Ils sont vraiment marrants nos politiques ! Abdelaziz Rahabi vient de nous pondre une formule à laquelle personne n’avait pensé auparavant : « dans ces conditions, les Algériens n’iront pas voter ! ».

Haha-ha, quelle bonne blague ! Mais dites-moi donc M. Rahabi, quand exactement, à quelles élections, en quel 1900 (formule de chez nous), pour quel président, dans quelles conditions, les Algériens ont-ils voté un jour ? 

– Oui, on a imposé des présidents, des députés, via toutes sortes de suffrages versatiles ! 

– Oui, on a vu des caméras filmer, dans certains bureaux de vote, des queues à l’empile ! 

– Oui, on nous annonçait des taux de participation qui grimpaient d’une heure à la suivante, alors que, sur le terrain, c’est l’inverse qu’on constatait ! 

– Oui, le soir des résultats, on nous balançait des chiffres à dormir debout ; d’un Boumediene, qui se disait insatisfait de ne pas avoir eu l’aval de 100% d’un peuple qui le vomissait en silence, à  Aek-el-Mali qui menaçait de nous laisser à notre médiocrité et de rentrer chez lui, en passant par Chadli et Zeroual (quoique pour Zeroual, il est probable que suite au sursaut populaire contre la bête immonde, les urnes ne fussent pas bourrées), les taux de participation officiels ont toujours été inversement proportionnels à la réalité.

– Tezwir ! (trucage) avait osé lancer un journaliste à la face de Zerhouni, le soir où il annonçait le 4ème mandat d’Aek-el-Mali, avec un taux et un ton écrasants d’humiliation ! 

– Prouvez-le ! avait retorqué, sans sourciller, le fat ex-ministre de l’Intérieur, avant de répondre à une question, en espagnol, pour épater la galerie.

Vous le savez bien M. Rahabi, nous le savons tous, le Hirak « kachouch machouch » (enfants et chatons, en langue du terroir), le sait aussi : qui a voté jusqu’ici en Algérie pour nous fourguer des Bouteflika comme présidents et des Tliba comme députés ?

– 400.000 soldats, ayant prêté serment de fidélité.

– 250.000 policiers, grassement rémunérés.

– 150.000 gendarmes, en permanence alertés pour dompter notre insoumise amazighité.

Si l’on rajoute à ces chiffres ne serait-ce qu’une épouse, en soutien fidèle à son petit mari et la petite khobza assurée, cela fait déjà, à la louche, 1.500.000 votants pour ces garde-corps du palais.

Rajoutés à ces nombres, environ 1.000.000 (soit 2.000.000, épouses comprises) d’indéfectibles civils acquis corps et âme, toutes sortes de privilèges oblige, à la « casa famiglia » des militaro-FLiN-tox.

Au total, ce sont donc ces 3.500.000 à 4.000.000 de fidèles au système qui ont toujours été au rendez-vous pour piloter, à leur bon vouloir, le destin des citoyens ! (Des détails, en veux-tu, en voilà (*) ! ).

En six mois, les discours de Gaïd Salah n’ont pas évolué d’un iota ! C’est à croire qu’on lui a greffé un glaçon dans le cerveau !

Le Hirak marche et revendique la liberté pour les hommes, chaque vendredi ! Et Gaïd Salah crâne et met en garde contre toute invasion du terrain que l’armée des frontières a conquis ! Ce n’est pas Alger bouclée, ce que les roumis n’ont jamais fait, qui contredirait tel état d’esprit de la part d’un général propulsé au sommet pour occuper et gérer un terrain et sa superficie, quitte pour cela à ignorer le peuple et son génie !

Il se susurre, selon des sources habituellement bien informées, pour reprendre une formule consacrée, que pour avoir son président, Gaïd Salah va innover. Il veut du concret dans les urnes ! Sachant que les Algériens n’iront pas voter, il fera appel à 20 millions de Chinois ! 

Pour ce faire, un décret est fin prêt. Bensalah l’a signé ! Il y sera question d’un droit de vote pour tout étranger se trouvant sur le territoire national, le jour J. 

Comment convaincre 20 millions d’asiatiques de venir en Algérie, diriez-vous ? C’est simple, Gaïd y a mûrement réfléchi, lui le général. Ils y seront invités lors de l’inauguration de la Grande Mosquée d’Alger, programmée au même moment. Après tout, n’est-ce pas un geste de pure noblesse que de remercier les Chinois d’avoir érigé un grand minaret face à la mer méditerranée, en les faisant participer au « grand bond en avant » de la démocratie, version l’octogénaire endurci ?

Gaid Salah se moque de nous ! Sinon pourquoi traiter les millions d’Algériens qui manifestent comme il le fait à chacune de ses sortie ? Un y a une évidence : seul compte pour lui la désignation d’un président qu’il veut aussi docile que tous les toutous qui l’ont précédé ! Et puis, à 80 ans, comment lui briser le rêve de tous les généraux majors du terroir : faire élire son président et écrire une page d’histoire, version dictature calquée sur celle des hilaliens qui l’ont précédé ? 

Au début de l’année seulement il faisait partie de ces fidèles qui se disaient prêts à mourir pour Bouteflika. Aujourd’hui, il s’acharne à nous faire croire que la 3issaba, ce n’est pas lui, c’est les autres ! Tous ceux qu’il a mis en prison depuis, ceux du drapeau amazigh compris. Par la grâce des armes, il s’est octroyé le titre de grand patron, oubliant que les armes peuvent très vite se retourner ! Khaled Nezzar vient de le démontrer.

Mais où s’arrêteront donc ces légèretés d’enfants gâtés d’un système dépassé qui s’acharne à se refaire une virginité, en s’adonnant aux mêmes folies que ceux qui les ont précédés, et auxquels ils ont juré fidélité, pendant des décennies ?

Quand le peuple dit « je ne voterai point pour ce système corrompu qui nous a tous trahi », Gaïd Salah rétorque contre toute évidence : « Tu voteras ». Comme toujours, Ali Benflis est aux aguets !

« The big question is », à supposer que Gaïd-Salah, à 80 balais, jette l’éponge (ce qui n’arrivera que si Djabril se mêle des affaires et lui en donne l’ordre venu de plus haut que son képi); celui qui le remplacera sera-t-il suffisamment bienveillant pour être à l’écoute et disposé à sortir le pays de cette auberge dans laquelle on l’a, de force, enfermé ?

Rien n’est moins sûr ! Majors ou minors, les généraux sont formatés pour donner des ordres et jamais faire attention ou écouter ce que pense le citoyen, qu’il soit professeur ou paysan ! 

Qui, comment leur faire entendre raison ? 

Pourtant des solutions et des recettes quasi évidentes pour tout démocrate convaincu, sont régulièrement livrées par les citoyens. La charte proposée par Saïd Sadi, Boualem Sansal et Aït Larbi est l’exemple d’agenda mûrement réfléchi.

Mais, la démocratie est-ce vraiment leur souci ? Peu sûr.

Wait and see !

K.M.

(*)https://www.lematindz.net/news/11474-presidentielles-algeriennes-50-ans-de-canulars-et-dintox.html