Vendredi 10 mai 2019
RATP: la liberté des femmes n’est pas négociable
Lettre ouverte à Mme Catherine Guillouard, PDG de la RATP, Mme Elisabeth Borne, Ministre chargée des Transports, Mme Marlène Schiappa, Secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations. Mme Anne Hidalgo, Maire de Paris et Mme Valérie Pécresse, présidente du Conseil Régional d’Île-de-France.
Les dangers de l’islamisme
Depuis plusieurs années, sous la pression d’un courant islamiste qui monte en puissance, un processus d’érosion de nos valeurs universalistes, laïques et républicaines est en cours.
L’islamisme est une excroissance politique totalitaire de l’islam visant à imposer partout un ordre du monde clos, ostentatoire, prosélyte et intolérant dont les valeurs et les habitus, en usage dans les théocraties islamiques, sont aux antipodes de ceux adoptés par les pays occidentaux. Il vise à s’imposer aux citoyens musulmans via un ensemble très contraignant de prescriptions et d’interdictions intégristes qui enferment de façon exhaustive leur identité et l’ensemble de leur vie, les mettant fréquemment en opposition avec les valeurs et coutumes des pays de tradition séculière ou laïque dans lesquels ils vivent.
L’islamisme s’impose via une idéologie dont la puissance d’influence et de formatage repose sur une légitimation religieuse autoproclamée, originaire de dictatures théocratiques, transmise au moyen de mosquées, prêches, livres, congrès, rencontres, sites internet, écoles coraniques, instances de lutte contre l’islamophobie, etc. sous l’aile protectrice de nombre de mouvements, syndicats et partis politiques nationaux, soit que par ignorance des réalités de l’islamisme ils le confondent avec l’islam, soit qu’ils voient dans ces replis communautaires une potentielle ressource clientéliste ou électorale non négligeable.
La montée des conflits
L’entrechoc est violent sur des sujets aussi capitaux que l’égalité des hommes et des femmes, la mixité, l’homosexualité, la liberté de conscience (qui implique le droit de ne pas avoir de religion et le droit d’en changer), la laïcité (qui implique la reconnaissance, dans les espaces partagés, d’une citoyenneté définie par le commun, c’est à dire le plus possible délestée des appartenances, intérêts et attributs communautaires ou religieux).
Les conflits se multiplient au fur et à mesure de l’accroissement des signes ostentatoires, accroissement qui rend visible l’infiltration et la montée en puissance de l’islamisme dont le voile prétendument islamique est le signe et l’index privilégié. L’islamisme utilise cet uniforme de nature sexiste et prosélyte dans le but de contrôler le corps et la sexualité des femmes et de saturer l’espace visuel public par des signes ostensibles, qui donnent aux citoyens laïques (musulmans comme non musulmans) largement majoritaires dans notre pays, le sentiment de perdre tout repère familier, voire de ne plus être chez eux.
Les islamistes utilisent de surcroît l’instance judiciaire et la notion fourre-tout d’islamophobie dans le but de faire taire les récalcitrants qui oseraient vouloir que leur pays demeure une terre laïque et républicaine, ouverte à toutes les cultures mais non multiculturelle, admettant tous les cultes à condition qu’ils s’exercent dans la spiritualité et les espaces-temps réservés à cet effet, et qu’ils respectent le socle de valeurs communes à tous, en accord avec la Loi de la république.
Les femmes sont pleinement des êtres humains et des citoyennes libres
Il faut le souligner : la signification du voile prétendument islamique va bien au delà de la motivation des femmes qui le portent. Il signifie qu’une femme est une proie qui doit cacher sa féminité pour se préserver des pulsions masculines prédatrices. Il implique, comme l’a clamé sans détour Hani Ramadan, qu’une femme voilée est respectable alors qu’une femme non voilée «passe de main en main comme une pièce de deux euros». Une femme libre qui ne cache pas ses cheveux, son cou, ses bras, ses jambes, parfois l’entièreté de ses formes, voire même son visage, doit donc être admonestée, remise dans le droit chemin, traitée comme une proie ou comme une moins que rien.
