26 juin 2024
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Rangez vos albums photos, le Hirak continue !

TRIBUNE

Rangez vos albums photos, le Hirak continue !

 »Qui est avec qui ? » ou  »Qui s’affiche avec qui ? » ou encore, le fameux  »Qui tue qui ? » Beaucoup de qui pour ceux qui ne se sont jamais posé la vraie question : Le peuple, c’est qui ? Qui est ce peuple qui, par une journée du 22 février, a pris de court, islamistes et démocrates de basse cour, en ressuscitant dans les quatre coins du pays une révolution qu’on croyait définitivement morte.

Une révolution qui ne s’inspire ni d’une fatwa ni d’un quelconque inintelligible tract de dix pages, où l’on fustige les islamistes tout en prenant soin d’épargner les putschistes.

Ce n’est, vraiment, rien comprendre à ce qui se passe aujourd’hui dans le pays. Ne rien saisir de la décennie noire durant laquelle, islamistes et putschistes, se sont attelés pour cartographier le peuple dans une sorte de frontière entre les bons à vivre et les mauvais à décimer. 

Aujourd’hui, il leur a fallu une photo pour nous replonger dans cette dialectique infâme qui consiste à nous faire croire, qu’entre les dictateurs putschistes et les islamistes totalitaires, il n’y a point de similitude à faire. C’est eux ou les islamistes! Comme si qu’il ne subsiste point d’alternatives salutaires entre la peste et le choléra qui enfièvrent le pays, depuis qu’on est pris entre le coup de la matraque et le fouet de la charia. Le seul portrait que l’on veut bien nous brosser de la situation du pays, avec le trio des Hirakistes en présence d’un djihadiste, est celui empreint du statu quo, invitant le doute parmi nous, inspirant la peur entre nous, conspirant pour que nos regards fuient encore le leur.  Quelle sombre dialectique inintelligible, qui consiste à renvoyer les luttes du peuple pour son indépendance à ce mortifère choix du moins pire !   

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C’est illusoire de vouloir contenir la colère du peuple, ses luttes et ses inspirations dans une photo, où chacun des protagonistes, dans la posture de l’élève qui écoute docilement son maitre, n’est que la caricature de lui-même, un portrait caduc des années où l’on pensait naïvement que la république était en danger et qu’il fallait la sauver de l’hydre islamiste. Ce n’est ni une photo de plus ni une photo de moins, c’est une diversion pour nous faire croire que le sinistre album photo de la décennie noire n’est jamais loin de ces cauchemars ourdis dans les bas-fonds des cabinets noirs.

C’est nous faire croire qu’après le printemps noir, octobre 88 et la répression notoire, l’islamisme politique, la décennie noire, la répression mozabite, et le pillage de l’or noir, ce ne sont que des ratés d’une longue série de photos prises par de piètres initiés qui n’ont jamais mis l’œil dans le viseur. Non, il n’y a point d’illusion d’optique ou de nuance politique à faire après ce que les putschistes et les djihadistes nous ont fait voir. Les uns avec les autres, ils agissent avec synergie, pour empêcher que la lumière s’imprime sur notre mémoire. On aurait saisi la nuance, si toute fois on n’avait pas eu Bouteflika pendant deux décennies notoires, et aujourd’hui Tebboune pour, encore, quelques années de peine et de misère. 

À la question, le peuple c’est qui? il faudrait changer notre paradigme de penser, enseigner l’histoire avant d’inculquer une façon de penser unilatérale, idéologiquement bien pesante, moralement bien-pensante, se substituer au peuple comme l’on toujours fait les putschistes et les islamistes. Il nous faut reconquérir les luttes sociales, il nous faut rebondir dans les luttes culturelles et civilisatrices si l’on ne veut pas infliger à nous même d’autres formes de totalitarisme, il nous faut refonder nos luttes de telle façon à faire barrage à tout ce qui rend possible l’islamisme.

Le peuple, dans cette dynamique de mobilisation historique contre le régime, transcende les hommes, transfigure les modèles politiques, défait les icônes, fait tomber les médailles, démantèle les contes et les légendes, il déborde et ne veut point de photographe pour l’immortaliser, encore moins de photos pour la postérité. Le peuple, dans cette ultime épreuve de lutte pour la reconquête de sa liberté, a compris, après plus d’un demi-siècle de dictature, que les putschistes ne croient pas plus à la démocratie que les islamistes. 

 

Auteur
Mohand Ouabdelkader 

 




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