent à la « normale ». Des titres de séjours seront délivrés au personnel du corps médical. Il maîtrise la langue de Molière et manie avec brio le bistouri. Ils ne coûtent pas chers à la France. Ils sont heureux de quitter leur sol natal et séjourner le plus longtemps sur le sol français qui leur offre l’opportunité d’apprécier notre cuisine.

Ne dit-on pas que la cuisine est la servante de la médecine. Nous quittons la table au mille fromages pour nous retrouver en Algérie.

Il fait nuit les plages sont envahies. La mer est calme en surface, agitée en profondeur. Les moteurs s’allument. Des familles embarquent, destination la France via l’Espagne. La voie est libre.

Le lendemain plusieurs Algériens débarquent en Espagne, une Espagne pourtant en brouille avec Alger. D’autres périront noyés en haute mer. Ils seront porté disparus. Le spectacle est terminé, les rideaux sont levés, les masques tombent.

La jeunesse découvre que les diplômes de l’Etat ne débouchent pas sur des emplois productifs, que le travail de la terre a été enterré, que les usines sont transformées en bazars, que le pays n’est pas gouverné, que nous vivons exclusivement de l’argent du pétrole et du gaz Si le gouvernement est la source de tous les problèmes, il est aussi la clé de toutes les solutions. Si l’on veut réaliser la possibilité de l’Algérie de rompre avec le syndrome autoritaire, une analyse en profondeur des rapports entre les élites et le peuple est indispensable.

Rares sont les dirigeants qui disent la vérité parce que faire de la politique c’est mentir. Qui n’a pas en « mémoire » ce mot « d’alacrité » prononcé par François Hollande à propos d’un président moribond aujourd’hui décédé.

Des mots qui font et défont des hommes. Des champions du double langage, de la supercherie, de l’hypocrisie et du mensonge.

« Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n’est pas que vous croyez ces mensonges mais que plus personne ne croit plus rien. Un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa capacité d’agir mais aussi de sa capacité de penser et de juger. Et avec un tel peuple, vous pouvez faire ce que vous voulez » conclut Anna Arendt.

Nous comprenons un peu mieux l’aisance et la facilité avec lesquelles les européens dupent les dirigeants africains obnubilés par leur vie d’opulence sourds aux doléances de leurs peuples qui croupissent dans une misère organisée mais ils en ont pas conscience, ils sont sur un nuage. Il n’y a pas plus aliéné qu’un cerveau colonisé. « Le grand succès des ennemis de l’Afrique, c’est d’avoir corrompu les Africains eux-mêmes » Frantz Fanon

Dr A. Boumezrag

Quitter la version mobile