C’est ce qui est arrivé à une jeune femme française postée à un arrêt de bus le 30 avril. Ce soir-là, elle a eu l’outrecuidance de porter une jupe au dessus des genoux, et le chauffeur du bus de la RATP a refusé de lui ouvrir les portes du véhicule en lui disant qu’elle n’avait qu’à bien se vêtir. Comme s’il était chez lui dans son bus et pouvait imposer sa loi à une passagère de la RATP.
Ce comportement, relevant d’un abus de pouvoir qui a maintes fois été dénoncé dans différents lieux (rues, cafés…) et se trouve toujours dénié avec obstination au nom de l’antiracisme, puise directement dans l’idéologie islamiste qui limite la mixité en séparant les hommes et les femmes par des barrières étanches et établit la domination des hommes sur les femmes. Il est inadmissible qu’il puisse être mis en œuvre dans la France actuelle. Il est également inadmissible qu’un délégué CGT de la RATP, contre tout principe éthique et déontologique, ait ouvertement et publiquement, sans l’ombre d’une contradiction ni d’un doute, pris parti pour le chauffeur dont la version tente de discréditer la plaignante et son père.
Contrairement aux islamistes très procéduriers, qui utilisent nos lois démocratiques pour nous imposer leur vision totalitaire du monde, la jeune femme ne veut pas instrumentaliser la Justice et les tribunaux (déjà saturés) en cherchant à obtenir une sanction judiciaire dans une affaire d’ordre éminemment moral et politique.
Nous nous joignons à elle pour demander instamment à la RATP, E.P.I.C. en grande partie financé par de l’argent public et responsable du recrutement et de la formation de ses agents, de lui présenter des excuses publiques, de prendre les sanctions qui s’imposent et de veiller désormais à ce que ne se renouvelle pas ce type de comportement inadmissible et insupportable.
Premiers signataires
Nadia Agsous, écrivaine
Hélène Aït-Latapie
Joël Albert
Joëlle Allouche
Moussa Amrouchi
Hamid Arab, directeur de rédaction
Amira Atallaoui designer
Samuel Atlani
Isabelle Aurérin
Daoud Azam Daimoussi
Keltoum Azzoug, secrétaire juridique
Mounira Baccar, fonctionnaire UNESCO
Yamina Baïr, journaliste
Eléonore Batty
Messaoud Belmokhtar
Nacir Bencheikh
Mohamed Benmehdi, garagiste
Naïma Bentchicou, pharmacienne
Latifa Bermes, plasticienne
Danièle Bertrand
Nathalie Bianco
Mehdi Bioud
Marine Blake
Pascal Bouchet Spiegel, professeur
Rachid Boudia, régisseur
Lucie Bourassa, Professeur titulaire université de Montréal
Virgil Brill
Marie-Laure Brossier
Laëtitia Buisson-Rivière éducatrice
Sophie Burin
Sarah Cattan
Blandine Cavier
Christine Cerrada
Stéphane Chapel
Catherine Chassagne
Nicole Chassin
Elisabeth Chaudanson
Sylvie Chaussée-Hostein
Cyril Chevrot
Annie Cohen Malka
Denis Collin philosophe
Brigitte de Coninck militante laïque et féministe
Denis Cordat
Paul-Henri Courtois
Yasmina Dadi, couturière
Jenny Dehertog
Sandrine Delgallo
Fatiha Delli, commerciale
Manette Devaux, retraitée
Dinah Douïeb, musicienne
Stéphanie Leïla Dupont
Habiba Drid
Cathy Leïla Driss, professeur de piano
Jacques Druet, retraité
Stéphane Duroyaume
Patrick Feldstein
Céline Florentino
Aristotellis Follet
Danièle Fouchier anthropologue CNRS
Catherine Gaillard militante laïque
Eric Gespach
Nora Ghayou, infirmière
Marie Odile Gillard
Veronique Giudicelli
Jacqueline Goffin, psychanalyste, citoyenne féministe Bruxelles
Patrice Gohier
Jean Gomez, consultant formateur indépendant
Omar Gousmi
Samir Graïne, informaticien
Mohamed Guerroumi…
Si vous souhaitez signer la pétition : http://chng.it/bB96Gb9TfL