Dimanche 27 mai 2018
Raffinerie d’Augusta : Sonatrach bavasse sans convaincre !
Tout porte à croire que PDG, cadres et réseaux de divers satellites du mastodonte cherchent à « halaliser » l’achat de la raffinerie italienne d’ExxonMobil, considéré comme moralement « haram » ne serait-ce que par les déboires causés à Sonatrach par les entreprises italiennes dans les affaires de corruption.
Maintenant elle se dirige droit vers le siège de la mafia en Sicile pour donner un chèque à blanc à ExxonMobil afin de gérer les syndicats mafieux en son nom. Plus grave, aucun argument économique crédible comme les éléments probants de l’équation de rentabilité : prix réel d’acquisition, cash flow espéré sur la durée de 12 ans d’exploitation, le taux de rentabilité interne arrêté par l’entreprise, la possibilité d’un marché local opportun pour les produits ainsi transformés, le moyen de transport pour acheminer le brut jusqu’en Italie etc. Tous, dans leur intervention passent du coq à l’âne.
Ainsi, on apprend parmi les motivations que le code des douanes est compliqué pour Sonatrach comme s’il s’agissait d’une entreprise privée. Hier cette motivation visait un gain sur les 2 milliards qu’on dépense chaque année pour l’importation des carburants pour la consommation locale. Maintenant on justifie 400 000 tonnes de baisse des exportations par leur envoi en Italie pour être rapatriés en carburant.
En prenant un taux conversion habituellement pratiqué dans les raffineries italiennes arrondi à 45% pour l’essence et 22% pour le gasoil on obtiendra à peine 180 000 tonnes d’essence et 88 000 tonnes de gasoil.
Or, la consommation mensuelle de gasoil est estimée en moyenne, fluctuation saisonnière exclue, à 1 million de tonnes et celle de l’essence 400 000 tonnes, si l’on se réfère aux chiffres avancés par l’Autorité de Régulation des hydrocarbures (ARH) dans bilan 2016 et la déclaration du ministre de l’Energie qui situe la croissance annuelle d’environ 7%. On est en droit de se demander en quoi cette aventure va soulager la consommation nationale en carburant ?
La complexité du code des douanes et la croissance de la consommation des carburants semblent un prétexte pour justifier d’ores et déjà cette arnaque.
En effet, ce n’est pas un problème de Sonatrach mais celui de l’Etat qui est en mesure de déroger la Sonatrach des procédures difficiles et réguler la consommation par ramener progressivement les prix du gasoil à celui de l’essence pour limiter le gaspillage. Il faut préciser que l’industrie est le plus gros consommateur de ce produit. Ces deux mesures réduiraient la consommation et on aura limité les importations au lieu de se jeter tête baissée dans la gueule du loup. Ensuite qu’est-ce que c’est que cette histoire du PDG qui déclare l’Algérie « scrutée » par tout le monde pour des raisons entre autres politiques, son site géographique très complexifié par la situation sécuritaire de ses voisins, chaque information donnée est étudiée, évaluée et a un impact direct sur l’Algérie. Maintenant Sonatrach fait de la politique à la place des instances politiques et militaires.
En quoi l’achat de cette raffinerie contribuerait « au processus pour redorer l’image de l’Algérie » ?
N’a-t-il pas déclaré lui-même qu’il s’agit d’un « business » alors limitons-nous aux chiffres car même ceux donnés par les différents cadres qui se sont défilés pour convaincre le bien fondé de cet acquisition ne sont pas encourageants. C’est tout à fait normal que les produits raffinés dans un pays européen reviennent plus chers que le brut même si son prix ne varie pas à cause de la marge du raffinage et les différentes taxes qui représentent plus de 60%. Il n’y a absolument rien d’étonnant à cela. Le propriétaire de la raffinerie lui-même déclare sa date de naissance en 1949 dans tous les médias italiens, mais les cadres de Sonatrach la rajeunissent de 33 ans.
Il faut souligner par ailleurs que lorsqu’il faut dépenser l’argent public, il n’y a ni confiance, ni capitaine d’industrie et encore moins un placement intelligent. Ce sont là des slogans vides qui ravivent de vieux et mauvais souvenirs aux Algériens : Affaire Khalifa, Tonic, Sim et bien d’autres.
L’audace managériale, c’est dans les investissements privés qui misent comme ils veulent. L’argent du public nécessite de la prudence et des calculs précis. Il se trouve justement que ni le coût de cet investissement, ni le cash flow généré ne peuvent garantir une rentabilité dans cet échéancier de 12 ans d’exploitation autant revenir à la raison et trouver une solution algéro-algérienne.