Il y a une semaine Stéphane Séjourné, le chef de la diplomatie française était à Rabat. Aujourd’hui, le Premier ministre français Gabriel Attal a reçu son homologue tunisien Ahmed Achani.
Après le rapprochement avec le Maroc, accueil du Premier ministre du très autoritaire tunisien, Kaïs Saïed. Gabriel Attal a souligné que la relation « singulière » entre la France et la Tunisie « dépasse tous les aléas ». Le chef du gouvernement tunisien a pour sa part salué un « nouvel élan », « un envol » de la relation bilatérale. Cette rencontre est « l’occasion unique (…) pour qu’on lève toutes les difficultés qu’il a pu y avoir dans le passé », a souligné M. Achani.
Les deux responsables se sont entretenus en tête-à-tête puis ont échangé en format élargi sur l’économie, l’éducation, la culture et les crises régionales, ont précisé les services du Premier ministre français.
« Nous sommes là pour montrer combien notre relation singulière dépasse tous les aléas. Elle dépasse même les hommes. Elle dépasse le temps court. Elle s’inscrit dans la durée », a déclaré devant la presse Gabriel Attal, désireux « d’approfondir (le) dialogue politique dans un esprit de partenariat d’égal à égal ».
Le chef du gouvernement français, qui a des origines tunisiennes par son père, a indiqué qu’il allait « remobiliser le dispositif français de garantie export qu’est Export France pour faciliter l’exportation de céréales françaises vers la Tunisie ».
Partenariat migratoire
Sur le plan européen, il a souhaité que le partenariat migratoire signé en juillet entre l’Union européenne et la Tunisie soit mis en œuvre dans un esprit « d’égal à égal ». La Tunisie est, avec la Libye, le principal point de départ pour des milliers de migrants qui traversent la Méditerranée centrale vers l’Europe, et arrivent en Italie.
Or ce « mémorandum d’entente » UE-Tunisie est critiqué par la gauche et les Verts, qui dénoncent l’autoritarisme du président tunisien Kais Saied et les abus dont sont victimes les migrants subsahariens dans ce pays. A droite et à l’extrême droite, des eurodéputés jugent en revanche sa mise en œuvre insuffisante.
« On s’est dit de concert qu’on forme une sorte de duo à même d’impulser les relations entre nos deux pays », a souligné pour sa part le Premier ministre tunisien.
« Il y a eu une sorte de petit refroidissement » et « c’est en hiver qu’on l’attrape » mais « j’ai comme l’impression que c’est le printemps », a noté Ahmed Achani, en dénonçant « certaines parties malfaisantes » qui veulent, selon lui, « enrayer la machine » franco-tunisienne qui « s’est remise en marche ».
Le chef de la diplomatie française, Stéphane Séjourné, qui participait à cette rencontre, s’est aussi rendu à Rabat lundi pour relancer la relation bilatérale avec le Maroc après une période de froid. A cette occasion, la France a tout l’air d’avoir fait fléchir sa position sur le Sahara occidental.
Après avoir été chassée du Sahel, la France se repositionne en Afrique du nord. Jusqu’à présent Alger semble avoir été comme oubliée par la diplomatie française. Cette agitation diplomatique ne manquera pas d’énerver le Tebboune et ses mentors qui doivent se sentir oubliés.
L.M./AFP