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Qui a peur de la chaîne Al-Magharibia ?

DEBAT

Qui a peur de la chaîne Al-Magharibia ?

Il y a de cela quelques années, j’avais par principe défendu la chaîne Al-Magharibia parce que le sinistre Ahmed Ouyahia grand serviteur de ses Maîtres salissait l’image de cette chaîne qui à l’époque émettait de Londres.

L’homme politique le plus honni par les Algériens tentait de faire croire aux téléspectateurs algériens que cette télévision diffusait l’idéologie de l’islam radical. Dans ses propos, il visait le Front Islamique du salut parti dissous dont ses membres réfugiés à l’étranger tentaient tant bien que mal de mobiliser la population sur le népotisme et la corruption du régime algérien. Il va de soi que la dénonciation de la mafiocratie algérienne ne plaisait pas aux détenteurs du pouvoir en Algérie.

Ainsi allaient les choses médiatiques jusqu’à ce que cette chaîne en attirant de plus en plus de téléspectateurs devenait après le 22 février 2019 à croire les marcheurs algériens, la chaine du Hirak. Face au mutisme des chaines algériennes, Al-Magharibia s’est offert un large éventail de témoins oculaires qui sans hésitation transmettaient via les réseaux sociaux les images des marches de protestation des Algériens.

Alors que les chaines algériennes sont toujours soumises au diktat du régime, Al-Magharibia devenait de facto, la voix d’une grande partie de la population algérienne mécontente du système politique qui sévit depuis 1962 à ce jour. Les témoignages sur la répression retransmis en direct par des correspondants amateurs accablaient de plus en plus le régime algérien au point que les décideurs ne pouvaient dès lors que prendre les devants juridiques pour limiter sa diffusion via le satellite Eutelsat. Il va de soi que l’évocation du cadre juridique de la transmission satellitaire est une machine de guerre pour contrer les velléités de la contestation en Algérie.

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En effet, le recours au droit par les autorités algériennes est une mise en scène juridico-médiatique pour contrer la sympathie de plus en plus grande des Algériens envers une chaîne qui transmet le cours des événements en Algérie. A tel point que la popularité de la chaîne de l’opposition pousse les décideurs à déployer tout un arsenal pour bloquer sa réception dans les foyers algériens. Si nous connaissons bien la nature du régime, il est étonnant de constater qu’une société de droit privée d’une France démocratique puisse répondre favorablement aux injonctions d’une dictature sans que les démocrates de tout bord ne s’émeuvent d’une telle interdiction alors qu’ils passent leur temps à donner des leçons de la liberté d’expression.

En France, nous avons constaté le traitement médiatique infligé aux Gilets Jaunes. En l’occurrence, il n’y a rien de plus fourbe que les « démocratistes » abonnés d’une conscience sélective qui fait le tri entre les bons et les mauvais démocrates. L’ahurissant silence des médias occidentaux pourtant habitués des grandes sensations événementielles, ne dit pas plus sur la nature du « gouvernement mondial » quoique qu’on dise représente dans la forme, l’élite de l’aristocratie planétaire.

Pourtant aussi bien les Etats que les grands groupes mondiaux contrôlent par le biais de multinationales des télécommunications tous les flux des informations qui circulent à travers la terre. A lire l’historique des cessations de la diffusion des chaines publié par Wikipédia, on se rend vite compte du poids du gouvernement algérien dans la prise de décision d’Eutelsat envers la chaine Al-Magharibia. Il va de soi que les intérêts convergents des puissants de ce monde dictent l’orientation des compagnies internationales de la communication. Il se trouve et sans aucun doute que le gouvernement français a donné des instructions à la direction d’Eutelsat et ce qui explique d’une façon un peu plus claire l’immixtion des autorités françaises dans les affaires algériennes.

En effet comme l’idéologie de la démocratie limitée par les gros intérêts financiers ne suffisait pas à masquer la corruption de l’élite mondiale, les gouvernants adoptent des postures anti-démocratiques envers leur population. Si un moment donné, l’interdiction qui frappait quelques chaines du Moyen-Orient était justifiée par la lutte contre l’apologie de l’islam radical, il n’en reste que l’échec afghan ou irakien de la figure imposée de la démocratie importée par les Américains, n’est pas la seule possibilité de la démocratisation des sociétés musulmanes. Tout au contraire, l’échec de l’Etat islamique est un autre moyen pour travailler sur d’autres alternatives démocratiques. 

Il se peut que l’avortement de la « révolution islamique » conduise inéluctablement à une plus grande ouverture des courants islamistes au débat démocratique. En ce sens, les différentes expériences tant politiques que théoriques participent à un élargissement conceptuel de la démocratie parlementaire à toutes les tendances idéologiques. L’actuelle révolution algérienne offre un peu plus d’espace à l’expression politique.

Sans emphase, en tant que téléspectateur, je constate que, les différents intervenants sur la chaîne Al-Magharibia ne versent pas dans l’excès idéologique et font preuve de beaucoup de sagesse en tenant des propos mesurés tout en refusant l’anathème qui frappe qui que ce soit. A l’épreuve des faits, les débats auxquels participent les différents courants politiques algériens suffisent à eux seuls à donner l’envie de croire à un vrai projet politique national. Vu de France, ce projet ne peut que gêner la conscience des bons alois.

 

Auteur
Fatah Hamitouche

 




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