L’Algérie et le monde du football pleurent aujourd’hui la disparition de Rachid Mekhloufi, figure emblématique du sport et acteur majeur de la lutte pour l’indépendance, décédé le 8 novembre 2024 à l’âge de 88 ans.
Né à Sétif en 1936, ce joueur au talent inégalé a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire du football et des luttes politiques. Mekhloufi commence sa carrière en France en 1954 lorsqu’il rejoint l’AS Saint-Étienne, où il devient rapidement un joueur essentiel. Sa technique et sa vision de jeu remarquable lui permettent de remporter deux titres de Champion de France en 1957 et 1964, marquant ainsi les débuts d’une légende.
En 1957, il inscrit 25 buts en une saison, un record pour l’époque, et contribue à faire de Saint-Étienne une équipe de premier plan dans le championnat français. Alors en pleine ascension, Mekhloufi prend une décision historique en 1958, en pleine guerre d’indépendance algérienne : il quitte Saint-Étienne pour rejoindre secrètement l’équipe du FLN (Front de Libération Nationale), une équipe constituée de joueurs algériens militants.
Cette équipe parcourt le monde pour défendre la cause nationale à travers le football, unissant des foules entières et sensibilisant à la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. À la fin de la guerre, après l’indépendance en 1962, Mekhloufi retourne sur les terrains français, retrouvant Saint-Étienne, où il renforce son palmarès avec trois titres de Champion de France supplémentaires en 1964, 1967, et 1968, ainsi qu’une Coupe de France la même année.
Il marque l’histoire comme l’un des plus grands joueurs de l’AS Saint-Étienne, réalisant un doublé historique avec le club. En parallèle, il reprend son engagement avec l’Algérie et devient capitaine de la première équipe nationale algérienne indépendante, incarnant le renouveau sportif de son pays.
Son palmarès en tant que joueur, doublé de son engagement politique, en fait un symbole de fierté pour des générations de jeunes algériens. Mekhloufi poursuivra son engagement au-delà de sa carrière de joueur en devenant sélectionneur de l’équipe nationale algérienne. Il conduit notamment les Fennecs lors de la Coupe du monde de 1982 en Espagne, où l’Algérie réalise un exploit en battant l’Allemagne de l’Ouest.
Avec la disparition de Rachid Mekhloufi, l’Algérie perd une légende sportive et un héros national. Son héritage restera gravé dans la mémoire collective comme celui d’un homme ayant su allier talent sportif et engagement patriotique, montrant au monde la force du sport pour défendre une cause juste.
Toufik Hedna