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Que peut bien faire Darmanin à Alger ?

Darmanin
Gérald Darmanin. Crédit photo AFP

Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, est à Alger pour deux jours. Une visite surprise que peu d’observateurs attendaient. Elle arrive quelques jours après la réception accordée par Tebboune à l’ambassadeur de France à Alger.

Cette visite ne sera pas de tout repos pour Gérald Darmanin ; elle survient au moment où les autorités françaises accordent, selon Africa-Intelligence, l’asile politique à Amir Dz, un influenceur, dont les révélations sur certains officiers supérieurs des renseignements algériens laissent l’opinion pantoise, tant elles révèlent une institution ouverte aux quatre vents. Amir Boukhors a été plusieurs fois condamné (dont une condamnation à mort) à de très lourdes peines de prison par contumace. Outre ce blogueur, plusieurs autres opposants et blogueurs algériens établis en France sont réclamés par les autorités algériennes. En vain. Un dossier de plus qui n’arrange pas forcément les relations entre les deux pays.

Expulsions et immigration

Laissant à peine pour 48h la scène politique française s’agiter sur sa nouvelle loi Immigration, Gérald Darmanin rejoint le pays de son père pour tenter de renouer les fils d’une communication particulièrement tenue avec Tebboune et ses protecteurs. A la clé ? Sans nul doute la question des dizaines d’Algériens en attente d’expulsion et éventuellement des dossiers restés au fond du tiroir concernant la sécurité.

Entre Alger et Paris, la reprise de confiance depuis l’arrivée de Tebboune au pouvoir s’avère erratique. Si en France, le très droitier Darmanin est en passe de faire passer une loi qui devrait durcir la loi sur l’immigration, à Alger, il va lui falloir beaucoup de ruse et de retenue pour convaincre des autorités algériennes sourcilleuses sur la question de l’exécution des Obligations de quitter le territoire français (OQTF).

A Alger, Gérald Darmanin a dû évoquer à Alger la question des laissez-passer consulaires qui ont suscité l’ire d’Alger. Car ces fameux laissez-passer permettra donc aux services du ministère de l’Intérieur d’expulser les Algériens en situation irrégulière. A ce propos, le ministre français a révélé pendant dans un tweet pendant qu’il était à Alger que « 16 délinquants étrangers ont été renvoyés du territoire national ». Tout en gardant de préciser les pays où ces délinquants sont renvoyés.

Il est clair, vu le climat pourri en France, que l’exécution des OQTF qui reste un souci entre l’Algérie et la France, étant donné que cette dernière a besoin de permis des autorités algériennes pour pouvoir expulser les sans-papiers algériens. Il s’agit en priorité de l’expulsion de migrants considérés comme radicalisés par les autorités françaises.

Au cours de sa dernière visite à Alger en décembre 2022, le ministre de l’Intérieur français avait déclaré le retour à la normal du nombre de visas prévu pour les Algériens.

Le déplacement de Gérald Darmanin survient surtout à la veille de la présentation en France du très controversé projet de loi sur l’immigration. Ce dernier suscite de vifs débats dans la classe politique et le milieu associatif français. La droite et l’extrême droite se font la course à la surenchère. Que cela soit Les Républicains ou le RN, chacun réclame, comme préalable, le détricotage de l’accord algéro-français de 1968 sur l’immigration. Une option non évoquée par gouvernement français surtout si l’on sait que les relations entre les deux pays évoluent sur un fil ténu.

Yacine K.

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