Conte horrible. Il était une fois, dans un sombre village adossé à un oued , un homme du nom de Reb Dzaier se terrait.
Reb Dzaier était devenu un esprit solitaire, attiré par les mystères et les histoires macabres. Fasciné par ses exploits passés, il rêvait de vivre une aventure aussi terrifiante que celles qu’il avait fait subir à ses victimes innocentes.
Aux moments sombres des années noires, il tua pour de l’argent ceux qui osaient critiquer le pouvoir. Il élimina hommes, femmes, enfants sans sommation. Dès la tombée de la nuit, le couvre-feu figeait les villes et les douars.
Tels des gangsters, Reb Dzaier et ses acolytes écumaient les rues et les chemins. Il rendait visite aux démocrates, aux penseurs, aux femmes qui ne voulaient plus le diktat des mâles. Il exécutait sans remords. Il exécutait les ordres tél un démon sorti des ténèbres. Laissant orphelins et veuves. Semant partout où il passait terreur et épouvante. Il travaillait de mèche et avec les barbus et avec le puissant cabinet noir qui dirigeait le pays.
« La Peste » de Camus, l’étouffante mise en quarantaine (II)
Un soir d’automne, alors que la brume enveloppait le village, Reb Dzaier décida de se rendre dans une vieille maison abandonnée, réputée hantée. Les villageois superstitieux racontaient des histoires effrayantes à son sujet : des cris lugubres qui résonnaient dans les murs, des ombres sinistres qui dansaient dans les couloirs sombres, et des esprits tourmentés qui hanteraient les lieux.
Armé de son courage et d’une lanterne vacillante, Reb Dzaier franchit les portes grinçantes de la maison. Dès qu’il pénétra à l’intérieur, une atmosphère oppressante l’enveloppa. Les murs craquaient, les planchers grondaient sous son poids, et les ombres semblaient s’animer à chaque coin de du logis.
Alors qu’il explorait les pièces sombres, Reb Dzaier entendit un bruit étrange venant du grenier. Intrigué, il s’y aventura, grimpant l’escalier grinçant avec précaution. Une fois en haut, il découvrit une pièce abandonnée, remplie de vieilles malles poussiéreuses et de vieux meubles décrépits.
Soudain, une étrange mélodie emplit la pièce. Reb Dzaier se retourna et vit un banjo, jouant de lui-même une mélodie mélancolique. Les fils oscillaient, produisant une musique lugubre qui résonnait dans tout le grenier.
Pris de panique, Reb Dzaier tenta de fuir, mais les portes se refermaient d’elles-mêmes, le piégeant à l’intérieur. La mélodie du banjo s’intensifiait, devenant de plus en plus discordante, jusqu’à ce que les notes se transforment en cris stridents. Un diwan de chants venus des fonds des âges faisaient son entrée. Des chants des différentes régions du pays se mêlaient, s’entrechoquaient.
Soudain, les spectres des victimes de Reb Dzaier apparurent, flottant dans les airs, leurs visages déformés par la souffrance. Ils tournoyaient autour de Reb Dzaier, le saisissant de leurs mains invisibles, le condamnant à errer dans ce grenier maudit pour l’éternité.
Le lendemain matin, les villageois découvrirent la maison abandonnée en cendres, sans trace de Reb Dzaier. Certains racontèrent avoir entendu une mélodie effrayante dans la nuit, tandis que d’autres jurèrent avoir vu des spectres errants près des ruines fumantes.
Depuis ce jour, la maison abandonnée est devenue un lieu maudit, évité par tous les villageois. Et l’histoire de Reb Dzaier perdu dans les méandres de l’épouvante, fut contée de génération en génération, rappelant à tous ceux qui l’entendaient les dangers de chercher à semer l’horreur.
La malédiction des innocents vous happera.
Said Oukaci, doctorant en sémiotique