« El Moudjavid ». C’est ce sobriquet accolé par dérision au quotidien gouvernemental El Moudjahid durant les années 70-80 du siècle dernier.
Un succulent jeu de mots qui se gaussait de la crédibilité de ce journal qui avait la mauvaise réputation d’être un journal « des bonnes nouvelles ».
C’était le temps du parti unique où l’offre éditoriale ne se conjuguait pas au pluriel. Sur les présentoirs très dégarnis des kiosques à journaux et des buralistes, Echaab en langue arabe et El Moudjahid en français trônaient en bonne place.
En ce temps-là, beaucoup achetaient El Moudjahid pour ne lire que la dernière page réservée aux nouvelles sportives et zappaient les pages intérieures.
Derrière ces rappels anecdotiques, se cache une amère réalité. Celle d’un journalisme de connivence qui se faisait la voix de l’ordre établi.
On était dans le règne du « tout va bien comme dans le meilleur des mondes ». D’une presse qui, chaque jour, rendait compte d’une actualité édulcorée et presque « hors-sol » et qui tournait le dos au pays réel.
Bref, les médias étaient la voix du maître du moment, et se faisaient l’œil du maître pour faire régner l’ordre, la concussion et la censure.
Aujourd’hui, en 2023, rien n’a vraiment changé. Les journaux, les médias en général, se font les relais serviles et les bras armés d’une volonté d’enrégimentement de la société et de mise en coupes réglées du peuple qu’on veut crétiniser et soumettre par le mensonge.
Comme au bon vieux temps d' »El Moudjavid », les médias bien-pensants et asservis n’arrivent plus à cacher la vérité aux Algériens et à éteindre le feu qui couve.
S’ils sont toujours dominants, grâce à l’argent de l’ANEP, ils n’ont plus le monopole de l’information; leur influence s’érode chaque jour devant la poussée des réseaux sociaux et les rares médias restés encore libres.
Samia Naït Iqbal