Le jacobinisme ayant montré toutes ses limites, quelle serait la meilleure organisation possible pour une Algérie interminablement secouée par des tiraillements idéologiques et culturels sans fin et agitée par des contradictions géopolitiques et des contraintes géostratégiques à n’en plus finir ?
Les derniers développements politiques ont démontrés « qu’il n’y a pas d’amis ou de frères en politiques, il n’y a que des intérêts communs », pour paraphraser un célèbre politicien, les forces que l’Algérie soutenait mordicus auparavant lui ayant posé des mines là où elle s’attendait à un tapis rouge.
Et ce n’est pas les Emirats arabes unis qui vont nous démentir …
Ayant tourné le dos à sa propre identité amazighe, africaine et méditerranéenne, elle est allée s’inventer des racines là où il n’y avait en fait que des épines.
Se renier a un prix, et il se monnaye très cher, la défense requérant des fonds proportionnellement « ajustables » au degré des menaces, -imaginaires ou réelles-, prévalant dans un monde de plus en plus machiavélique.
La paix intérieure ne peut s’obtenir par la force, l’oppression ou la répression ne faisant que s’enfouir des haines et des rancœurs qui risquent d’exploser à tout moment.
Fédéralisme ou régionalisation ?
Pour certaines formations politiques, ces deux concepts qui ont fait leurs preuves dans beaucoup de pays, – aujourd’hui puissances économiques ou militaires, – ou les deux à la fois-, peuvent être adoptés en Algérie : les USA et la Suisse sont les deux modèles les plus enviés par les autres peuples, mais dont les dirigeants à la formation politique désuète, qui voient des ennemis partout, et aux agissements à la limite paranoïaques ne veulent jamais entendre parler.
Toute évolution est pour eux un danger non pas potentiel mais réel, ce qui laisse penser qu’ils sont éligibles à être des patients de Sigmund Freud, dans le service des « Peureux de tout changement », toujours inhibés qu’ils sont par la phobie d’un futur pour eux toujours porteur de malheurs dans le cas où il ne serait pas une copie conforme du présent et une reproduction fidèle du passé.
Autonomie ?
La Catalogne étant un exemple de réussite pour nombre de communautés dans la même situation, mais que les États tyranniques n’entendent jamais reproduire, surtout après la déclaration d’indépendance de cette région le 17 octobre 2017, et qui a vu juste après ses dirigeants, dont son président Carles Puigdemont, pourchassés partout en Europe comme de vulgaires malfrats, même avec le soutien massif de la majorité des électeurs catalans.
Ce qui renseigne largement sur le fait qu’aucune puissance mondiale n’est prête à soutenir l’indépendance d’une région, à moins qu’elle n’y trouve des intérêts économiques, militaires ou multidimensionnels.
L’Europe (comme d’ailleurs les USA, la Chine, la Russie, etc. et autres puissances ou pays) a peur du déclenchement d’autres foyers d’incendie en son sein, et ne cautionnera donc jamais l’indépendance d’une partie de son territoire, convoquant au besoin le sacro-saint « dogme facultatif » cher à l’ONU, dont la substance dit qu’on ne retrace pas des frontières déjà fixées.
Ce qui n’empêche pas ces mêmes puissances d’armer d’autres parties comme au Soudan et en Libye, l’essentiel étant que leur hégémonie et leurs intérêts soient le plus longtemps possible sauvegardés.
L’autonomie reste pourtant l’une des options privilégiées des politologues.
Quid des six wilayas dont la réussite est symbolisée par la victoire sur le colonialisme et l’indépendance du pays ?
Pourquoi l’Algérie a-t-elle abandonné cette solution qui a fait ses preuves pendant les moments difficiles de la guerre de libération ?
Un système avec six wilayas à la tête desquelles officieront des gouverneurs élus aurait été la meilleure solution après l’indépendance.
Cela aurait permis à chaque wilaya de garder ses spécificités culturelles, sociales et économiques, les mettre en valeur et de les développer au profit de toute la nation dans laquelle aucune région ne se sentirait lésée dans ses spécificités régionales, -pas seulement économiques-, créant ainsi une synergie des compétences synonyme de développement, de paix et d’harmonie.
Ayant raté ce virage, l’Algérie est aujourd’hui agitée par des considérations étroitement politiciennes et idéologiques, qui font fi de toute logique historique ou économique. Les mêmes considérations qui font que le pays donne aujourd’hui l’impression de tourner en rond à chaque élection, de se chercher, et de se croire en danger à chaque échéance importante pour le pays.
C’était le cas en 1995 où les électeurs étaient appelés à aller voter (y compris par le RCD de Saïd Sadi) pour, soutenait-il, sauver l’Algérie des périls intégristes incarnés par le FIS et le GIA. Et lors des dernières présidentielles à se rendre aux urnes (y compris par le FFS de Youcef Aouchiche) pour, dit-il, parer aux risques extérieurs et faire face aux risques de divisions intérieures.
S’il y a toujours péril, c’est qu’il y a un couac ou une fausse-note, ou même plusieurs, quelque part. Pourtant, la solution est toute simple : il faudrait opter pour une nouvelle organisation politico-administrative, – concertée de préférence -, à même d’assurer une meilleure stabilité capable de résister à toutes les menaces, qu’elles soient intérieures ou extérieures ; et de sortir ainsi une fois pour toute de cette paranoïa politique préjudiciable économiquement, socialement, culturellement et même… psychologiquement.
Youcef Oubellil, écrivain.
Wikipédia : A toute fin utile.
« Le fédéralisme est un système d’organisation, d’administration et de gouvernement dans lequel l’État est organisé en fédération et partage avec les États fédérés les diverses compétences constitutionnelles : législatives, juridictionnelles et administratives (par exemple, à des degrés différents : Belgique2, Suisse, Allemagne, Australie, États-Unis, Canada, États fédérés de Micronésie, Émirats arabes unis, Brésil, Argentine, Nigeria, Inde, Mexique, union des Comores, fédération de Russie). »