Plus de soixante Palestiniens tués par l’armée israélienne – ou par des colons juifs – depuis le début de l’année, en Cisjordanie occupée. Un bilan macabre, qui s’est donc aggravé hier, mercredi 22 février, à la suite d’un assaut meurtrier mené par les forces d’occupation sur Naplouse.
Des frappes aériennes israéliennes ont visé des cibles dans la bande de Gaza au lever du jour, jeudi 23 février, après des tirs de roquettes partis de ce territoire vers Israël et n’ayant pas fait de victimes, a constaté un journaliste de l’AFP.
Peu après 6h (4h TU), une fumée noire s’élevait au-dessus d’un des endroits visés au nord de la ville de Gaza. Dans un communiqué envoyé à la presse quelques minutes plus tard, l’armée israélienne a indiqué qu’elle était «en train de mener des frappes dans la bande de Gaza», rapporte l’agence française.
En pleine journée, et au cœur d’un quartier très fréquenté de la ville, l’armée israélienne a déclenché, le 22 février, une opération militaire d’envergure. Officiellement, dans le cadre de la « lutte antiterroriste ». Il y a eu onze morts et plus de cent blessés par balles à Naplouse.
Imaginez, raconte notre correspondant au Moyen-Orient, Sami Boukhelifa, vous êtes en plein marché, vous faites vos courses tranquillement, lorsque des dizaines de blindés israéliens font irruption. Leur mission : neutraliser deux combattants palestiniens. Ils les localisent, les encerclent, et tout le monde dans la ville devient potentiellement un suspect.
Tirs à vue
Les soldats tirent à vue. Depuis les airs, les drones traquent le moindre mouvement au sol. Dans les rues, c’est la panique générale. Les gens courent dans tous les sens. Ils tentent désespérément de trouver refuge quelque part. En une fraction de seconde, c’est la guerre.
Des personnes sont tuées, blessées. Les ambulances filent à tout allure. Les sauveteurs tentent d’intervenir. Les balles sifflent. Les hôpitaux sont dépassés. Des vies sont bouleversées.
«Israël est prêt à nous exterminer tous »
Les Palestiniens partagent sur les réseaux sociaux l’histoire d’Elias Al Ashqar. Infirmier à Naplouse, il est appelé d’urgence pour une réanimation. Un homme âgé est blessé par balle. Son cœur ne bat plus. Elias lui fait un massage cardiaque. Il est trop tard. Le médecin déclare le décès. Elias regarde le visage du défunt : « C’est mon père », dit-il. Le silence. Un long silence dans le bloc opératoire. L’effroi.
« Encore une fois, il y aura des condamnations internationales, mais rien ne changera pour nous », confient des habitants de la ville. Pour « capturer deux gars, Israël est prêt à nous exterminer tous », dit un témoin.
Avec RFI